Timisoara - Stade Français : un match annulé, une polémique lancée, et nous au milieu

Samedi 14 janvier 2017, 14h, l'annonce glace le stade : la rencontre entre les Timisoara Saracens et le Stade Français est annulée. Pour notre équipe sur place, passée la déception, la décision n'est que pure logique : outre la température extérieure, le match ne pouvait pas être joué, et la décision de l'arbitre est parfaitement justifiée (outre le fait que l'arbitre a toujours raison). Cependant, cette décision ne fit pas l'unanimité, loin de là, dans la presse roumaine. On voit par exemple le site internet tmsport.ro s'insurger du départ précipité des Parisiens après les pourparlers avec les officiels. Au point de supposer que les joueurs ne voulaient pas jouer ce match dès le début ?

Premier point suspect : le Twitter du Stade Français annonçait l'annulation de la partie un quart d'heure avant la décision. Était-ce un moyen de pression sur l'équipe arbitrale ? Toujours est-il que l'échauffement des Parisiens fut sacrément tronqué : cinq joueurs seulement étaient sur la pelouse à une demi-heure du coup d'envoi ! Quand bien même le terrain eût été praticable, le risque de blessure était bien trop grand pour des joueurs non-échauffés sur un terrain dur. C'est un autre argument en faveur du report, mais celui-ci est à charge contre le Stade Français, et ne justifie pas l'amende infligée à Timisoara (30 000€, ndlr).

Second point suspect : l'organisation du trajet. Planet Rugby rapporte que le club, au lieu d'atterrir à l'aéroport international de Timisoara, a préféré priviliégier un atterrissage à Budapest pour ensuite relier la ville, 300 km plus loin, en car. L'arrivée tardive vendredi empêcha les Parisiens d'effectuer le captain's run. Plus surprenant, il est dit également que les joueurs auraient refusé l'invitation traditionnelle à la troisième mi-temps. Bizarre, bizarre...

Le Stade Français a réagi à la polémique, via Simon Raiwalui (entraîneur ajoint). Celui-ci démonte les accusations de Timisoara en trois points (non, pas en thèse-antithèse-synthèse) :

• 1. S'il est nécessaire d'utiliser des perceuses pour planter les drapeaux sur le terrain, c'est que le terrain est gelé.
• 2. Le générateur censé réchauffer le terrain doit être employé 72 heures à l'avance, il n'a été installé que 24 heures avant le match.
• 3. L'arbitre de la rencontre, Mike Adamson, prit sa décision après avoir consulté les capitaines des deux équipes. Les décisions furent les suivantes : pour Timisoara, « play », pour le Stade Français, « ce n'est pas prudent ».

Passée la déception, les réactions que nous avons recueillies auprès de supporters anglais abondent en ce sens. Hayden, supporter des Saracens venu à Timisoara pour honorer le partenariat entre les deux clubs, nous a fait la très sérieuse déclaration suivante : « L'arbitre a pris une décision, nous soutenons cette décision. Celui-ci vint même nous voir au restaurant par la suite pour s'excuser, mais tout fut fait pour l'intérêt premier des joueurs. » Son ami abonde dans ce sens : « En tant que fan de rugby, je soutiens cette décision, même si elle me déçoit ». Nous ne le dirons jamais assez : l'arbitre a raison, cent fois raison.

Crédit photo : Jérôme Cid

Côté Français, des supporters croisés plus tard nous racontaient avoir pu pénétrer dans les vestiaires (oui, c'est un peu open-bar à Timisoara, on a même réussi à passer pour des journalistes). José et Emmanuel, c'est leur nom, nous ont assuré que les joueurs des deux équipes étaient réticents à l'idée de jouer ce match. On peut difficilement leur donner tort.

Le bilan global de cette affaire, finalement, c'est que personne ne voulait jouer, et pas grand-monde ne voulait voir ce match. Son annulation n'est pas une injustice, d'aucuns diront que l'amende pour le club de Timisoara, elle, en est une. Les deux clubs peuvent faire appel de la décision. Pour rappel, lors du tirage au sort de la compétition, les Roumains avaient proposé de ne pas jouer à domicile en janvier, justement pour éviter un éventuel report. L'EPCR a décidé de donner la victoire (et cinq points !) au Stade Français, qui se relance pour la qualification !

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