Rappelez-vous, on l’avait laissé en ce jour de juin et d’assemblée générale. Il avait annoncé à tous qu’il arrêtait sa carrière. A même pas 40 ans et deux montées successives, il avait expliqué qu’il en avait marre des entraînements, des déplacements en car et des troisième mi-temps où sa volonté de ne pas se mettre sur le toit était à chaque fois mise à mal. De tout ça, il n’en voulait plus. Ses coéquipiers firent part de leur surprise ou de leur soulagement. Plus de Mimile aux entrainements signifiait pour beaucoup, la disparition du risque des pieds écrasés, des incessants rappels de combinaison en touche et des prêts de gel douche et autres produits qui rendent beau.
Pour d’autres, cet arrêt subi de carrière leur offrait enfin la possibilité de faire leur preuve en équipe première, et d’enfin montrer aux coachs qu’ils valaient mieux que ce vieux grognard. Enfin, pour le trésorier et le soigneur, cette nouvelle signifiait pour l’un qu’enfin il pourrait boucler le budget prévisionnel bien avant la fin de saison, et pour l’autre, l’assurance de ne pas être obligé de se lever aux aurores chaque dimanche pour préparer le Mimile au combat. Finalement, les plus touchés dans cette affaire, furent les para-pharmaciens locaux et plus encore, les fabricants de bande élasto.
Ces derniers n’ont d’ailleurs pas tardé à annoncer la fermeture de l’usine locale. Mais, comme tout le monde le sait, quand on a gouté au rugby, il est difficile de tout arrêter sur un coup de tête. Passé l’été, Mimile tournait en rond chez lui, découvrait les tristes dimanches devant Stade 2, et n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’on ne le reconnaitrait plus dans les rues issoiriennes. Passionné de vidéo depuis que son parrain lui avait offert un caméscope pour sa première communion, il s’est donc décidé à rencontrer le staff technique pour leur proposer ses services comme caméraman officiel du groupe sénior. Un trépied et une caméra plus tard, Mimile officiait en haut des tribunes dans une discrétion relative. Il lui fallut en effet quelques matchs pour comprendre et surtout penser à : soit couper le micro et les commentaires personnels du caméraman qui allaient avec, ou soit se taire durant 160 minutes. Durée de deux matchs séniors.
Les entraineurs, par décence et respect envers les autres joueurs, ne firent part qu’à moi seul, des dits commentaires. Je sais donc ce que pense Mimile des autres et c’est pour cette raison que je me permets de faire une petite chronique sur lui. J’ai les dossiers et il n’aura aucun moyen de se défendre. Mais qu’il ne se plaigne pas. A ma connaissance, il restera, sinon le seul, au moins le premier homme-vidéo d’un club à avoir droit à une reconnaissance quasi-nationale. Et ça, si c’est pas un beau cadeau.
la_bourg
T'inquiète Mimile, de toute façon c'était mieux avant(c) ! 😉