Top 14 - Des doubles-croches aux courses tranchantes, zoom sur Yoan Tanga Mangene, fer de lance du SU Agen
Yoan Tanga Mangene se fait un nom avec Agen. Crédit photo : Julien Villemur.
À 22 ans, l'ancien joueur de Castres s’est fait un nom parmi les troisièmes-lignes centres du championnat. Et à un poste où la concurrence est faible en équipe de France, il représente la relève. Portrait.

Dans la course au maintien du SU Agen, Yoan Tanga Mangene est de tous les bons coups. Il a lancé sa saison par une interception et une accélération jusque dans l’en-but du Michelin et s’est acclimaté avec réussite à son repositionnement au centre de la troisième-ligne. Et ce, après avoir conquis les supporters d’Armandie l’année passée, en tant que flanker : ‘’j’apprécie de jouer partout en troisième-ligne mais je préfère huit. Peu de jeunes jouent à ce poste en Top 14, ce sont généralement de grands noms qui y évoluent et j’aime avoir des responsabilités’’ explique-t-il. 

Originaire de région parisienne, le troisième-ligne est l’autre crack de Bondy, où il a grandi. Lancé dans le ballon ovale à l’UNSS, il fait ses gammes à Tremblay. ‘’J’ai eu du mal à accrocher au départ puis je me suis adapté’’. Il connaît les sélections et se fait une réputation de profil dur et combattant. Romain Fardoux (troisième-ligne formé à Bobigny, désormais à Rennes en Fédérale 1), qui l’a côtoyé en équipe de Seine-Saint-Denis, se souvient d’un joueur ‘’ne lâchant rien. Tu peux prendre cinquante points et il va continuer à courir. Un vrai leader qui a du coffre, un bosseur et ça paie maintenant’’. Après sa formation tremblaysienne, Tanga Mangene pose ses bagages dans le Tarn. ‘’La première chose que j’ai vu en tapant détection, c’était Castres. Alors je suis parti passer les tests, ça s’est bien passé et j’ai signé là-bas en Crabos’’. Il atteint ensuite le groupe Espoirs et s’entraîne avec le groupe professionnel. ‘’On va jusqu’en finale avec les Espoirs mais je n’étais pas vraiment dans les projets de l’équipe fanion, donc je suis parti à Agen’’. 

Polyvalence

Chez les pensionnaires d’Armandie, il s’impose rapidement sur un côté de la troisième-ligne. Sous les ordres de Mauricio Reggiardo et aux côtés d’Antoine Erbani, Vincent Farré, Antoine Miquel ou encore Facundo Bosch (quand il est repositionné), son activité dans le jeu et sa capacité à répéter les tâches détonnent, et en font un atout important du pack bleu et blanc. Comme un symbole, c’est devant le Castres Olympique, qui ne l’avait pas conservé six mois plus tôt, qu’il plante en janvier 2018, son premier essai en Top 14 au terme d’une action qui l’aura vu plaquer, se replacer, contrer Rory Kockott et plonger en coin. Sa fin de saison est couronnée par le maintien de son club et une convocation avec les Barbarians, en juin dernier, avec lesquels il défie les Crusaders puis les Highlanders avec Damian Penaud, Pierre Fouyssac, Judicael Cancoriet et Julien Marchand entre autres. ‘’Je ne m’y attendais pas du tout et ça été une très bonne expérience. C’était un grand honneur de pouvoir évoluer avec ce maillot symbolique. La densité des contacts ne m’a pas surpris, contrairement à la vitesse d’exécution, ça allait assez vite’’. 

À l’heure de la reprise du Top 14, Reggiardo fait le choix de l’installer au coeur de la troisième-ligne. ‘’J’avais eu l’occasion de jouer à ce poste face au Stade français. J’avais fait un KO mais j’avais été plutôt bon trente minutes (rires). Il m’a installé là sans trop m’en parler. Maintenant, je suis polyvalent en troisième-ligne et à Agen plutôt huit’’. Malgré le replacement, il s’est une nouvelle fois imposé dans le quinze de départ, à coups de solides performances, participant aux succès de sa formation sur Toulon (12 plaquages, 15 courses avec le ballon), Perpignan (25 mètres parcourus ballon en main) et… Castres (15 plaquages) notamment. Sa performance majuscule, lors de la dix-neuvième journée contre La Rochelle et face à Victor Vito, n’est pas passée inaperçu et cette victoire pourrait compter double à l’heure du sprint final pour le maintien. ‘’On est plutôt contents de ce qu’on réalise pour l’instant. Il faut assurer à Armandie pour bien terminer. On a un groupe qui vit très bien, une bande de potes solidaires, forcément c’est plus simple de se défoncer ensuite pour le groupe’’. 

‘’Un gagnant’’

Ce joueur croyant (‘’pour moi, la religion est très importante, j’ai grandi dedans, je l’applique chaque jour. Ça me sert aussi dans le rugby notamment dans les moments de doute’’) et pianiste amateur de gospel (‘’après l’entraînement, je peux jouer deux ou trois heures’’) considère avoir une marge de progression encore importante : ’’je dois travailler pour progresser dans tous les secteurs, notamment dans les rucks, être plus efficace, propre’’ souligne-t-il, lucide.

Annoncé avec insistance du côté du Stade français, il n’a pas souhaité s’épancher sur le sujet et préfère parler de son attachement au SUA. ‘’Quand je suis arrivé, personne ne me connaissait, ça a changé. C’est ici que j’ai pu jouer mes premiers matchs en professionnel, que j’ai commencé ma carrière et j’en suis évidemment reconnaissant’’. Son coéquipier Clément Laporte, champion du Monde avec les Bleuets, le voit comme un élément ‘’avec du ballon capable de jouer les duels et après-contact. C’est un aussi très bon plaqueur, solide dans les airs’’. Avant d’ajouter, ‘’il comprend vite, peut lire les offensives adverses. En fait, il est très complet, c’est rassurant de l’avoir à tes côtés, tu sais qu’il ne va pas lâcher, c’est un gagnant’’. À 22 ans, Yoan Tanga Mangene s’impose comme le facteur X du SUA et surtout comme l’un des très grands espoirs tricolore au poste de troisième-ligne. L’ascension ne fait que commencer. 

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Oui mais Jackie & Bernie n'ont pas dit oui !... Et puis ils ont déjà Lauret et Babillot...

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