Le rugby étant un sport de compétition, la Fédération s’attache à sélectionner ses meilleurs joueurs. Ceci débute à partir des moins de 13 ans. Les éducateurs signalent au Comité les joueurs dont ils pensent qu’ils ont un potentiel rugbystique. Ces derniers sont convoqués et là commence un vrai n’importe-quoi. Les gosses sont arbitrairement divisés en pseudo-équipes et disputent de pseudo-matchs, scrutés du bord du terrain par des sélectionneurs.
Ceux-ci ont véritablement du mérite car ils doivent détecter les gamins pouvant intégrer la sélection départementale. Or, les enfants, afin de briller, pensent qu’ils seront en lumière s’ils marquent des essais. Conséquence, on voit essentiellement un jeu individuel, au mépris de ce qu’est l’âme même du rugby : le collectif. Néanmoins, on en choisit quelques-uns (en premier lieu les plus sales car ceux qui finissent les matchs immaculés prouvent qu’ils n’ont pas plaqué) et ils sont convoqués pour un entrainement ultérieur.
Lorsqu’ils se retrouvent, ils se regardent en chiens de faïence, car ils reconnaissent dans leurs coéquipiers leurs adversaires d’hier (et du mois dernier, voire des années antérieures). Pourtant cela fonctionne, par un miracle inexplicable : un esprit de corps se crée, bien qu’il ne soit pas porté par l’amour du maillot. En revanche, dans le club s’esquisse une pointe de jalousie : les parents de Peyo, non sélectionné, envient un peu la mère de Léo qui leur raconte le tournoi régional de la sélection. Les gamins sont plus sains : ils sont fiers que leur école soit représentée au niveau départemental par un copain.
Pour les éducateurs, dévoués bénévoles, c’est l’aboutissement suprême: leur travail a payé et est reconnu.
Là où ça se corse, c’est lorsque le papa d’un sélectionné reçoit le coup de fil de l’entraineur des cadets du club de Top 14 local. Les éducateurs du club formateur ont alors types de réactions :
- Ces connards auraient dû m’appeler avant, au lieu de me court-circuiter !
- C’est super bien pour le gosse mais je pense que c’est un peu tôt pour lui.
- T’es sûr que c’est pas que parce qu’il est grand ?
Et là, le petit en question entre dans les affres du doute : sera-t-il à la hauteur ? A-t-il le droit de lâcher ses copains ? La vie devient soudain dure. Il faut donc comprendre que les sélections ne sont pas un aboutissement mais un début : celui de l’apprentissage de sa future destinée d’adulte, faite de choix et de renoncements…
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Droitdevant
Les sélections de gamin, grand moment de bravoure !!!
Les parent pensent que leur petit est une graine de star, et si peu que le gros club d'à côté se renseigne sur le petit ou appel les parents alors là c'est Midol obligatoire.
Il est vrai je quand tu es éducateur envol dans un petit club ça te gavé un peu de voir un minot chassé des 13, 14 ans.
D'autant que tu le vois souvent revenir une fois qu'il n'est plus junior. Des fois même le selectionneur du comité est salarié du gros club d'à côté, magnifique!
Rien n'est parfait sur la planète ovale.