Après le livre, « Quand j'étais Superman », l'ancien joueur du Stade français Raphaël Poulain revient avec le projet participatif « Les héros meurent jeunes ». Un film documentaire aux allures de Tour de France du rugby. L'ancien Dieu du stade évoque le XV de France, les dérives du rugby ainsi que ses aspirations pour l'avenir.
Le XV de France s’apprête à jouer un match décisif face au Pays de Galles. Quel œil portez-vous sur l’équipe de France à l’heure actuelle ?
C’est un groupe qui est en pleine transition entre l’ancienne génération et la nouvelle. Il y a tout à construire mais c’est une équipe qui a de la gueule. Le premier match on le gagne pratiquement dans les arrêts de jeu, le second a été laborieux contre l’Italie. J’aime bien le fait de voir des mecs du Stade (français), qui plus est issus de la formation. J’ai l’impression de revenir au début des années 2000. J’ai envie de voir du beau jeu. J’aime bien ce qui est mis en place même si je n’ai pas trop compris pourquoi Talès était revenu aux dépens de Trinh-Duc. Le mec rentre dix minutes, il se fait virer du groupe. C’est une fois de plus un rugby sans pitié. On te prend, puis on te jette.
C'est un peu le genre de dérives que vous évoquiez dans votre livre ?
Il faut faire gaffe à ce que le rugby ne dérive pas vers un sport boucherie, même si je pense que c'est déjà un peu le cas. Ça me fait marrer quand on dit que le rugby est une entreprise. Derrière, il ne faut pas oublier qu'il peut y avoir une fatigue physique, une fatigue psychologique. Il y a plein de facteurs qui rentrent en compte et j'ai l'impression qu'on les zappe. Aujourd'hui, il faut faire des résultats à tout prix. Et c'est justement le « à tout prix » qui me dérange. C'est aussi pour ça que je témoigne, que je fais des conférences.
Votre nouveau projet, « Les héros meurent jeunes », est un film documentaire. De quoi va-t-il traiter ?
L'idée c'est de recréer le lien entre l'ancienne génération, celle qui s'est arrêtée il y a quelques années ou qui est sur le point de le faire, et la plus jeune. Pour ne pas oublier ce qui fait la vraie valeur de ce sport face aux dérives. On a des milliers de gamins qui fantasment sur une carrière et qui se prennent des claques dans la gueule, qui se blessent, qui font de la musculation à 17 piges. On a l'intention de partir sur les routes à bord d'un combi Volkswagen à la rencontre des anciens et des plus jeunes. On les annoncera au fur et à mesure (Jean-Pierre Rives en fait partie tout comme Jules Plisson).
On a un joli casting avec des mecs vraiment humains. Et puis on va aussi aller dans un pôle espoir à Talence en totale immersion pendant une semaine pour voir comment fonctionnent les jeunes d'aujourd'hui. Mais surtout pour créer le lien entre ce que veulent laisser les anciens et ce à quoi aspirent les jeunes. Il ne s'agit pas de faire un constat du rugby d'aujourd'hui mais de raconter une histoire et de revenir avec une œuvre d'art humaine. Qu'on se marre, qu'on chiale, qu'on raconte des conneries.
Avez-vous l'impression que le rugby a oublié tout ça ?
Aujourd'hui, on explique un peu tout dans le rugby mais il y a un petit truc qui ne s'explique pas, c'est l'humain. Ce qui peut se passer dans un groupe, ce supplément d'âme nécessaire pour gagner des titres. J'ai envie d'aller voir ce qui se passe ailleurs, de mettre en avant la sève de ce rugby que j'ai connu jusqu'à aujourd'hui. La vie de groupe, c'est ce qui manque quand une carrière s'arrête. L'idée du documentaire c'est aussi de mettre en avant la galère du rugbyman quand tu arrêtes. Que tout s'arrête d'un coup et que tu retrouves seul face à toi-même. Ce n'est pas le genre de trucs qu'on montre dans les médias. Parler de blessures, de l'après-carrière compliqué ça ne fait pas rêver.
