Si on regarde d'un peu plus près le jeu des Irlandais, on se rend compte que tout est organisé au millimètre près, tout est fait pour contrer le système de Stuart Lancaster, en faillite à l'Aviva Stadium. Prenez le coup d'envoi donné par George Ford. À la retombée du ballon, l'ailier Simon Zebo, qui s'efforce de revenir dans l'axe du terrain avant de se faire stopper. Conor Murray éjecte ensuite sur Jonathan Sexton qui lance un avant plutôt que de taper au pied. Logique, une phase de jeu supplémentaire fixant un peu plus la défense. Plutôt que de renvoyer le ballon au Racingman, c'est Murray qui est chargé de dégager son équipe avec un coup de pied derrière le ruck. Un bloc de trois joueurs va monter sur le porteur de balle, esseulé : les Irlandais récupèrent le cuir sur un turnover et envoient au large. Tout va trop vite pour les Anglais, pénalisés avec James Haskell qui ne se sort pas d'un plaquage. On joue depuis moins d'une minute, et les hommes de Joe Schmidt mènent déjà 3-0 avec la transformation de Sexton...
Sur le renvoi suivant, rebelote : l'Irlande, bien ancrée dans son système, recommence les mêmes mouvements... jusqu'à une faute inutile de Billy Vunipola sur Conor Murray au moment ou celui-ci devait jouer au pied derrière le ruck. En deux minutes, les Anglais se sont donc fait pénaliser deux fois, la première permettant aux Verts de prendre l'avantage, la seconde de se dégager !
Crédit vidéo : Liam Dunseath
Si on regarde d'un peu plus près les statistiques, on se rend compte que les Irlandais ont totalement dominé les Anglais grâce à un jeu au pied beaucoup plus intelligent. En moyenne, les coups de pied des Verts avaient une distance de 35 mètres. C'est peu, surtout en comparaison de l'Angleterre, qui possède une moyenne de 48 mètres. Seulement, le fait de taper loin et fort a empêché George Ford et compagnie d'aller batailler dans les airs pour récupérer la gonfle. Au contraire des Irlandais qui ont réalisé treize turnovers après avoir joué au pied. Énorme. En première période, les Anglais ont concédé en tout dix turnovers, soit un de plus que pendant les 80 minutes face à l'Italie... Une preuve de plus que le système de Stuart Lancaster a été mis en déroute par Joe Schmidt. Avec une charnière aussi talentueuse et intelligente que celle composée par Murray et Sexton, le Néo-Z peut voir venir :
Sexton and Murray's kicking consistently retained possession and put England under intense pressure #IREvENG pic.twitter.com/X7nCUdVxMt
— Accenture Rugby (@AccentureRugby) 1 Mars 2015
Si Philippe Saint-André et les Bleus veulent battre le XV de la Rose, ils savent de qui s'inspirer !
En tout cas cette analyse tactique est très claire (peut-être que c'est aussi parce que la tactique en elle-même est limpide), j'aimerai voir ce genre d'analyse dans les émissions sportives Françaises à la tv.
ogoshiste
Les anglais n'auront pas plusieurs matchs avec un pourcentage d'indiscipline élevé !!!
La stratégie de J. SCHMIDT est bonne, il a fait ses preuves, mais je ne crois pas qu'elle soit la réussite du match.
Les anglais ont des absents et ont été absent sur beaucoup de phases de jeu.
Mauvais en touche, mauvais choix tactique...
Quand tu n'as pas la conquête, difficile de gagner l'équipe d'Irlande actuelle !!!
Arountazief
Complètement d'accord pour dire que Joe Schmidt est un vrai bon entraîneur.
Mais à 0:28, un des deux irlandais non-plaqueurs bloque le soutien anglais en position de hors jeu. La pénalité était pour les Anglais.
Harry
J.Schmidt est sans doute le meilleur coach actuel.Les anglais ont joué ce match privés d'une dz de titulaires…Pas sur que les irlandais auraient pu se passer de titulaires pour l'emporter…Et en WRC qq soit le talent de leur coach je ne les vois pas aller plus loin que d'habitude…ils ont bien moins de joueurs très talentueux que les plus grandes nations et le compensent par un collectif ultra bien huilée et des tactiques de jeu très bien adaptées à leurs adversaires et des joueurs frais qui ne jouent pendant la saison que les matchs de poules de CC …après 3 mois de préparation cette supériorité sera remise en question d'autant que ça se joue avec des effectifs de 30 joueurs et qu'ils en ont à peine 25 de haut niveau en tout (cf les performances déclinantes des provinces irlandaises)
Le Roi Dodo
Y'a aussi une toute petite différence... on va jouer les angliches à Twickenham !
Pas sûr que les Irlandais, si bons soient-ils, auraient joué la même partition en Angleterre !
Kad Deb
Le talent de Joe Schmidt n'est pas une découverte. Il a déjà démontré toutes ses qualités avec l'ASM et le Leinster. Mais cela ne fonctionnerait pas sans des joueurs également talentueux : la charnière Murray-Sexton n'est pas pour rien dans les performances des verts.
Ce qui est très intéressant dans cette analyse est le constat qu'un jeu au pied précis de récupération est bien plus efficace qu'un jeu au pied long. Tout le contraire de ce qui est souvent rabâché ici et là.
Pikeyboy
Et sinon, en vue de la coupe du monde et d'une certaine poule D, quelqu'un en top 14 voudrait pas se dévouer pour allumer Sexton ? (une petite fracture bien propre au mois de mai et on n'en parle plus).
Pikeyboy
Voilà, à tous ceux qui persistent à dire que ce sont les joueurs qui sont sur le terrain et que donc la faute ne peut que leur incomber à eux, on a ici la preuve qu'un entraîneur, c'est pas juste pour le folklore.
areuh83
ça fonctionne car ils ont un butteur, un vrai!
Rémi teLamettra
très intéressant. Schmidt n'est pas un génie, c'est la plupart des autres coachs mondiaux qui sont médiocres. Il a installé un jeu qui prône la netteté, la clarté de consignes simples qui n'évoluent pas, tjrs régulières donc faciles à assimiler au bout de qqs matches ensemble. La sélection ne varie qu'à peine, et la charnière est rigidement fixe. C'est un jeu comme on peut le constater ici simple et efficace. C'est pas les All-Blacks, mais il optimise presque à 100% le potentiel de ses joueurs sur papier.
Nous, on a des tonnes de bons joueurs et absolument rien collectivement et jamais rien de stable, à part la défense globalement. Mais celle-ci toute seule ne gagne pas de matches contre de bonnes équipes, la preuve: le dernier match contre le PdG.
ToToNe
Si Philippe Saint-André et les Bleus veulent battre le XV de la Rose, ils savent de qui s'inspirer !
Ouais... faut voir car la gagne n'est pas spécialement motivant si j'ai bien compris les interview d'après match de PSA. Il trouve plus de points positifs dans les matchs quand il perd.