Top 14. Stade Français. On a retrouvé Martin Rodriguez Gurruchaga, l'ancien joyau de Paris
Martin Rodriguez Gurruchaga continue de jouer en Argentine.
Après un passage du côté de Paris, Martin Rodriguez Gurruchaga est retourné en Argentine en 2013. L'occasion de faire le point sur sa nouvelle vie, sa période dans la capitale et avec les Pumas.

Il est de ces joueurs racés, à l'élégance rare sur un terrain de rugby. Martin Rodriguez Gurruchaga 36 ans, aura marqué les supporters du Stade Français lors de son passage au sein de la Ville lumière aux prémices des années 2010 (2010-2013). En fait, le club de la capitale aura toujours compté dans ses rangs un fort contingent de joueurs argentins parmi lesquels les Roncero, Pichot, ''El Mago'' Hernandez ou Corleto restent les plus connus. Gurruchaga, pas forcément le nom le plus marquant d'entre eux, aura pourtant étalé sa classe aux quatre coins des terrains de Top 14. Joueur sous-côté au talent indéniable, il aura eu le malheur d'évoluer lors des années ''sombres'' du club. Reparti dans l'anonymat le plus total, trois ans après avoir débarqué à Paris là aussi dans l'ombre d'un autre Argentin, Gonzalo Tiesi, nous sommes allés à la rencontre de l'arrière, à la vingtaine de sélections avec les Pumas. 

Qui sont les Argentins passés par le Stade Français avant Pablo Matera ?Qui sont les Argentins passés par le Stade Français avant Pablo Matera ?

Martin, avant toute chose que deviens-tu ? Tu joues toujours au rugby ?

Eh bien, fin 2013, je suis retourné à Rosario chez moi, après avoir passé quatre ans en France à jouer pour le Stade Français. J'ai repris le rugby dans mon club, l'Atlético del Rosario, jusqu'en 2019, date à laquelle j'ai annoncé ma retraite. Lors de l'année 2020, en pleine pandémie et enfermé ici dans ma ville, j'ai commencé à vouloir rejouer. J'ai alors commencé à m'entraîner à l'intérieur de ma maison, mais je n'ai jamais repris le rugby en 2020. Donc cette année-là, à la mi-juin 2021, j'ai discuté avec le capitaine de l'équipe première, lui demandant de parler avec les joueurs les plus expérimentés pour voir s'ils voulaient que je rejoue, afin de les accompagner et les aider. J'ai donc repris le rugby en juillet 2021. Mon équipe évoluait en 2ᵉ catégorie du Tournoi Bs.as et grâce à Dieu, nous avons pu atteindre l'objectif qui était l'ascension en 1ère division de l'Urba Top 12.

Donc tu travailles à côté du rugby ?

Ici en Argentine, le rugby est totalement amateur, donc nous ne recevons pas d'argent pour jouer. En fait ici, les clubs sont familiaux. Chacun paie sa licence pour pouvoir entrer dans le club, pour profiter des commodités que chaque club propose et pour jouer au rugby. Évidemment je travaille. Je suis actuellement dans le secteur immobilier, quelque chose que j'ai toujours aimé et qu'heureusement j'ai pu réaliser. 

Comment s'est faite ta venue au Stade Français ?

Mi-2010, je suis arrivé au Stade Français venant de mon club de toujours, l'Atlético del Rosario et une autre sélection qui s'appelait les Pampas XV. Honnêtement, je ne sais pas très bien comment Max (Guazzini, NDLR) a découvert mon existence. Mais, lors d'une tournée avec la deuxième équipe d'Argentine que nous avions aux États-Unis à la mi-2009, Pedro Ledesma m'a assuré qu'Agustín Pichot avait dit quelque chose à Max à mon sujet. En 2010, alors en vacances à Pinamar, j'ai rencontré Agustín où je lui ai dit que Montpellier, par l'intermédiaire de Federico Todeschini, qui est de mon club de l'Atlético del Rosario et qui a joué là-bas, m'avait appelé pour aller y jouer. Il m'a répondu que je devais m'attendre à ce que le Stade Français m'envoie une offre. Donc, grâce à Agustín, j'ai décidé avec ma famille que la meilleure chose était d'aller jouer au Stade Français. 

Dès ton premier match à Toulouse, tu as impressionné. Comment s'est passée ton intégration à Paris ?