Une situation que vous avez connue. Pensiez-vous un jour mettre en images cette galère ?
Les choses ne sont pas calculées. Je ne pensais pas en faire un bouquin, ni faire des conférences et encore moins un film. Je me laisse porter. C'est aussi oser l'inconnu. C'est ça qui est plus important que de mettre en images mon histoire, parce que ce ne sera pas mon histoire, mais celle de plusieurs personnes, même si sur 52 minutes, je vais raconter aussi un peu mon parcours. La forme sera mon parcours, mais le fond sera les histoires qu'on voudra bien me raconter. C'est une forme de responsabilité. J'ai toujours eu cette âme d'artiste. J'ai envie de créer, d'apporter. Je pense que cette génération qui arrive a aussi envie de savoir d'où elle vient.
Et vous, où allez-vous maintenant ?
Je continue les conférences dans les centres de formation, mais aussi en entreprise parce que c'est un discours qui colle bien au principe d'hyper performance. Tout en racontant une histoire, les gens peuvent s'identifier et trouver une concordance avec ce qu'ils peuvent vivre. En ce qui concerne le métier de comédien, ça viendra au fur et à mesure. Ce film me permet justement de rentrer dans ma vie de comédien. Je suis aussi en pleine transition. J'aimerais vraiment être coach mental dans le rugby parce que je pense qu'il y a une nécessité d'accompagner les joueurs, notamment dans les centres de formation. Parce que s'ils ne percent pas, il faut les sensibiliser à d'autres choses, tout en axant sur la performance pure en n'oubliant pas la notion de plaisir.
Si vous souhaitez participer au projet de Raphaël Poulain, les héros meurent jeunes, rendez-vous sur ce site de sponsoring participatif.
Le XV de France s’apprête à jouer un match décisif face au Pays de Galles. Quel œil portez-vous sur l’équipe de France à l’heure actuelle ?
C’est un groupe qui est en pleine transition entre l’ancienne génération et la nouvelle. Il y a tout à construire mais c’est une équipe qui a de la gueule. Le premier match on le gagne pratiquement dans les arrêts de jeu, le second a été laborieux contre l’Italie. J’aime bien le fait de voir des mecs du Stade (français), qui plus est issus de la formation. J’ai l’impression de revenir au début des années 2000. J’ai envie de voir du beau jeu. J’aime bien ce qui est mis en place même si je n’ai pas trop compris pourquoi Talès était revenu aux dépens de Trinh-Duc. Le mec rentre dix minutes, il se fait virer du groupe. C’est une fois de plus un rugby sans pitié. On te prend, puis on te jette.
C'est un peu le genre de dérives que vous évoquiez dans votre livre ?
Il faut faire gaffe à ce que le rugby ne dérive pas vers un sport boucherie, même si je pense que c'est déjà un peu le cas. Ça me fait marrer quand on dit que le rugby est une entreprise. Derrière, il ne faut pas oublier qu'il peut y avoir une fatigue physique, une fatigue psychologique. Il y a plein de facteurs qui rentrent en compte et j'ai l'impression qu'on les zappe. Aujourd'hui, il faut faire des résultats à tout prix. Et c'est justement le « à tout prix » qui me dérange. C'est aussi pour ça que je témoigne, que je fais des conférences.
Votre nouveau projet, « Les héros meurent jeunes », est un film documentaire. De quoi va-t-il traiter ?
L'idée c'est de recréer le lien entre l'ancienne génération, celle qui s'est arrêtée il y a quelques années ou qui est sur le point de le faire, et la plus jeune. Pour ne pas oublier ce qui fait la vraie valeur de ce sport face aux dérives. On a des milliers de gamins qui fantasment sur une carrière et qui se prennent des claques dans la gueule, qui se blessent, qui font de la musculation à 17 piges. On a l'intention de partir sur les routes à bord d'un combi Volkswagen à la rencontre des anciens et des plus jeunes. On les annoncera au fur et à mesure (Jean-Pierre Rives en fait partie tout comme Jules Plisson).
