Top 14 - Et neuf mois plus tard, l'USAP décroche enfin sa première victoire...

Il y a des soirs où la joie et l'ivresse provoquées par un succès se retrouvent décuplées. Orpheline de la moindre victoire en match officiel depuis le 6 mai 2018, l'USAP a brisé la malédiction ce samedi en faisant déjouer l'armada montpelliéraine sur ses terres qui, bien qu'amputée de quelques cadres retenus avec le XV de France, alignait une équipe ultra-compétitive constellée de stars. Mais voilà, à force d'abnégation et alors que personne ne les attendait plus, les Catalans ont fait montre d'un incroyable orgueil pour venir réaliser l'exploit chez leurs voisins héraultais, s'offrant peut-être ainsi le droit d'y croire jusqu'au bout.

Le match : le MHR à la peine face à la grinta catalane

Ressourcés par un break salutaire de trois semaines marqué entre autres par une escapade collective du côté de Laroque-des-Albères, les Sang et Or ont attaqué la rencontre pied au plancher, comme libérés du fardeau de la pression et de l'épée de Damoclès qui gangrenaient jusqu'alors chacune de leurs sorties. Autour de leur capitaine Mathieu Acebes tout fraîchement intronisé, et replacé au centre à l'occasion de son retour de blessure, les hommes de Patrick Arlettaz se sont recentrés sur les bases qui font l'essence de ce sport, chères à l'histoire du club usapiste mais semble-t-il quelque fois galvaudées cette saison au travers d'un jeu au large latéral et inefficient. Rapidement devant au score grâce à la botte d'un Enzo Selponi divin, les Catalans portaient la marque à 0-13 peu avant le quart d'heure de jeu avec un essai de l'ailier Jean-Bernard Pujol, coiffant tous ses adversaires à la course à la suite d'un coup de pied rasant à suivre. Quelques minutes plus tard, ces derniers manquaient même d'aggraver le score par l'intermédiaire de leur autre ailier, Lotima Fainga'anuku, dont le raid solitaire a échoué à une poignée de mètres de l'en-but montpelliérain. Juste avant la sirène, le sursaut d'orgueil des joueurs de Vern Cotter s'est concrétisé par un essai de pénalité intervenant suite à une longue période de siège du camp perpignanais et une mêlée à cinq mètres conquérante sous les poteaux.

En deuxième période, les coéquipiers de Benoît Paillaugue, pourtant revenus à six longueurs de leurs homologues à la pause (10-16) et alors en supériorité numérique, ont éprouvé énormement de difficultés à breaker le premier rideau défensif adverse en privilégiant un jeu plus direct. Et pendant que Selponi, leur bourreau du soir, sanctionnait à nouveau leur indiscipline (10-19), les Héraultais se sont montrés incapables de mettre à profit leur domination territoriale ni de marquer le moindre point au tableau d'affichage. Pire, peu après la 60ème minute, ils se sont même faits renverser sur leur propre introduction à deux pas de la ligne usapiste. Un véritable tournant du match, qui a ensuite laissé place à une démonstration de puissance des avants catalans dans le dernier quart d'heure, parachevée par la précision chirurgicale de leur ouvreur face aux perches.

Les tops : un Selponi "masterclass", et une défense catalane retrouvée

Au milieu d'une production collective de haut vol, il convient cependant de mettre en lumière la copie d'un seul homme : Enzo Selponi. Auteur de 23 points et passeur décisif sur la réalisation de son compère Jean-Bernard Pujol, il a fourni une prestation cinq étoiles et a très largement contribué à la victoire des siens. Toujours aussi à l'aise dans le jeu courant, celui qui — ironie du sort — a été formé à Montpellier a ajouté à sa palette un jeu au pied de déplacement précieux et incisif. À la baguette, le numéro 9 David Mélé a lui endossé le costume de gestionnaire, optimisant à la perfection les temps forts et faibles de son équipe. Enfin, pour son premier match en tant que capitaine, Mathieu Acebes a imprimé son tempo sur le plan défensif et a laissé transpirer et infuser toute sa hargne. Peut-être une solution à l'avenir concernant le brassard ou, a minima, à court terme.

La contre-attaque éclair conclue par Pujol pour la première victoire de l'USAP [VIDÉO]Agressive à souhait à l'image des quelques tampons qu'elle a distillés, et toujours à la limite du hors-jeu, la défense de l'USAP, trop souvent à la peine cette année, s'est cette fois révelée être la clé de voûte du succès catalan. Un chiffre permet d'illustrer et de corroborer cette performance : avec 164 plaquages réussis et seulement 10 plaquages manqués, les Perpignanais tournent à un taux de réussite en défense de plus de 94%, à des années-lumière de leurs standards habituels. En réduisant la voilure et en s'appuyant sur un rideau défensif de fer ainsi qu'une conquête plus que correcte, l'USAP a complètement contrecarré les plans d'un MHR méconnaissable et sans solution.

Une bouffée d'oxygène salvatrice

Cette victoire, inespérée à l'aube de ce derby du Languedoc-Roussillon, vient là offrir un énorme bol d'air frais à l'ensemble du staff et des joueurs catalans. Bien que leurs chances de maintien demeurent infimes, ce coup de boost moral leur donne le droit de rêver, a fortiori avec les réceptions consécutives à venir d'Agen et de Toulon, deux de leurs concurrents directs.

Les supporters aussi, eux, retrouvent un peu le sourire, venus en nombre au GGL Stadium et toujours massivement présents derrière leur équipe malgré cette série noire de quinze défaites en autant de rencontres. Nul doute qu'Aimé-Giral s'apprête à enfiler ses habits de brasier pour les matchs couperets qui se dessinent très prochainement.