Après une énième faute technique agenaise, le soulagement fut énorme, et le staff de l'Union, en manque de cohésion ces dernières semaines, pu (enfin !) lever le point au ciel. Les Bordelais seront - sauf cataclysme - en Top 14 la saison prochaine. Une condition sine qua non du projet global que semble imposer avec voracité Rory Teague, épaulé par le président Marti et son appui financier. Il fallait alors s'étonner de voir des Radradra, Tamanivalu, ou encore Brock James gambader sur les terrains d'Angoulême ou de Carcassonne. Cependant, la soupe empoisonnée était encore loin d'être cuite, puisque la marge comptable avec les mauvais élèves du championnat faisait naître une certaine flexibilité, et n'inquiétait guère les locataires de Moga, en interne. Il s'agissait surtout d'arriver à reproduire les efforts de la semaine, et de mettre fin à cette considérable série de mauvais résultats (cinq défaites consécutives).
Ce prisme-ci s'est traduit par une envie décuplée en début de match, et une volonté de priver leurs adversaires de munitions fiables. Ce pari s'est montré payant, puisqu'il a permis à Blair Connor, bien décalé par la course tranchante de l'arrière Ducuing, de plonger en coin (4e). Avant cela, une longue première séquence émergeant du coup d'envoi avait, déjà, épuisé les organismes. Le SUA est asphyxié, balbutie son jeu, opère une distanciation progressive des bases collectives, mais finit par répondre, au moment où l'intervention successive sur la ligne d'avantage de deux joueurs fut décisive : Filipo Nakosi, par ailleurs assez brouillon sur l'ensemble du match, se défaisait de l'étau défensif bordelais, avec la force physique qui le caractérise pour transmettre à Pierre Fouyssac. Intercalé à la perfection en soutien proche, le futur Toulousain n'avait plus qu'à faire parler ses appuis et sa vitesse pour battre le dernier défenseur et filer en coin (7-5, 24e). Son départ à la fin de l'exercice en cours sera une terrible perte pour le collectif agenais.
Un collectif boosté par un soupçon d'ambition, qui n'a sans doute rien pu faire face aux deux erreurs consécutives de l'autre ailier du soir, George Tilsley, à savoir un en-avant à cinq mètres de sa ligne à la suite du renvoi bèglais ; et une volonté de jouer gros bras avec un char d'assaut nommé Apisai Naqalevu. Résultat : un duel gagné par le second cité, qui traîna sur une dizaine de mètres le futur Bordelais, pour finir, probablement trop facilement, dans l'en-but (12-7, 28e). L’incapacité des locaux à assainir un important volume de jeu dans le premier acte s'est opposée à une seconde période plus envoûtante, mais encore trop brouillonne, ponctuée par des ballons rendus aux quatre coins du terrain, et une absence de rigueur - autant hiérarchique que durable - amplifiée par la sortie précoce (50e) du capitaine Erbani.
Une bataille subtilement désordonnée s'est fortement mise en place dans les dernières vingt minutes, et a tourné à l'avantage de Bordelais assez opportunistes, sûrs de leur force de caractère intrinsèque, bien aidés tout de même par les protégés de Reggiardo. Ces défaillances, qui pourraient à moyen terme se transformer en puissants traumatismes, arrivant au plus mauvais moment, dans un match foncièrement capital. Oyonnax, treizième, revient sur ses talons. Le souffle étourdissant et enivrant de l'exploit à Jean-Bouin paraît désormais bien loin. Au contraire, la longévité du manque de bonnes performances de l'UBB a pris fin, dans la terreur et l'engagement. Tout n'a pas été parfait, mais Teague, qui ressort renforcé de cette confrontation à Armandie, assure une rédemption libératrice, et s'en contentera, assurément...
noComment
Inverser la pression, ça met trop de mousse dans le verre