N’y allons pas par quatre chemins : oui, l’idée succincte avancée ici et là pour dire que Bordeaux avait trouvé, en la personne de Ben Lam, le remplaçant idoine de Semi Radradra, était une belle ineptie. Qu’on le veuille ou non, le Fidjien demeure depuis deux ans le meilleur centre de la planète et - bien qu’elle ait été amenuisée au moment de son départ pour Bristol - avait durant son séjour en Gironde une influence tout bonnement incommensurable sur le jeu de l’UBB. En témoigne l’unique défaite du club l’an dernier (en 13 matchs) lorsque son ovni du Pacifique était sur la feuille de match. De fait, qui que l’on soit, on ne commute pas comme ça avec l’ancienne pépite du XIII (82 essais en 94 rencontres de NRL !), d’autant plus au sein d’une équipe qui tourne naturellement moins bien que la saison passée.
Tout ça pour dire que, aussi grandes les qualités athlétiques de Ben Lam soient-elles, il était incongru de s’attendre à ce que l’ancien septiste fasse preuve de la même aura que Radradra sur ses partenaires, lui, le pur ailier. Bordeaux à donc fait avec les (bons) moyens du bord pour remplacer son ancien facteur X en 13 (Dubié, Uberti, Seuteni) et le neveu de Pat Lam s’est naturellement installé sur l’aile gauche girondine. Lui ? Dans le jeu à distance des statistiques affolantes, il avait également des arguments à faire valoir avec ses 33 essais en 56 rencontres de Super Rugby. 1m94 pour 105kg de barbaque néo-zélandaise, un raffut quasi-bionique, un garçon irrésistible dans les duels et 10’80 secondes sur 100 mètres : suffisant pour réconforter les supporters bordelais dans leur quête d’homme providentiel. Enfin ça, c’était sur le papier. Car dans les faits, aussi brillant fut-il avec les Hurricanes, le garçon d’origine samoane n’eut pas le même rendement lors de ses premiers mois sous ses nouvelles couleurs (aucun essai lors de ses 7 premiers matchs).