''Je suis ravie d'intégrer l'effectif du MHR et de pouvoir travailler au côté de joueurs de classe mondial. Mes objectifs c'est de me donner la chance de jouer mais pour cela il faut bosser dur, apprendre, écouter et surtout rester ensemble.'' C'est donc par ces rapides mots que le jeune Martin Doan (22 ans, 1m76, 70kg) s'est présenté lors de son arrivée à l'intersaison à Montpellier, début juillet sur le site officiel du club. Un demi de mêlée qui évoluait jusqu'à présent du côté du Tarn et d'Albi son club formateur, où il y a passé 16 saisons. Ce week-end, il a inscrit le premier essai de sa naissante carrière en Top 14. Portrait de ce jeune numéro 9, qu'il faudra attentivement suivre dans les prochaines semaines.
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Ne vous fiez pas à son gabarit chétif, dans un rugby professionnel composé de plus en plus de mastodontes. Martin Doan est un joueur vif, et qui peut s'appuyer sur un jeu au pied efficace et précis. Son histoire d'amour avec le rugby, commence au milieu des années 2000. Il débute à Albi et va débuter son idylle avec le club tarnais. Car le numéro 9 est un pur produit du SCA, faisant ses classes l'école de rugby jusqu'à l'équipe première. Ses premières apparitions avec le groupe professionnel, ce sera lors de la saison 2017/2018, à tout juste 19 ans. Seulement deux petits matchs à son actif, mais déjà de belles promesses. Surtout, ce dernier fait alors preuve d'une étonnante maturité, n'hésitant pas à hausser la voix pour cornaquer son pack, composé pourtant de joueurs d'expérience. En juin 2019, dans une interview pour le mag-sport, il s'expliquait justement plein de lucidité, sur son rôle au sein de la formation albigeoise : ''C'est impressionnant car ce sont des personnes qui ont un gros palmarès, qui ont de longues années de rugby derrière eux. Après, comme je vous disais, c'est en faisant de bonnes prestations sur le terrain, à l'entraînement, que ces personnes-là donnent le respect aux jeunes. C'est faire de bonnes prestations pour leur montrer qu'on en est capables et, une fois qu'on en est capables, tout le monde est à l'écoute et c'est assez bien et assez important''. Peu à peu, il enchaînera au fil des années les apparitions et titularisations et connaîtra notamment, cette défaite cruelle à Rouen lors de la demi-finale de Fédérale 1. Nous sommes alors en 2019. Un revers qui empêchera les Albigeois de remonter en Pro D2, aux termes d'une rencontre pour le moins houleuse. À l'époque, toujours pour le mag-sport, il précisait : ''C'était une affaire qui a été difficile à gérer suite à ce match et ce problème d'arbitrage [...] C'était une grosse désillusion parce que pour nous, la montée, elle était vraiment à bout de bras.''
Exil à Montpellier
Malgré ça, Doan continue à faire confiance à Albi. ''Je vis en jaune et noir'', disait-il. Et comment douter de son inconditionnel amour pour son club formateur ? En août 2019, alors que l'équipe féminine du club se cherche un entraîneur et craint de devoir vivre une saison en autogestion, Martin Doan se dévoue pour prendre les commandes de l'équipe, en parallèle de son BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport) l'obligeant à entraîner une équipe. Un geste apprécié. À côté de ça, le jeune homme va prendre de plus en plus d'épaisseur au sein du SCA. 13 feuilles de matchs lors de la saison 2019/2020 en Fédérale 1, pour 4 essais, 15 apparitions la saison dernière en Nationale. De quoi éveiller la curiosité des formations plus huppées. Et donc de Montpellier, qui le recrute lors de cette intersaison. ''Un joueur vif possédant un excellent sens tactique et un redoutable pied gauche,'' comme l'indiquait Anthony Floch au moment de la signature du joueur chez les Cistes. Il intègre dans un premier temps le centre de formation mais va rapidement être propulsé sur le devant de la scène.
En ce début de saison, Montpellier connaît une pénurie de demi de mêlée. Cobus Reinach avec l'Afrique du Sud, Benoit Paillaugue gravement blessé lors de la première journée à Toulon, il ne reste que Gela Aprasidze et donc Martin Doan pour assurer. Le Géorgien lui est préféré, mais l'ex-albigeois vivra son baptême du feu lors de la victoire face à Brive, où il disputera un peu plus d'une vingtaine de minutes. Lors de la réception de Toulouse, Aprasidze se blesse en début de rencontre, obligeant le staff montpelliérain à faire rentrer Doan après seulement un quart d'heure de jeu. Et le jeune joueur se distinguera, inscrivant notamment son premier essai en Top 14, à la suite d'un joli mouvement des hommes de Phillipe Saint-André. Insuffisant cependant pour s'imposer (15-17). Mais qu'importe, Martin Doan a pris rendez-vous avec l'avenir. Surtout, il risque désormais avoir sa chance, au vu du nombre d'absents au poste. Il pourra alors se distinguer, et pourquoi pas bousculer la hiérarchie établie. C'est en tout cas, tout le mal qu'on lui souhaite.