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XV de France. La quête de Galthié pour le profil parfait en 12 : qui pour succéder à Jonathan Danty ?
Le XV de France a-t-il déjà trouvé le successeur de Danty au poste de premier centre ? Crédit photo (France 2)
Le poste de premier centre reste une énigme pour les prochaines saisons en équipe de France. Expérience au détriment de l'insouciance ? Décryptage d'un dilemme qui partage !

La magie de notre sport tient au fait que chaque poste occupé par chaque joueur revête un caractère unique et exceptionnel. Allez expliquer à un pilier gauche de pousser à droite durant ne serait-ce qu’une rencontre. Les deux portent le nom de « pilier » et pourtant les exigences et qualités sont bien différentes. Aucun poste ne s’improvise tant sur le plan physique que technique.

Celui de premier centre n’échappe pas à la règle, ainsi même s’il est courant de voir un deuxième centre ou un demi d’ouverture « dépanner » avec le 12 dans le dos, il n’en demeure pas moins que le poste est une vraie spécialité. Spécialité qui devient une véritable question au sein du XV de France à la sortie de ce tournoi 2024. Explications.

12/13, deux postes bien différents

La différence entre un 12 et un 13 tient aussi bien dans les phases offensives que défensives, mais également d’un point de vue des attitudes au contact et de l’approche psychologique du poste.

Il faut bien avoir à l’esprit que la défense du premier centre n’est pas comparable avec celle effectuée en du second centre. Le 12 doit empêcher l’adversaire de gagner la ligne d’avantage et stoppant net l’attaquant (un peu à la manière de ce que peuvent faire les treizistes). Tandis que le deuxième centre devra contrôler les supériorités ou infériorités numériques, ainsi disposer d’une bonne lecture de jeu et d’une certaine qualité de vitesse pour « rattraper » les déséquilibres ou venir annihiler les attaques dans un système de « rush défense ». Ainsi le « mindest » du premier centre est différent de celui du deuxième.

Pour ce qui est de l’attaque, le bagage demandé nécessite également plus d'aptitudes de vitesse que de puissance pour pouvoir s’engager dans les intervalles. Mais également des qualités de passe et de vélocité afin de décaler son ailier. Le premier centre devra, lui, plutôt réaliser un travail de fixation.

Vous l’aurez compris : le premier centre est la véritable plaque tournante de ligne des trois quarts.

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Pourquoi cette explication ?

Fabien Galthié maitrisant les rouages du rugby, au moment d’installer Jonathan Danty il y a quelques saisons dans son XV de départ, s’est inspiré de ce qui a fait la réussite des précédentes grandes nations.

Problème pour le XV de France, Jonathan Danty aura 35 ans en 2027. Cela oblige notre sélectionneur à s’adapter.

Le constat de Galthié : un 12 comme point d’ancrage pour être champion du monde. De ce fait, le sélectionneur dans sa quête du sacre mondial s’est inspiré des précédents champions du monde. Partant du constat que l’Angleterre de Woodward en 2003 avait été sacrée avec Mike Tindall en finale, la Nouvelle-Zélande en 2011 et 2015 s’était imposée avec Ma’a Nonu, tandis que François Steyn en 2007 ou Damian De Allende en 2019 - et malheureusement pour nous en 2023 - ont également conduit leur nation sud-africaine au titre.

Le staff tricolore a ainsi pu constater que pour être champion du monde, il n’était pas inintéressant de disposer d’un « frigo américain » au centre du terrain :

  • Tindall : 187cm pour 102kg (25 ans en 2003 lorsqu’il est champion du monde)
  • Nonu : 182cm pour 108 kg (29 ans en 2011, 33 ans en 2015)
  • Steyn : 191cm, 101 kg (20 ans en 2007)
  • De Allende : 189cm, 101 kg (28 ans en 2019 et 32 ans en 2023)

Au-delà d’être champions du monde, ces joueurs ont pour point commun de fixer les défenses sur des attaques en première main ou des relances de jeu. Leur puissance leur permet de créer un véritable point d’ancrage et mettre toute leur équipe dans l’avancée. Leur robustesse en défense n’est plus à démontrer tant ils arrivent à imposer leur physique dans la collision, en engageant l’épaule sans ménagement.  

