VIDEO. Rugby Europe Championship - L'Espagne a balayé l’Allemagne en 40 minutes
Les Espagnols ont fait le boulot sur le sol allemand.
Ce weekend, le XV del Leon était en mode Dr Jekyll et Mr Hyde. Il a fini par s'imposer chez les allemands au terme d'une rencontre de bonne facture.

Le contexte

Après avoir battu la Roumanie en ouverture - et à la surprise générale - l’Allemagne a été corrigée par la Géorgie avant de disposer des Belges dans la douleur. De leur côté, les Espagnols ont vaincu la Russie avant de chuter à Bucarest, puis contre les Lelos. Sachant cela, les Allemands pourraient prendre une très sérieuse option pour la qualification au Mondial 2019 en cas de victoire, tandis que les Ibériques doivent se relancer dans la course après avoir échoué de peu face aux deux ogres du Tournoi.

Avec du soleil, 10 degrés et 6 100 spectateurs bruyants au Sportpark Höhenberg de Cologne, toutes les conditions étaient réunies pour assister à un bon match de rugby !

Le film du match

Dès l’entame, on s’aperçoit que l’on a affaire à deux équipes très joueuses. Après un très court round d’observation, les hommes de Santiago Santos confisquent le ballon. Ils font preuve pendant plusieurs temps de jeu d’une maîtrise qui leur avait fait défaut lors des deux dernières rencontres. Et sont récompensés à la 5e par un essai de Linklater en coin, qu’il transforme lui-même (0-7). Les Allemands, piqués au vif, investissent le camp adverse par un maul puissant. Dans l’avancée, ils développent de beaux mouvements et n’hésitent pas à tenter des choses. Mettant les visiteurs à la faute, ils ouvrent la marque à leur tour (3-7). Les Leones ne sont pas venus faire du tourisme et remettent une pression immédiate qui leur permet de récupérer une pénalité. Guillaume Rouet tente d’emballer le jeu, mais un en-avant sur une passe au cordeau annule le mouvement. Qu’importe, Linklater enquille à 40m face aux perches (3-10). Après quelques en-avants, on peut dire que c’est plutôt stable du côté de la mêlée. Pour le plus grand bonheur du public, elles sont disputées à la loyale sans être rejouées dix fois et l’arbitre prend ses responsabilités quand cela s’avère nécessaire.

Après 15 minutes, le jeu est omniprésent, les joueurs ne s’ennuient pas et nous non plus. Pour compléter le show, quelques-uns décident de se chauffer les oreilles après que les Espagnols aient été pénalisés, rien de bien méchant. Cependant, les plaquages commencent à être plus rugueux et favorisent les turnovers. On va se régaler ! On vient de passer les 20 minutes de jeu et les Allemands commettent une faute grossière en déséquilibrant un sauteur espagnol en touche : la chute aurait pu être dangereuse… Curieusement, aucun carton n’est sorti et Linklater voit sa frappe de plus de 50m passer sous la barre. Les locaux s’en sortent bien. Les visiteurs s’emploient à maintenir le jeu dans le camp allemand. Et ils sont déchaînés : courses tranchantes, offloads à foison, tous les coups sont vite joués… Les Leones ont faim, et c’est beau à voir. La défense craque à la 26e et l’ailier Silvio Castegioni Algorritz aplati près des poteaux. Linklater transforme naturellement et le break est fait (3-17). 