On a un joli casting avec des mecs vraiment humains. Et puis on va aussi aller dans un pôle espoir à Talence en totale immersion pendant une semaine pour voir comment fonctionnent les jeunes d'aujourd'hui. Mais surtout pour créer le lien entre ce que veulent laisser les anciens et ce à quoi aspirent les jeunes. Il ne s'agit pas de faire un constat du rugby d'aujourd'hui mais de raconter une histoire et de revenir avec une œuvre d'art humaine. Qu'on se marre, qu'on chiale, qu'on raconte des conneries.
Avez-vous l'impression que le rugby a oublié tout ça ?
Aujourd'hui, on explique un peu tout dans le rugby mais il y a un petit truc qui ne s'explique pas, c'est l'humain. Ce qui peut se passer dans un groupe, ce supplément d'âme nécessaire pour gagner des titres. J'ai envie d'aller voir ce qui se passe ailleurs, de mettre en avant la sève de ce rugby que j'ai connu jusqu'à aujourd'hui. La vie de groupe, c'est ce qui manque quand une carrière s'arrête. L'idée du documentaire c'est aussi de mettre en avant la galère du rugbyman quand tu arrêtes. Que tout s'arrête d'un coup et que tu retrouves seul face à toi-même. Ce n'est pas le genre de trucs qu'on montre dans les médias. Parler de blessures, de l'après-carrière compliqué ça ne fait pas rêver.
Une situation que vous avez connue. Pensiez-vous un jour mettre en images cette galère ?
Les choses ne sont pas calculées. Je ne pensais pas en faire un bouquin, ni faire des conférences et encore moins un film. Je me laisse porter. C'est aussi oser l'inconnu. C'est ça qui est plus important que de mettre en images mon histoire, parce que ce ne sera pas mon histoire, mais celle de plusieurs personnes, même si sur 52 minutes, je vais raconter aussi un peu mon parcours. La forme sera mon parcours, mais le fond sera les histoires qu'on voudra bien me raconter. C'est une forme de responsabilité. J'ai toujours eu cette âme d'artiste. J'ai envie de créer, d'apporter. Je pense que cette génération qui arrive a aussi envie de savoir d'où elle vient.
Et vous, où allez-vous maintenant ?
Je continue les conférences dans les centres de formation, mais aussi en entreprise parce que c'est un discours qui colle bien au principe d'hyper performance. Tout en racontant une histoire, les gens peuvent s'identifier et trouver une concordance avec ce qu'ils peuvent vivre. En ce qui concerne le métier de comédien, ça viendra au fur et à mesure. Ce film me permet justement de rentrer dans ma vie de comédien. Je suis aussi en pleine transition. J'aimerais vraiment être coach mental dans le rugby parce que je pense qu'il y a une nécessité d'accompagner les joueurs, notamment dans les centres de formation. Parce que s'ils ne percent pas, il faut les sensibiliser à d'autres choses, tout en axant sur la performance pure en n'oubliant pas la notion de plaisir.
Si vous souhaitez participer au projet de Raphaël Poulain, les héros meurent jeunes, rendez-vous sur ce site de sponsoring participatif.
Grisou
Meme si il enfonce des portes ouvertes, certaines choses sont bonnes à dire et à rappeler, surtout aux plus jeunes ! Ca part d'une bonne intention et ca m'a l'air plutot bien mené !
Lxdu13
"qund j'étais superman " merci pour ces moments d'émotion un grand joueur qui aurais mérité plus mais bon c la vie et dans son cas ce qui est beau c qu'au lieu de rester dans son coin il viens en parler a des jeune du pôle france ou dans dans différents pôle espoir
Vrmt un type génial en or qui a des valeurs grâce au rugby !!!!!
CedricH
Merci pour cet entretien qui nous fait complètement sortir des sentiers battus par la presse rugbystique - surtout sur le Net.