Toulouse était en effet mon premier match en tant que titulaire avec l'équipe. C'était une rencontre de rêve pour moi, mais pas si bonne pour l'équipe, puisque nous avons perdu. Mais sur le plan personnel, que pouvais-je demander de mieux ? Pouvoir jouer comme titulaire avec l'équipe, sur la pelouse toulousaine, et marquer beaucoup de points, c'était génial pour moi. Pour revenir à mon intégration, ça a été difficile au début, surtout à cause de la langue et parce que tout était très nouveau pour moi : le professionnalisme, les entraînements tous les jours, énormément de langues différentes dans le vestiaire. Heureusement, il y avait pas mal d'Argentins, et cela a tout simplifié au niveau de l'intégration à la fois du groupe et de la ville de Paris.

Tu t'es rapidement imposé à l'arrière. Cette finale perdue contre les Harlequins lors de ta première saison reste encore une déception ? 

C'était une très bonne première saison sur le plan personnel, car je grandissais énormément aussi bien personnellement qu'au niveau rugbystique. En apprenant énormément de tout le monde autour de moi, j'ai pu beaucoup jouer et faire de bons matchs. Même si l'année de l'équipe en Top 14 n'a pas été la meilleure, nous avons pu atteindre la finale de Challenge Cup. Je ne sais pas si c'est encore une déception aujourd'hui, mais j'ai l'impression qu'on a raté un match que l'on avait en main. Nous avons parfaitement bien joué pendant 75 minutes, et nous avions planifié le match parfait. Mais des choses se passent au plus haut niveau et nous n'avons pu garder le résultat. Les Harlequins nous ont battu avec cet essai transformé à quelques minutes de la fin. C'est dommage, car nous avions fait un très bon tournoi et je pense que nous méritions de le gagner. 

Cette saison-là on se souvient de tes drops magistraux contre Leeds puis les Harlequins. C'est un domaine dans lequel tu as toujours travaillé ?

Actuellement, mon jeu au fil du temps et avec l'âge a beaucoup changé. Je ne peux plus forcément buter à cause de mes opérations au genou et autres. Mon jeu est plus défensif. Mais à cette époque oui, mon rugby était très offensif, avec un très bon jeu au pied. J'ai toujours travaillé dur mon jeu au pied et je me souviens de ces deux drops. Nous l'avions emporté à Leeds mais pas contre les Harlequins. Mais oui, comme je l'ai dit, j'ai toujours travaillé mon jeu au pied, surtout à l'époque où j'évoluais avec les Pumas à 7, qui pratiquaient le drop à 100%. 

Ta deuxième saison à Paris a sûrement été la meilleure. Tu formais une paire de centre complémentaire avec Paul Williams...

Effectivement, la deuxième année était mieux. J'ai senti que j'avais beaucoup grandi psychologiquement, ayant passé la 1ère saison qui était dure au niveau de l'adaptation ou autre. La deuxième année, je me sentais déjà plus libéré, plus à l'aise à Paris avec l'équipe et mes potes. Puis j'ai toujours aimé le poste de centre. Jouer aux côtés de Paul (Williams NDLR) a toujours été un soulagement. C'était un grand joueur et un grand défenseur. Nous avons pu réaliser de grands matchs ensemble. 

Comment juges-tu tes trois saisons au Stade Français ? 

Je pense que j'ai passé de bons moments pendant mes saisons au club. J'ai l'impression d'avoir fait de mon mieux même si je ne me sentais pas à l'aise avec certains entraîneurs et c'était néfaste pour le club. Nous avons eu beaucoup de changements d'entraîneurs en 3 ou 4 saisons. Mais je pense que sur le plan personnel, même si on peut toujours donner plus, j'ai passé de super moments. Si je suis déçu de ne pas avoir connu les années fastes du club ? Je ne pense pas. Comme je l'ai dit avant, cela aurait pu être mieux si nous n'avions pas eu autant de changements de coachs au cours des saisons. En ce sens, c'était une déception pour moi et pour le club évidemment. 

Quelles sont les raisons de ton départ de Paris ?