Pour autant, les Allemands ne ferment pas le jeu, bien au contraire. Soutenus par un public bien présent, ils reviennent avec des intentions, malheureusement annihilées par des imprécisions récurrentes. C’est dommage car ils rendent leurs ballons trop facilement à des adversaires qui le leur font payer cash : suite à un turnover, les Espagnols en profitent pour multiplier les temps de jeu, avancer de 50m et récupérer une mêlée à 5m de l’en-but après avoir presque aplati. On joue alors la 37e minute. Après que son pack ait pris le dessus à plusieurs reprises, le capitaine Jaime Nava de Olano part côté fermé. Il fixe parfaitement et gratifie le public d’un superbe offload qui libère l’ailier Jordi Jorba pour l’essai en coin. Non transformé. 3-22 L’envie des Espagnols est indécente, ça vire à la débandade Ils reviennent immédiatement dans les 22m adverses, créent un ballon porté conquérant, et Guillaume Rouet s’échappe derrière ses gros pour aller aplatir. C’est trop facile. Malgré la transformation manquée, l’Espagne vire en tête à la pause sur le score de 3-29.

Les Allemands vont devoir trouver des solutions pour éviter la branlée. Les visiteurs, eux, doivent s’appliquer à mettre la même envie pour prévenir toute forme de relâchement.

Deuxième période

Dès la reprise, les Allemands s’oublient en défense… Trois, peut-être quatre plaquages manqués en 2 minutes de jeu. Il faut se ressaisir. Grâce à l’indiscipline espagnole, ils parviennent à revenir dans les 22 adverses, où ils imposent plusieurs séquences pendant 5 minutes. Hélas gâchées par un contact… Trop de précipitation dans les rangs allemands. Par chance, ils récupèrent la gonfle après que les Espagnols se soient encore mis à la faute. Ça commence à faire beaucoup en quelques minutes… Par conséquent, quand les Allemands commettent un nouvel en-avant dans l’en-but, les frictions de part et d’autre donnent lieu à un gentil accrochage. Les visiteurs sortent vainqueur de ce bras de fer, et remportent la partie de ping-pong rugby qui s’en suit, avant de se mettre à la faute de nouveau : retour au point de départ avec un lancer allemand dans les 22 espagnols. On joue alors la 52e, et cette fois-ci, les locaux enfoncent les visiteurs sur un porté de 20m ! Un essai et un énorme camouflet pour le pack espagnol ! Et un nouvel accrochage bien plus musclé s’en suit, entre des allemands frustrés et des espagnols vexés. Après concertation, le trio arbitral décide d’envoyer réfléchir au frigo le centre allemand Coetzee et le talonneur espagnol Pinto Ferrer. 

Bref, pendant ce temps le tableau d’affichage est actualisé (8-29). À l’heure de jeu, il est très clair que ce deuxième acte est à l’avantage des locaux qui n’abdiquent pas. Ils bousculent leurs adversaires, notamment dans le jeu au sol. Mais se montrent trop impatients et trop imprécis, voire indisciplinés… Linklater en profite à la 62’ en ajoutant 3 points. 8-32. Accrocheurs, les locaux profitent à leur tour de l’indiscipline adverse pour revenir camper et planter un deuxième essai en force. Et après s’être bien échauffés avec de petits accrochages çà et là, les 30 acteurs passent à la vitesse supérieure en balançant quelques marrons chauds. L’arbitre se contente de rappeler les capitaines à l’ordre car les coupables ne sont pas identifiés. Après transformation, le planchot affiche 15-32. Dans les dix dernières minutes de la rencontre, les locaux en veulent encore. Mais le score n’évoluera plus dans une fin de partie brouillonne. Toutefois, face à des espagnols méconnaissables, les Allemands ont montré qu’ils n’étaient pas des faire-valoirs dans ce deuxième acte.Crédit vidéo : Real Rugby TV

En résumé, l’Espagne a fait le job en première période, puis plus rien. S'en est suivi un quasi-néant rythmé par une pléthore de fautes, ponctué par quelques éclairs bien trop rares. Franchement dommage… On retiendra la capacité de gestion des Leones, qui ont su encaisser tout en limitant la casse dans le deuxième acte. À l’inverse, les Allemands ne devaient pas s’attendre à une telle entame de leurs adversaires et se sont fait rouler dessus. Ils ont laissé le cerveau au vestiaire à la mi-temps et ont vendu chèrement leur peau par la suite. Mais le retard était trop important.