Ceci étant, leur qualité ne se limite pas uniquement à leur physique. Frans Steyn ou Ma’a Nonu possédaient également des qualités techniques bien au-dessus de la moyenne, couplées à une vision du jeu également exceptionnelle faisant de ces joueurs parmi les meilleurs premiers centres de l’histoire du rugby. Yannick Jauzion peut également être mentionné lorsque l’on fait référence aux plus grands joueurs de l’histoire à ce poste. Tindall et De Allende, étant moins à l’aise techniquement, axaient plutôt leur jeu sur le défi physique, correspondant parfaitement à la stratégie de leur équipe respective.

L’adaptation de Galthié : La perle Jonathan Danty

Fabien Galthié l’ayant bien assimilé, a donc fait de Jonathan Danty, son numéro 12 pour aller chercher la Coupe du monde, avec ses 105kg pour 181 cm. Son profil physique grâce à son punch, sa qualité dans les collisions et le jeu au sol ont véritablement été l’une des pierres angulaires du mandat précédent du sélectionneur. L’Irlande s’est empressé d’enrôler Bundee Akhi, l’Angleterre fait de même avec Ollie Lawrence, tandis que l'Écosse a également naturalisé Tuipolotu. Tous ces joueurs s’inscrivent dans la lignée de ces grands noms précédemment cités.

Cependant, malgré toutes les qualités portées au crédit de Danty précédemment, force est de constater que l’ancien parisien aura 35 ans en 2027. Se pose donc la question de sa pérennité en vue de la prochaine coupe du monde en 2027 en Australie. On constate qu’il a été plus en difficulté sur ce Tournoi, souffrant de manière assez criante (comme beaucoup de joueurs mondialistes) d’un certain manque de fraîcheur. Ainsi, même si cet état de forme en retrait n’est peut-être que passager, on peut s’interroger sur sa présence en Australie dans 4 ans.

Quel profil le sélectionneur doit-il privilégier pour 2027

Si le vivier français peine à sortir un joueur disposant de ce profil physique répondant aux standards internationaux, il conviendra peut-être de s’adapter. Revue d’effectif.

Moefana : l’héritier désigné qui doit confirmer

Yoram Moefana possède l’expérience du niveau international (27 sélections), et grâce à ses qualités physiques de puncheur (183cm pour 97Kg) entre parfaitement dans le cadre recherché de ce premier centre physique et destructeur.

Il est également très souvent utilisé à ce poste à l’UBB et fait figure de titulaire au sein de son club. Néanmoins, il éprouve quelques difficultés à confirmer au niveau international au sein du XV de France. Parfois utilisé à l’aile, il semble manquer de repères au centre et nécessiterait peut-être plus de confiance et de temps au sein de l’équipe pour pouvoir s’y installer définitivement. Sa puissance semble être moins importante que Danty mais supérieure à ses différents concurrents. Il doit ainsi compenser en travaillant son aisance technique tant à la main que dans le jeu au pied. Il se positionne véritablement dans le profil comme l’héritier de Jonathan Danty pour les années à venir.    

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Depoortère : la nouvelle pépite

Nicolas Depoortère porté par un début de saison en fanfare, et donc un élan médiatique, s’est vu honoré de sélections en équipe de France durant ce tournoi 2024. Physiquement répondant aux standards internationaux (194cm pour 94Kg), âgé de 21 ans, il semble remplir l’ensemble des critères pour s’imposer au poste. Problème actuel pour lui : il est utilisé exclusivement au poste de deuxième centre à l'UBB ou en équipe de France moins de 20 ans. Ses qualités intrinsèques étant la vitesse et l’évitement, son profil semble plus correspondre au poste de deuxième centre. Fabien Galthié s’est donc adapté et l’a utilisé en 12 afin de laisser Gaël Fickou en 13. Cette adaptation s’est vérifiée sur certaines actions durant le Tournoi où la défense frontale a semblé le mettre en difficulté et ses qualités de vitesse assez peu exploitées par rapport à ce que l’on avait vu en Top 14.  

Son salut passe donc de toute évidence par un replacement au poste de premier centre de manière plus régulière au sein de son club, lui permettant de prendre ses marques au poste. Reste à savoir si telle est sa volonté également ?  

Delbouis : le profil parfait ?

Régulièrement convoqué par le staff depuis quelques saisons, jamais sélectionné. Julien Delbouis dispose d’un physique (184 cm pour 105kg) et d’un profil répondant aux standards internationaux. Solide en défense sur les collisions et possédant une bonne gestuelle et vision du jeu, il semble remplir l’ensemble des critères recherchés pour le poste. Son jeune âge (25 ans) plaide également en sa faveur.