Les raisons pour lesquelles j'ai quitté le Stade Français sont personnelles. J'ai senti que je ne voulais plus être en France, loin de ma famille, de mes amis et des gens que j'aime. J'avais besoin d'un bol d'air et je sentais que je ne voulais plus être à cet endroit où j'étais pourtant professionnel. Pas à cause du club ou de la ville, car c'est la plus belle au monde. Mais personnellement, j'ai senti que j'avais accompli tout ce que je voulais, qui était d'aller jouer 2 ans à l'étranger, vivre cette expérience, puis revenir dans le club de mes amours qu'était l'Atlético de Rosario. Heureusement, j'ai pu rester trois ans et demi en France et profiter de cet endroit fantastique et de tout ce qu'il a à offrir. Surtout, sachant que mon contrat qui prenait fin en 2014 ne serait pas prolongé, et donc que je n'allais pas continuer au club, c'était difficile de rester en France. Cela a accéléré mon départ du club et du pays. 

Tu as disputé le Mondial 2011 avec les Pumas.

C'était un rêve, que j'ai pu réaliser. C'était beau de savoir que j'allais jouer la Coupe du Monde, que j'allais pouvoir représenter l'Argentine au Mondial. C'est l'accomplissement ultime en tant que joueur. Je pense que nous avons fait un beau parcours. Bien que nous n'ayons pas commencé comme nous le souhaitions contre l'Angleterre, nous avons pu battre la Roumanie, l'Écosse et la Géorgie pour nous qualifier pour les quarts de finale. Malheureusement, la Nouvelle-Zélande a croisé notre chemin et puis, c'était leur Coupe du Monde, à domicile, ils étaient très forts. C'est comme ça. Même si nous avons pu leur tenir tête durant un certain temps, ils étaient prêts à devenir champions. C'était cependant un très beau mélange de sensations. Un rêve de pouvoir affronter les All Blacks, à domicile, en quart, mais aussi de représenter les Pumas face au Haka. Comme je l'ai dit, un rêve devenu réalité. 

Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ? 

Ce sont certainement mes toutes premières rencontres que j'ai joué avec l'Atlético del Rosario, le Stade Français et l'équipe nationale d'Argentine. Je pense que les premiers matchs sont les plus beaux, le début d'une étape, c'est toujours agréable. Au Stade Français ? Ce serait très difficile de pouvoir en donner un seul. Je suis reconnaissant d'être passé par le club, d'avoir rencontré du monde, d'avoir pu représenter le club pendant plus de 3 saisons et aujourd'hui grâce à ça, de pouvoir garder contact avec de nombreux amis avec qui j'ai pu partager sur le terrain. Sans oublier les Argentins comme Roro, Legui, Gonza, Pedro, Cangu, Nahuel. Mais aussi Sergio Parisse, Juju Arias, Waisea, Julien Dupuy, Hugo Bonneval, Jules Plisson, Geoffrey Doumayrou, etc. De beaux souvenirs, de belles anecdotes. 

Si tu devais citer le meilleur joueur avec qui tu as évolué et le meilleur contre qui tu as joué ? 

Quelle question difficile ! J'ai joué avec de grands joueurs aussi bien en équipe nationale qu'à Paris. Pour commencer, j'ai eu la chance de jouer dans mon club de l'Atlético del Rosario avec José Orengo, mon idole, lors de ma 1ère année sénior. Il a longtemps évolué pour les Pumas et Perpignan. Pour revenir à la question, je pense que Felipe Contepomi était l'un des meilleurs joueurs avec qui j'ai joué, avec qui je me sentais le mieux. Aussi bien avec les Pumas qu'au Stade Français. Mais également avec Sergio Parisse sans oublier George Smith lors de son court passage au Stade Français. Il m'a impressionné. Pour celui contre lequel j'ai joué... hum... ça se joue entre Wilkinson, Carter et Conrad Smith

Que penses-tu de l'équipe d'Argentine actuelle ?

Honnêtement, je ne m'exprime pas beaucoup à ce sujet. Il y avait beaucoup de problèmes internes que nous ne connaissons pas. Ne plus pouvoir compter sur les Jaguares qui ont joué en Super Rugby, a fait je pense très mal à l'équipe nationale d'Argentine. Je pense que ça avait commencé à chambouler positivement tout le rugby argentin puisque c'était un groupe qui évoluait tous les week-ends ensemble. Aujourd'hui, chaque joueur est dans un club différent et ils ne se réunissent que pour les Pumas. C'est dommage. 

Regardes-tu toujours les matchs du Stade Français ?

Je continue à les regarder évidemment. Surtout quand ils sont diffusés à la télévision argentine. Puis Nico Sanchez et Marcos Kremer qui sont mes amis jouent, donc je regarde. Et puis surtout, mon grand ami Waisea continue de jouer. 

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