La France a des incroyables talents. Ne poussons pas trop dans la caricature, mais accentuons sur cette hyperbole, afin de prouver que le vivier français regorge de joueurs prometteurs en tout genre. La pléthore de jeunes éléments explosant en Top 14 ou en équipe de France en est d'ailleurs la parfaite illustration. Et quand il n'y en a plus, il y en a encore. Preuve en est, le jeune deuxième ligne de Toulon, Matthias Halagahu, 19 ans seulement, qui pointe peu à peu le bout de son nez. Grand espoir du rugby français, le natif de Fréjus est promis à un avenir radieux. Pensionnaire du centre de formation du RCT et arrivé sur la Rade en 2017, ce colosse réalise ses premières gammes du côté de Draguignan avant de rejoindre quelques années plus tard, le CARF à Fréjus Saint-Raphaël. C'est là que les formateurs du club toulonnais s'intéresse à lui. Pour Rugbyrama alors, Halagahu raconte : ''Je m'éclatais à Saint-Raphaël, mais un jour je suis contacté par Eric Dasalmartini, qui entraînait à l'époque les Gaudermen de Toulon. Il me propose de faire une saison en tutorat (une double licence) et finalement je m'engage définitivement au RCT lors de la deuxième année, en Cadet Alamercery.'' Les prémices d'une belle aventure.
Voici donc comment le périple toulonnais de Matthias Halagahu débute, lui invité à l'intersaison 2019 à s'entraîner avec les pros. Notre protagoniste gravit les échelons, est sélectionné, à l'instar de la plupart des jeunes joueurs ayant éclos au haut-niveau, dans les différentes catégories de jeunes du XV de France. En novembre dernier, il fait partie du pôle France 2020-2021, qui regroupe 21 jeunes joueurs jugés à fort potentiel. Le but ? Les faire progresser à travers leurs clubs et la Fédération. Mais le Graal, ou du moins sa première apparition chez les pros, c'est le 23 octobre dernier qu'Halagahu va la connaître.
Lors de la réception de Castres, il rentre un petit quart d'heure pour contribuer à la victoire des siens. Une première qui en appellera d'autres. Et dès cette saison. Le 26 février dernier, Toulon amputé d'une pléiade de ses titulaires reçoit Bayonne. Certains sont avec les Bleus, d'autres sont blessés. Qu'importe, Patrice Collazo n'hésite pas à lancer son jeune deuxième ligne dans le grand bain, titulaire d'entrée pour la réception des Basques. Là, il va faire bonne impression, jouer 48 minutes, remplacé par Thomas Jolmès mais va assister à la défaite surprise des siens. Au milieu du marasme, il va faire admirer ses qualités offensives, mais semble surtout s'affirmer comme un gros défenseur. À la fin de la rencontre, et malgré une première titularisation en Top 14, le jeune joueur ne cachait pas sa déception, signe d'une grande ambition dans des propos relayés par La Provence : ''Pour une première titularisation à Mayol, ça aurait été bien de gagner. Je trouve qu'on fait une bonne première période. On était bien en place mais on ne marque pas sur nos temps forts. Après, ils y croient et finissent par l'emporter sur la fin.'' Sans oublier néanmoins le privilège de pouvoir porter le maillot de l'équipe première toulonnaise, comme il l'expliquait tout en humilité toujours pour Rugbyrama : ''C'est une fierté immense de mettre le maillot de l'équipe première, car il faut bien comprendre que ce n'est pas parce qu'on signe un contrat au centre de formation du RCT que les choses nous sont dues. Ce n'est pas marqué sur le contrat ''tu joueras en une à Toulon''. C'est à nous d'aller le chercher, et quand on te donne ta chance, ça récompense finalement les efforts faits depuis des années. C'est une étape et j'aimerais ne pas m'arrêter là.'' La prochaine ? Peut-être décrocher un contrat professionnel avec Toulon. En tout cas, nul doute qu'en continuant sur cette lancée, le jeune joyau devrait continuer à faire les beaux jours sur les bords de la Rade.
Son heure viendra quelques jours plus tard. Du moins, l'heure de la victoire. En fait, seulement une semaine après la débâcle bayonnaise. Patrice Collazo lui renouvèle sa confiance. Et excusez du peu, à l'occasion d'une réception capitale du Racing 92 à Mayol. Et ne croyez pas que le jeune homme s'est laissé impressionner par l'enjeu du match, en témoignent ses statistiques hallucinantes. Dans son style de joueur rugueux, mais également fort balle en main, il s'est notamment illustré en réalisant la bagatelle de 14 plaquages en 72 minutes, ce qui a fait de lui le meilleur plaqueur de la rencontre. Rien que ça ! Véritable poison dans le jeu au sol, il a largement contribué au succès des siens sur les Franciliens (25-21). L'entraîneur toulonnais Patrice Collazo, a peut-être trouvé là bien plus qu'un simple remplaçant. Il n'oubliait d'ailleurs pas de rendre un hommage à son joueur à la fin de la rencontre en conférence de presse : ''Je peux retenir la performance de Matthias Halagahu parce qu'il a 19 ans. Ce soir, tout le monde a eu le même curseur. Matthias s'entraîne avec nous depuis longtemps déjà. Par la force des choses et les absences, il a joué. Quand je me pose la question entre un joueur confirmé et un jeune, je bascule toujours pour le jeune. Je ne sais pas pourquoi. Depuis que j'entraîne c'est comme ça. J'estime que le jeune peut apporter un enthousiasme, une certaine insouciance et de la fraîcheur. On en a eu besoin ce soir, que ce soit lui ou Frederic Du Plessis. Ils apportent une plus-value dans ces moments-là.'' Avant de plaisanter sur une hypothétique sélection de son joyau sous le maillot Bleu : ''Le plus emmerdant, c'est s'ils me prennent Swan Rebbadj et Matthias Halagahu (rires) [...] Peut-être qu'ils vont prendre Matthias pour faire sparring-partner''. Sparring-partner avant pourquoi pas d'être promu sous le maillot Bleu. Tout cela révèle de l'utopie et est prématuré, puisque Matthias Halagahu est pour l'instant à Toulon, et compte bien s'imposer, marche après marche, pour le plus grand bonheur de son club.
Umagavaniekerkwilko
Encore un pasionné, il est bien encadré le minot pour progresser de la meilleure des façons.
Un gamin qui aime briller.