La réaction d’après match

Titulaire au poste inhabituel de pilier gauche pendant ce match, Beñat Auzqui nous livre son ressenti.

Salut Beñat, quelles sont tes impressions sur ce match ? Vous marchiez sur l’eau en première mi-temps, vous avez construit votre victoire à ce moment-là. Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?? Vous étiez complètement éteints !

On réalise une superbe première mi-temps, c’est peut-être la meilleure que j’ai jouée avec l’Espagne ! On a dominé le jeu, bien tenu le ballon. On a presque scoré à chaque fois qu’on en a eu l’occasion, et ça s’est vu car on mène 29-3 à la pause. Devant on a été présents, et les ¾ ont joué dans un fauteuil, c’était du très bon boulot ! On a vu un contraste en deuxième mi-temps. Les Allemands sont peut-être sortis un peu vexés, nous peut-être un peu relâchés avec cette avance. On a commencé à commettre plus de fautes, on a moins tenu le ballon, et on en a rendu au pied. Après il y avait une grosse ambiance autour de ce match, l’arbitre a pris trois ou quatre décisions qui ne nous aident pas vraiment… On a beaucoup défendu et on n’a pas réussi à garder notre niveau sur les deux mi-temps. C’est assez contrasté.

Bon, après la Roumanie et la Géorgie, on ne va pas faire les fines bouches. Une victoire à l’extérieure, malgré le bonus qui vous échappe, c’est quand même bon non ? Vous devez être contents du boulot accompli ?

On est un peu déçus pour le bonus mais c’est à relativiser, on était partis là-bas en espérant gagner déjà ! Le bonus ok on le rate, et les occasions de le prendre ne seront pas nombreuses… mais bon on gagne, on va pas faire la fine bouche non plus, avant le match on espérait gagner à l’extérieur.

Maintenant, il ne reste plus qu’à bien finir contre les Belges la semaine prochaine. Au Central à Madrid ça va être un bon match. Comment vous l’abordez ?

Oui, de toute façon il n’y a pas d’autres solutions que la victoire. Si on perd là après avoir gagné en Allemagne on va se mettre le bazar pour rien. Il va faire beau, le stade sera plein, ça va être un match très sympa à jouer. On va essayer de refaire le même match que contre l’Allemagne mais ça ne va pas être facile ! Les Belges sont accrocheurs. On va essayer de finir le tournoi par une belle victoire !

Je suis de Bordeaux et j’ai plutôt l’habitude de te voir évoluer au talon… A titre personnel, comment s’est passé ce match à gauche de la mêlée ?

(Rires). Oui en fait dans ma carrière, j’ai plus joué pilier que talonneur. Jeune, j’ai commencé au talon ! Ensuite, j’ai beaucoup joué pilier, que ce soit à droite ou gauche. À Tyrosse pendant 4 ans je n’ai joué presque qu’à droite. Après c’est Régis Sonne en Espagne qui m’a fait jouer au talon, et à Bordeaux aussi par la suite. Donc ce n’est pas trop nouveau ni très compliqué pour moi, je m’y remets assez rapidement !

Conclusion

À l’heure des comptes, on peut dire que l’Espagne a parfaitement réagi en empochant la victoire à l’extérieur, tout en privant les Allemands du moindre point. Les hommes de Santiago Santos se placent dans une position très intéressante dans la course à la qualification. Ils auront l’occasion de finir le boulot la semaine prochaine à Madrid avec la réception des Belges. Une affiche qui semble largement à leur portée ! Attention toutefois à ne pas sombrer dans un relâchement qui pourrait être fatal : les Diables Rouges n’attendent que ça et ne se priveront pas de gâcher la fête s’ils le peuvent.

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  • Sozein
    752 points
  • il y a 7 ans

C'est une compétition qui mérite d'être découverte.

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