TOP 14. 27 ans, 53 matchs de Top 14 mais toujours chômeur : le drôle d’été de Julien Ory
Julien Ory recherche toujours un club.
En fin de contrat avec le Stade Français, le 3ème ligne Julien Ory n’a toujours pas retrouvé de club. L’ancien toulonnais est donc rentré dans le Var et assure se préparer comme un dingue.
Malgré la canicule qui alourdit l’air varois et les 40 degrés du mercure chaque jour en ce moment, il s’entraîne comme un dératé dans les installations du RCT. Mais à l’écart du groupe professionnel, dont il ne fait évidemment plus partie depuis 2 ans, et son départ au Stade Français.
Lui ? C’est Julien Ory, 3ème ligne de bientôt 28 ans (il les fêtera dans 2 semaines) qui, bien que dans la force de l’âge, se retrouve sans club, et donc recensé au chômage sur la liste Provale. "C’est une situation très compliquée pour moi, de ne pas savoir de quoi demain sera fait. Plus les jours passent, plus j’ai l’impression que mon rêve de poursuivre ma carrière professionnelle s’éloigne. Mais j’essaie de garder le cap.
Requinqué par son retour dans son sud chéri pour l’été, vivifié par son entourage du côté du Brusc (83), le flanker aux bras épais comme des vérins et aux 53 matchs de Top 14 fait plus que s’entretenir en attendant un éventuel appel. "Je suis au top de ma forme : je fais des broncos toutes les semaines, j’ai des fourmis dans les jambes et je touche un peu de ballon, nous explique-t-il. J’ai la chance de m’entraîner dans des installations professionnelles grâce au RCT et à Pierre Mignoni, au directeur sportif Laurent Emmanuelli et au président Bernard Lemaitre, qui me permettent d’y accéder, donc ça m’aide pour rester en forme."

J’ai faim de ballon, je n’ai pas encore 28 ans et je veux encore croquer à pleines dents dans ce rugby professionnel et ce Top 14 qui me font rêver. 

 
Revenu à son poids de forme (1m79 pour 100kg) le minot de la Rade ronge son frein en bossant chaque jour, pour être prêt si jamais. Bien conscient que son cas n’est pas une exception, tant le nombre de joueurs au chômage grimpe d’année en année. "Pour moi, la différence avec les saisons passées est liée au fait qu’il y a beaucoup plus d’offres que de demandes. Il y a énormément de joueurs sur le marché, plus que les saisons précédentes. La période est compliquée", expliquait Xavier Batiste, agent sportif et co-gérant de la société Projexa à L’Equipe. Les raisons, elles, sont multiples, comme la diminution du nombre de contrats professionnels des effectifs, le contexte économique ou l’invasion du marché français par les Britanniques, souvent à prix cassés.

Une réputation houleuse


Mais dans le cas Ory et à la différence d'autres joueurs sans club, il semblerait que sa situation en réfère également à la réputation. Celle d'un joueur ingérable, irascible et impétueux. Rarement pourtant, sont évoquées les qualités du garçon sur le pré, trop souvent cantonné à l'image du petit pistonné de Bernard Laporte.
"Cette histoire de voiture avec Bernard, qu'on connaît tous, m'a causé énormément de tord dans ma carrière. Car pour le grand public, j'ai joué en Top 14 grâce à lui. Mais ceux qui m'ont fait monté avec les pros en 2018, alors que j'étais encore en tutorat avec La Seyne, ce sont Fabien Galthié et Fabrice Landreau. Personne d'autre. Eux prenaient la peine de venir voir jouer les Espoirs et me voyaient coller des timbres autant que possible. Ça collait avec le caractère du RCT et ça leur a plu."

Contrairement à ce qu’il a pu se dire, à Toulon comme au Stade Français, j’étais très apprécié dans les vestiaires.


A ce titre, il est vrai que ce n'est pas Bernard Laporte qui enchaînait 23 feuilles de matchs lors de la saison 2020/2021, ni 10 consécutivement la suivante, jusqu'à prolonger son contrat de 3 ans à Toulon. "Si Bernard Laporte était celui qui faisait ma carrière, je jouerai aujourd’hui à Montpellier avec un contrat en béton armé. Or ça n’est pas le cas car je suis sans club et au contraire, je ne suis pas du genre à me faire pistonner, contrairement à ce que l’on raconte : là où Bernard Laporte ira, j’irai à l’opposé."
TOP 14. VIDÉO. Transcendé par ses coéquipiers, Julien Ory impressionne en tapant une barre à 200kgTOP 14. VIDÉO. Transcendé par ses coéquipiers, Julien Ory impressionne en tapant une barre à 200kgCe n'était pas non plus l'ancien président de la Fédération qui s'empoignait avec Lopeti Timani lors d'une soirée arrosée en début d'année 2022. Ça, Julien Ory le sait, et en a assumé les conséquences, même si la sentence fut dure à encaisser. Bilan ? Un licenciement pour les deux joueurs, et le rêve éveillé du garçon formé à l'US Seynoise qui s'envolait.


Un besoin de "confiance et de valeurs"



À côté de cela, après 2 ans au Stade Français lors desquels il enchaîna bout de matchs explosifs, blessures puis temps de jeu famélique sous l'ère Ghezal, "Ju" assure avoir muri, vouloir retrouver de la confiance d’un coach et prouver au monde qu'il n'est pas celui qu'on dit. "Je souffre réellement de l’image qui m’a été donnée. De nombreuses portes de clubs m’ont été fermées sur des « on dit », de la part de personnes qui ne me connaissent pas. Oui je suis franc du collier, mais je suis droit et à Toulon comme au Stade Français, j’étais très apprécié dans les vestiaires. Et je veux prouver que je ne suis pas celui que l’on décrit au club qui m’en donnera l’opportunité. J’ai faim de ballon, je n’ai pas encore 28 ans et je veux encore croquer à pleines dents dans ce rugby professionnel et ce Top 14 qui me font rêver."
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Et s'il rend bien 10 cm à son concurrent moyen au poste de 3ème ligne, Julien Ory dispose aussi d'une grinta comme on n'en fait peu, aujourd'hui. Joueur rugueux, explosif (il fut d'ailleurs utilisé à l'aile durant ses années Espoirs puis dépanna au centre en cours de match à Paris) et saignant en défense, l'ancien soldat rose possède un profil singulier, pour sûr. Mais l'on jurerait aussi qu'il pourrait, à son jeune âge, encore servir de leader de combat à nombre de clubs en manque parfois de caractère, lors de matchs au creux de la vague de ces interminables saisons de Top 14, ou de ProD2.

"J’ai retrouvé mon sud, je suis heureux proche des miens et évidemment que j’aimerai y rester. Retrouver le RCT me ferait forcément rêver mais si mon avenir doit se construire ailleurs pour un bon projet, je serai prêt à faire des concessions. C’est le prix à payer pour poursuivre mon rêve."
Sinon quoi, certaines rumeurs errantes entre Mayol et Marquet disaient que le garçon pourrait finir par porter de nouveau les couleurs bleu et rouge de La Seyne, tout juste relégué en Fédérale 1. Alors ? "C'est dans mes projets, mais le plus tard possible. Je vais seulement avoir 28 ans et on verra dans quelques mois, en fonction de si je dois faire une croix sur ma carrière professionnelle ou non." Qui vivra verra, comme on dit...
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  • Jak3192
    81329 points
  • il y a 3 mois

Chomeur du rugby pro qui augmente chaque année précise l'article.
Combien sont-ils cette année ?

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