Il lui a dit : « je te préviens, je fais du rugby ». Elle a répondu : « d’accord. Mais pour le moment, mets ta langue dans ma bouche, et embrasse-moi. » Six mois pour tard, elle vient de passer son premier après-midi au stade. Son premier match de rugby en vrai. Elle s’est caillée les miches dans ces tribunes trop grandes et en plein courant d’air. Elle a rien compris aux règles. Elle a essayé de comprendre, mais mise à part voir quinze mecs rentrer dans la gueule de quinze mecs, elle n’a saisi aucune subtilité de ce sport. Même quand ça se battait pas, elle a cru que ça se battait.
Elle n'a pas non plus compris les histoires de pénalités qui valent trois points sauf quand c’est des transformations. Elle a trouvé un peu le temps long, mais elle a dit qu’elle viendrait, alors elle est venue. A la fin du match, elle a attendu son amoureux, qui est venu la voir avant d’aller prendre sa douche. Il était un peu sale, un peu mâché, mais il avait pas mal. D’abord il a jamais mal. Fallait bien qu’il lui montre que le rugby n’est pas ce sport de bourrin où on se fait toujours massacrer. Il a dit qu’il se dépêchait de prendre sa douche et qu’après, ils iraient boire un coup.
Au club house, elle a eu le droit d’être présenté aux copains. Un rugbyman, c’est pas toujours malin avec les filles, mais quand il voit son pote avec cette fille, c’est pas pareil. Il sait que là, c’est du sérieux, alors il sait se tenir et essaie d’être poli. Elle, elle écoute, sourit aux histoires de troisième mi-temps, essaie de se remémorer le match qu’elle vient de voir en essayant de comprendre les subtilités des explications de certains. Elle comprend pas tout, mais c’est pas grave. Son copain reste avec ses potes, elle attend. Ils refont le match, reboivent une bière, puis une autre. Un joueur monte le son de la chaine, la musique est à fond, les chansons s’enchainent. Les bières aussi. Elle va s’assoir vers d’autres filles qui attendent aussi en discutant ou en surveillant les enfants. Elles parlent de tout et de rien. Sans s’en rendre compte, elle s’intègre aussi à ce groupe.
Le temps passe, une autre fille arrive, dit bonjour à toutes, s’assoit près d’elle, discute un peu et lui demande : « c’est lequel ton copain ? ». Elle se retourne et répond : « Le grand, qui fait la chenille sur la table avec le slip sur la tête. » Deux heures plus tard, ils rentrent ensemble. Il laisse sa voiture sur le parking et oublie son sac au club house. Il monte dans la voiture et avant de s’endormir, il dit : « j’t’avais prévenu, je fais du rugby. ».
Hebus57
Excellent 🙂
sorgina
C'est magique, rUSlgby n'a rien à envier aux chevaliers du fiel super......
charly le vrai
Excellent et si vrai ...
Bakaglass
La seule fois où ma copine est venu me voir elle est allé se chercher un macdo avec la meuf de mon frangin pendant le match et s'est endormi dans l'herbe pendant la deuxième mi temps... --'
Ekyrby
Hmm, le mythe de la meuf qui attend dans les tribunes, trop conne pour comprendre les règles et tout juste bonne à garder des gamins et a ramener son Robert trop saoul après la 3e mi-temps.
C'est beau le rugby de clocher.
Team Viscères
Cela s'appelle de l'humour, on caricature des situations pour faire sourire. Petite question : si quand on force le trait sur une demoiselle qui ne comprendrait pas les règles et se ferait chier au stade parce qu'elle accompagne son mec au match c'est du sexisme, quand on force le trait sur monsieur qui est un boeuf analphabète et alcoolique parce qu'il joue au rugby c'est quoi? Parce que si il y a un article qui caricature une femme en "fifille" direct il y a des réactions "mouais, c'est pas un peu limite ça?", mais quand un article ou un commentaire caricature un homme en homme de cro-magnon (ce qui arrive à peu près tous les jours) je ne vois aucune réaction indignée sur ces caricatures exagérées.
Alors oui, dans la vraie vie madame peut totalement être une mordue de rugby et comprendre les règles mieux que les mecs, les joueurs ou même l'arbitre. Madame peut avoir une sacrée descente et avoir plus de conneries à raconter au club house que toute la première ligne réunie. Oui, dans la vraie vie monsieur peut jouer pilier et être neuro-chirurgien ou avoir fait polytechnique. Monsieur peut avoir fait de la danse classique quand il était jeune avant de devenir 3ème ligne découpeur de 10 adverses. Monsieur peut ne pas boire une goutte d'alcool en 3ème mi-temps. Mais voilà, l'article humoristique "hier madame est venu au match, elle l'a regardé puis a bu une bière avec nous et on est rentré" ou "Dédé a Bac+8, il a joué un match puis il est rentré" c'est un peu juste pour espérer faire sourire les gens.