Sapiac, je suis d'accord avec ton premier commentaire, mais juste pour rebondir rapidement sur ta phrase "il y a un décalage entre le mec qui veut prendre que les bons aspects du rugby pro et pas les mauvais". Forcément : quand tu prépares un projet artistique, tu choisis un thème, tu le développes et tu t'y tiens. Il ne s'agit pas de faire une analyse exhaustive de la réalité du rugby mondial, mais d'évoquer ce thème qu'il a choisi 😉
areuh83
Bon ok, "les héros meurent jeunes" sauf que... dans les pays asiatiques la-bas "les héros meurent jaunes"... Bon, je sors, je connais la sortie.
sylche
Ca me semble être un superbe projet, très profond et plein de sensibilité. Et avoir choisi Fauve comme musique laisse augurer le meilleur pour ce qui est de la finesse et de l'intelligence du propos
Je vote POUR !
Aneto
Il a pas tort! L'esprit de groupe c'est ce qui fait la particularité du rugby et c'est sa différence! Tant qu'y aura ça, le rugby existera!
sapiac76
lui réfléchis mais les autres aussi, il ne faut pas croire que les jeunes sont forcément C..
les centres de formations servent à ça!!! il y a des cahiers des charges qui ne sont pas que rugbystiques, il en va de même pour les jeunes qui intègrent Marcoussis
après ce n'est qu'une question d'approche, nous on parle avec un certain recul que lui il a aujourd'hui
alors si aujourd'hui je me dis que j'aurais peut etre réfléchis à 2 fois et encore même pas sur
à 19ans quand tu as une opportunité telle que celle là tu la prends meme si elle est très mince
parce que ce choix là on ne te le donneras jamais à 30 balais
pollux
Projet intéressant pour rappeler aux jeunes qui rêvent de plonger dans le bain que la vie est courte et qu'ils doivent être attentifs à ne pas fondre aux chants des sirénes.
Le grand tort des jeunes est de se laisser facilement séduire.
Le sport de haut niveau dès l'adolescence, ça peut laisser des séquelles à long terme. Etre bien payé est une chose. "rester vivant" en est une autre.
Manifestement, ce mec à réfléchi sur son cas. Bonne chose. Tous ne le font pas; Dommage.
sapiac76
c'est ce que je te dis, le sujet reste intéressant mais a déjà été abordé maintes fois
c'est d'ailleurs un des rôles principal de provale
Chistera
Sapiac76 as tu lu son livre ?? Car dedans il admet bien qu'il avait le boulard et était une tête à claque plus jeune.
Perso j'ai été très touché par son livre et j'espère que le doc qu'il souhaite réaliser sera bien.
Il y a certains sujets dont on ne parle peu dans le rugby et je trouve ça bien d'en évoquer.
sapiac76
ça faisait partie des 3e mi-temps de tous les clubs et de la "relaxation d'après entrainement du vendredi soir" je ne sais pas si ça l'est encore mais ça l'était
pour te dire la vérité, je n'étais pas plus informé que 90% de mes coéquipiers
là on parle de Paris
mais à toulouse tout le monde connait ce genre d'endroits, ça n'est un secret pour personne
Pikeyboy
Tu m'as l'air bien informé...
sapiac76
d'un coté ça a l'air interessant de l'autre j'ai l'impression qu'il enfonce des portes ouvertes depuis bien longtemps, néanmoins le sujet reste interessant
après il y a un décalage entre le mec qui veut prendre que les bons aspects du rugby pro et pas les mauvais
on veut etre payé toujours plus mais continuer à manger du cassoulet et sortir faire la bringue
moi le souvenir que j'ai de lui en tant que joueur, c'est etre interviewé à la fin d'un match où il avait été bon, et dire à la camera , "bonjour à denise et au club 42", haut lieu de l'échangisme et boite à cul parisienne... pour ceux qui ne connaitraient pas. Il a eu pris un peu le boulard