De son mètre 90 pour près de 110 kilos, Giovanni Habel-Kuffner passe difficilement inaperçu. Tout comme son histoire atypique, pour un joueur au prénom italien qui n'en a pourtant pas d'origine, né en Nouvelle-Zélande d'un père samoan et d'une mère allemande. Original me direz-vous. Tout commence aux prémices de l'année 1995, le 9 janvier plus précisément, date de naissance de l'actuel troisième ligne de la Section Paloise. C'est donc au pays du long nuage blanc, que notre protagoniste va connaître pour la première fois les joies d'un sport qui sonne comme une religion sur la terre du rugby par excellence. Et pourtant, au premier abord, sa mère se montrera réticente à l'idée de voir son fils se prendre de passion pour la balle ovale. Il confiait ainsi il y a presque un an jour pour jour sur le site de la Section : ''J'ai grandi en Nouvelle-Zélande donc c'est plutôt simple de découvrir le rugby là-bas, c'est le sport national ! Les enfants commencent le rugby à l'âge de 5 ans à l'école mais moi, j'ai débuté à 6 ans car ma mère m'a dit à l'époque : ''Non tu es à moitié allemand, tu vas jouer au foot !'' Du coup, je n'ai rien fait cette année-là, l'année suivante je lui ai de nouveau demandé en insistant et cette fois j'ai pu débuter le rugby. Avec un an de retard sur les autres !''. Grand bien lui en a pris. Il est alors formé à bonne école, dans ce qui se fait de mieux sur la planète ovale. Avant de prendre son envol, tout jeune, direction la France, au pied des Pyrénées dans le Béarn. Nous sommes alors en 2015, et Giovanni Habel-Kuffner est seulement âgé de 20 ans. Il signe à Pau, le premier grand défi de sa carrière, de sa vie de jeune homme.
À Pau, de l'ombre à la lumière
Le colosse troisième ligne débarque donc à Pau dans l'anonymat le plus total, ou presque. De lui on sait que c'est un joueur physique, dans la plus pure tradition des joueurs îliens, qui a tapé dans l'oeil des sélectionneurs de son pays puisqu'il compte 9 apparitions avec les moins de vingt ans samoan. À part ça pas grand-chose. Celui qui s'est également essayé à la natation dans sa jeunesse, doit alors seulement rester une saison en France. Il fait ses débuts avec les Espoirs, loin de penser à un avenir professionnel dans l'Hexagone : ''Je suis arrivé à la Section à 20 ans, juste pour une saison au début pour découvrir le rugby français. Je ne pensais pas du tout rester aussi longtemps ! Au début, j'étais avec les Espoirs et l'intégration avec les jeunes joueurs a été très facile. Aujourd'hui, me retrouver sur le terrain avec la moitié de ces mecs ça me fait vraiment plaisir de voir notre progression commune. C'est vraiment une bande de potes pour la vie'', poursuivait-il alors, toujours sur le site de son club. Son premier match avec les professionnels interviendra en amical face à Bayonne. Son premier officiel ? Le jour de ses 21 ans contre les Sale Sharks en Challenge Cup. Oui car à Pau, Giovanni Habel-Kuffner va dans un premier temps disputer des bribes de matchs, jouant seulement 6 rencontres de Top 14 entre 2015 et 2017, souvent utilisé en revanche lors du Challenge européen. C'est en 2017, deux ans après avoir posé ses bagages en France que le joueur signera son premier contrat professionnel. En 2018, il commencera à s'inviter davantage sur les feuilles de matchs en Top 14, pour un bilan cependant plutôt maigre encore une fois. À côté de ça, une affaire extra-sportive viendra ternir son début de saison. En décembre 2018, à l'approche de Noël, une rixe avec des voisins d'un ami puis avec des policiers éclate. En février 2019, il est jugé et écope de deux mois de prison avec sursis et de 1000 euros d'amende. Malgré cet épisode, la Section continue de lui accorder sa confiance. Avec raison.
Lors de la saison 2019-2020, le Top 14 va découvrir le profil d'un joueur puissant mais surtout également doté de capacités de vitesse assez incroyables. Il dispute 9 rencontres de Top 14, 6 de Challenge Cup mais voit sa progression freinée par l'arrêt de la saison. Qu'importe, cela n'est que partie remise. Car Giovanni Habel-Kuffner va remettre le couvert l'année d'après, et de quelle manière ! Il va s'imposer comme un cadre de l'effectif béarnais, disputer 23 matchs dont 21 dans la peau d'un titulaire, inscrire 4 essais et va grandement contribuer au maintien de Pau dans l'élite. À l'époque, pour La République des Pyrénées, il évoquait sa satisfaction de s'être enfin imposé au sein du club béarnais : ''Cela fait du bien, ça renforce ma confiance. Je vois que les entraîneurs comptent sur moi. Enchaîner, c'est la meilleure chose que peut souhaiter un joueur de rugby.'' Capable d'évoluer aussi bien sur l'aile de la troisième ligne qu'en tant que numéro huit, ses charges dévastatrices, ses nombreux franchissements, font de lui l'une des figures de proue de Pau. Si l'on devait lui reprocher quelque chose ? Son indiscipline, et ses 6 cartons jaunes reçus la saison passée, pour un joueur rugueux mais souvent à la limite, voire au-delà.
Direction Paris ?
Habel-Kuffner est donc de nouveau parti pour un tour dans les travées du Stade du Hameau. Mais son avenir dans la cité béarnaise s'inscrirait en pointillé. En effet, ses performances auraient tapé dans l'oeil du Stade Français, qui compte plus que jamais attirer le joueur pour la saison prochaine. Selon La République des Pyrénées, le troisième ligne qui arrive en fin de contrat en fin d'exercice se serait d'ores et déjà mis d'accord avec le club de la capitale, sûrement en quête d'un nouveau défi, à bientôt 27 ans. Une bonne pioche pour Gonzalo Quesada et son staff, surtout qu'en arrivant en 2015 et intégrant dans la foulée le centre de formation de Pau, Giovanni Habel-Kuffner a l'avantage d'être JIFF. Un atout supplémentaire qui fait de lui un joueur indispensable dans un groupe. En revanche, il ne compte toujours pas de sélections avec les Samoa au sein d'un poste où la concurrence est rude. Si jamais il finit par être boudé par le pays de son père, pourquoi ne pas envisager d'intégrer la sélection allemande ? On suppose alors que sa mère lui pardonnera le fait d'avoir délaissé le foot pour le rugby. Ce serait la continuité d'une bien belle histoire.
TRANSFERT. Top 14. Antoine Hastoy confirme son départ après 11 ans à la Section Paloise
Timmaman
Dis donc Pau se fait dépouiller. Pesenti cet été, Hastoy et Habel l'été prochain...
lelinzhou
Pau se fait dépouiller, joli !
" Enlever la peau de : enlever la peau de (un animal).
https://dictionnaire.lerobert.com/definition/depouiller
Timmaman
Même pas fait exprès cette fois-ci 😀