Respirons tous un grand coup, c'est un article humoristique. On peut le trouver à mourir de rire, juste sourire ou ne pas rire du tout suivant notre personnalité, mais pas besoin de la projeter comme une vérité générale. Ce n'est pas parce que l'article nous fait rire que c'est de l'humour génial ni parce qu'on ne rit pas que c'est de l'humour sexiste de merde.
Ekyrby
Ben, 2-3 choses:
- le parallèle entre les stéréotypes de la fille trop conne pour comprendre les régles et le rugbyman débile et alcoolisé ne tient pas, puisque dans le second cas, c'est un modèle qui est porté aux nues par les rugbyman eux même qui se plaisent à véhiculer ce cliché. Parce que dans l'esprit des rugbyman, le bon rugbyman, c'est celui qui se se la colle en 3e mi-temps et montre ses fesses dans le bus. Et y'a aucun souci à ça. Si des mecs veulent se rassembler autour d'une image, fut-elle un peu dégradante, grand bien leur fasse. L'auto-dérision est une activité saine et faut bien des mythes pour se rassembler. Par contre si ils veulent imposer une image ultra-dégradante à d'autres, personne qui n'ont rien demandé, c'est pas la même limonade. De la différence entre se rassembler autour de quelque chose et et contre quelque chose....
- Il ne s'agit pas d'humour. Quand la meuf "ne comprend pas les subtilités", peine à se rappeler le match", "attend son copain", "va s'asseoir avec d'autres filles pour surveiller les gamins", et se contente de regarder son copain s'amuser pour simplement le ramener endormi et saoul comme un cochon, on se fout complètement de sa gueule . Au nom de quoi? Mystère. Quand par ailleurs, le mec est présenté comme le type qui lui comprend les régles, s'amuse, n'a pas mal, et dicte clairement les faits et gestes de sa copine ("elle a le droit d'être presentée aux copains", really?), on se moque de la fille et on glorifie le mec. Caricature? pourquoi seule la fille est caricaturée et le mec glorifié?
- Ce n'est pas moi qui le projette comme une vérité génerale, mais bien l'article qui démarre par :"Comme partout. Comme souvent, c'est comme ça que ça se passe, et que ça se passera encore."
Un humour qui se moque d'une cible pour conforter son public dans sa haute opinion de lui même, je trouve pas ça très défendable.
Un riz savant scie
Ces aspects de la fille qui patiente par amour et du mec qui fait le fier ("il a pas mal" et non pas "il n'a pas mal", c'est du discours indirect libre, l'absence de la marque de la négation indique le caractère puéril du gonze qui ne veut pas faire voir ses blessures afin, pense-t-il, de séduire sa belle ou de lui montrer que c'est un vrai mec ou, comme l'indique le texte, que le rugby n'est pas du tout un sport violent) font de cette scène une scène douce, attachante et amoureuse. La meuf, comme tu le relèves, "ne comprend pas les subtilités", "peine à se rappeler le match" parce que le rugby est un sport compliqué et que c'est la première fois qu'elle en voit. Ce n'est pas dire qu'elle est conne, cela veut dire que c'est compliqué, et c'est justement par amour pour le gars qu'elle supporte le froid, l'incompréhension des règles et la solitude dans les tribunes. Il y a un côté qui pourrait sembler passif dans l'attente de la nana au moment de la 3e mi-temps mais au contraire c'est justement un aspect qui la rehausse largement par rapport au gars : elle a un côté maternel, qui est appuyé par la présence des mères et de leurs enfants, une patience et une quiétude qui en font un repère. Le mec est dans l'hybris, il perd pied, il est décrit comme un enfant tout au long du texte et dès le départ c'est elle qui lui demande de l'embrasser, puis il fait le coq, enfin il s'enivre, fait le zouave et s'endort emporté par sa faible prévoyance. A aucun moment, il n'est glorifié, c'est plutôt une ode à nos femmes, qui sont pour nous autres, leurs hommes, des repères tellement précieux, des phares qui nous permettent de ne pas perdre pied parce qu'elle sont fortes, qu'elles sont là pour nous, malgré nos bêtises, nos mauvais caractères et notre ingratitude.
Ekyrby
Si le seul aspect qui rehausse la fille, c'est son coté maternel, ça valide le message assez nauséabond du texte. Tu peux mettre des petites fleurs autour, il ressort quand même que le rôle de la fille, celui qu'on attend d'elle, c'est de bien patienter, de gérer, de ne surtout pas essayer de comprendre, pendant que les mecs boivent s'amusent et ont le droit d'être inconséquents.
Si c'est là dessus qu'est basée une relation, elle est d'une pauvreté abyssale.
Un riz savant scie
Prends-le comme tu veux, mais la sagesse, la patience et le pardon maternels (ou paternels) sont en effet des valeurs à mon sens glorificatrices mais c'est vrai que l'alcoolisme stupide du gonze le slip sur la tête renvoie une image de l'homme tellement plus positive. A m'en donné si cela avait été l'inverse, la nana qui s'amuse en faisant voltiger sa culotte et le mec qui patiente en ayant une conversation posée, je suis certain qu'on aurait droit à un truc du genre "encore l'image de la femme frivole pendant que l'homme, patient, mûr et réfléchi élabore une discussion construite avec ses comparses".