Souvent freiné par les blessures, si son corps veut bien le laisser en paix et lui permet d’enchainer les bonnes prestations, nul doute que le sélectionneur ne se privera pas pour le convoquer en investissant sur lui. Attention tout de même car le temps presse, le train devra être pris au mois de juin durant la tournée d’été. Faute de le voir définitivement s’éloigner.

Le repositionnement de Fickou en 12

On ne présente plus Gaël Fickou : 30 ans, 191 cm, 100kg, 80 sélections. Cela fait 10 ans que Gaël Fickou occupe le poste de trois-quart-centre au sein du XV de France. Après avoir essuyé quelques critiques au début du Tournoi, ce dernier a bien redressé la barre sur les dernières rencontres. Véritable leader défensif du système de Shaun Edwards, le Racingman offre de véritables garanties au niveau international. Son association avec Jonathan Danty a fonctionné durant plusieurs saisons en sélection.

Le fait est que Gaël Fickou aura également 33 ans en 2027, ses qualités de vitesse vont surement décroître. Naturellement, d’autres joueurs plus jeunes avec des aptitudes de vitesse requises pour le poste vont se bousculer au portillon (Barassi, Costes, Depoortère, Gailleton… pour ne citer qu’eux).

Il serait peut-être opportun de réfléchir à un repositionnement de Gaël Fickou au poste de premier centre pour plusieurs raisons. D’abord, afin de capitaliser sur son expérience du très haut niveau, ensuite, il est évident que ses mensurations lui permettent de répondre aux standards attendus, enfin ses qualités décroissantes de vitesse (bien que pas ridicule) seront moins exposées au poste de premier centre.

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Le pari : le jeu en 5/8ème : Ntamack, Seguret, Decron et consorts …

Enfin, Fabien Galthié peut prendre le contrepied des différents champions du monde et de ce qui est proposé actuellement dans toutes les nations dominantes du rugby mondial : installer un créateur au poste de premier centre.

En s’inspirant des belles années toulonnaises qui ont vu l’association Wilkinson-Giteau dominer l’Europe, ou plus récemment Ford/Farrell avec plus ou moins de réussite au sein du XV de la Rose. Le sélectionneur pourrait être laissé tenter par l’insertion d’un profil plus passeur et créateur en 12 que celui de puncheur/destructeur.

Ce profil implique une domination totale du paquet d’avants sur son homologue afin de jouer constamment dans l’avancée. Cette stratégie bien réalisée permet de donner plus de ballons aux ailiers ce qui pourrait faire de nombreux ravages dans les défenses adverses lorsqu’on connait les qualités de nos finisseurs que sont Penaud ou encore Bielle-Biarrey.

Le risque étant que lors d’une rencontre ou le pack français est dominé, les arrières ne soient pas en mesure de venir compenser ce déficit physique en reprenant l’axe du terrain.    

Plusieurs joueurs peuvent être utilisés dans ce registre, Romain Ntamack d’abord, même si ce dernier occupe exclusivement le poste de demi d’ouverture depuis quelques années au Stade Toulousain, une association avec Mathieu Jalibert en 10 fait rêver bon nombre d’observateurs. Reste à savoir si tel est le désir de Romain Ntamack d’évoluer au poste de premier centre.

Nathan Decron et Adrien Seguret entrent également dans ce profil de joueur axé sur la passe, le décalage, tout en pouvant soulager leur ouvreur dans le jeu au pied.

En somme, plusieurs options s’offrent au sélectionneur, chacune avec leurs avantages et leurs prises de risques. Certaines nécessitent de gros investissements, ou de grosses modifications systémiques et personnelles pour les joueurs. A l’aube d’une nouvelle page pour le XV de France, avec pour otique la coupe du monde en 2027 nul doute que Fabien Galthié tergiverse sur le dossier entre conservatisme, inspiration et modernité.

Il parait que c’est à « sa capacité de prendre des décisions fortes dans des moments difficiles que l’on reconnait un grand dirigeant ». Pour ce dossier concernant le premier centre, nous y sommes.

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Merci à Paul Génieux pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • Kad Deb
    39671 points
  • il y a 8 mois

Il faut demander à Galthié ce qu'il pense des datas du Danty.

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