Ekyrby
Je serai surpris que la représentation qui est faite du joueur de rugby dans ce texte soit considérée comme négative par qui que ce soit dans la fréquentation de ce site. C'est une image qui est communément admise, les interessés eux même s'en satisfont, voire cherche à s'y conformer. Ou est le problème?
Quand à représenter une fille uniquement par rapport à des valeurs maternelles, si belles soient-elles, ça reste réducteur. Il est là le problème du texte. Il ne célèbre absolument pas l'instinct maternel, il réduit la femme au rôle de mère tout en adoubant le comportement d'enfant du mec. Si tu veux mon avis, ça relève d'un complexe d'Oedipe bien carabiné.
Sur ta dernière proposition, soyons sérieux 30s. Il était pas envisageable que la meuf fasse la fête avec tout les joueurs après le match? Qu'elle insulte l'arbitre comme tout un chacun et qu'elle comprenne les régles? Ca aurait moins fait rigoler, c'est sur. Est-ce que ça n'aurait pas quand même été une belle célebration de ce que c'est de sortir avec un rugbyman?
Un riz savant scie
Oui, c'est une hypothèse envisageable et séduisante, qui correspond à une certaine réalité, mais l'auteur de ces lignes a voulu développer une autre réalité, celle du premier contact entre une spectatrice néophyte, femme et forte dans de nombreux aspects du texte, et ce monde du rugby qui est celui du type et qui est dépeint comme bruyant, sale, âpre mais en même temps une échappée vers l'enfance. Ce contraste est intéressant, entre le repère que représente à ses yeux l'amoureuse du protagoniste et l'hybris où lui se jette.
Enfin, je pensais pas être amené à faire un tel commentaire de texte en ta compagnie 😉 On peut diverger sur les lectures mais mon avis est que la dimension sexiste est aporétique, on peut tout autant l'affirmer que l'infirmer. C'est aussi que cette figure de la femme me fait penser à moi lorsque j'ai commencé à m'intéresser de prés à ce sport et à une femme qui m'est chère lorsque je le lui ai fait découvrir à mon tour.
Ekyrby
Oui, bonne discussion (j'ai pas compris "a&aporétique" par contre, et je suis a peu près certain qu'Hybris est un modèle de Toyota). Je comprend ton avis, même si je ne le partage pas. Le texte célèbre trop à mon sens pas une initiation mais un cantonnement à une place de spectatrice. A titre personnel, il aurait fait bondir ma chère et tendre qui aurait été nettement moins polie que moi, parce qu'il confirme un stéréotype qui la debecte autant que moi.
Un riz savant scie
Hybris/hubris : démesure, passion incontrôlée.
Aporétique : qui peut tout autant se démontrer que s'infirmer.
Madame m'aurait incendié et se serait demandée encore une fois ce qu'elle fait avec moi si j'avais eu cet échange avec elle.
Ekyrby
"une fois de plus?" 😀
çoisfrandutrain
Désolé mais ton analyse aussi bien écrite et brillante soit-elle ne tient pas ! Si elle ne comprend pas les règles, si elle ne participe pas vraiment à la troisième mi-temps ce n'est pas parce qu'elle est néophyte, c'est tout simplement parce que c'est une femme ! Et oui, que font les autres femmes au club house ? Est-ce que ce sont elles qui lui expliquent les subtilités des règles du rugby ? Apparemment pas ! Est-ce que les femmes boivent des bières à cette soirée ? Non plus !
Non rien de tout ça, les hommes et les femmes sont clairement séparés. Il y a d'un côté les mecs : "Son copain reste avec ses potes, elle attend" et de l'autre les nanas : "Elle va s’asseoir vers d’autres filles qui attendent aussi en discutant ou en surveillant les enfants". Jusqu'à cette cette dernière phrase, j'avais un avis mitigé, mais après ça, non, il est clair pour moi que ce texte est sexiste. Comme je l'ai dit dans un précédent commentaire, l'auteur ne s'en rend sûrement pas compte et je ne vais pas lui en tenir rigueur personnellement. Mais tout de même, je pense qu'il faut dénoncer amicalement ce genre de pensée.
Un riz savant scie
Soit.
Helmut
Oui entièrement d'accord, dommage sur cet aspect. Souvent elles comprennent tout aussi bien les règles et enchaînent la troisième mi-temps avec nous sans attendre sagement dans leur coin, a profiter des bières et des copains jusqu'au petit matin 😉
Zejack
Pareil.
Je trouve l'article un poil sexiste.
Je dois me tromper...
çoisfrandutrain
Malheureusement j'ai peur que tu ne te trompes pas ! Et le pire c'est que l'auteur n'en est sans doute pas conscient ! Enfin bref...
CantaLove
#valeurs(r)
Marc Lièvre Entremont
Génial, bravo !
lau1
je t'avais prévenu j'ai douze an d'age mental et je suis limite alcolo...
😉