Deuxième-ligne de 31 ans, Cédric Boudry porte le maillot de Sucy depuis dix ans. "Je n’ai connu que ce club dans ma « carrière ». Beaucoup de mes amis y jouaient, et je me suis laissé tenté par l’aventure. Je ne l’ai jamais regretté !" Retour en sa compagnie sur l'évolution d'un club champion de son comité en 2016, aujourd'hui mêlé à la lutte pour les phases finales en Fédérale 3.
Salut Cédric ! Commençons par les bases : comment tu décrirais ton club ?
Sucy, c’est avant tout un club de copains qui a su évoluer grâce aux travail des dirigeants et des éducateurs. Nous prenons un grand plaisir à nous retrouver, et le développement sportif s’est fait petit à petit, à notre rythme. Les joueurs sont partie prenante du projet. Année après année, les juniors nous rejoignent, et cela se fait bien. Cette année, quatre d’entre eux évoluent régulièrement en première et c’est une grande fierté. La plupart de mes coéquipiers n’ont connu que ce club depuis l’Ecole de Rugby. Maintenant, cela évolue et des éléments extérieurs nous rejoignent. C’est un grand plaisir de les accueillir et de partager de bons moments autour d’une bière. Le club a su se structurer à chacune de ses montées. Aujourd’hui, le club est stable. En dix ans, il a oscillé entre Honneur et Fédérale 3, et nous comptons bien y rester le plus longtemps possible !
Il y a deux ans, vous êtes champions IDF Honneur. L'an passé, vous faîtes les phases finales de Fédérale 3 et ça semble bien parti cette saison puisque vous êtes 3èmes, câlés derrière Châteauroux et GTO. Une belle évolution !
Il y a deux ans, Alexis Teytaut a repris l’équipe en Honneur, et il a su redonner confiance à tout le monde. Quand il est arrivé, il nous a dit : « les gars, vous avez de la chance, cette année vous allez pouvoir jouer les deux boucliers (IDF + France). » On s’est tous marrés et puis au final, on fait champion IDF et demi-finale de France. Une magnifique aventure, les phases finales, c’est incroyable. L’année dernière, on rattaque tambour battant, on fait une excellente première partie de saison et puis dans le creux de l’hiver, ça se complique. On finit en barrage et on perd contre Compiègne. Cette année, on fait également un très bon début de saison mais avec la multiplication des matchs et quelques faits de jeux défavorables, nous avons perdu plusieurs matchs. On espère vite reprendre notre marche en avant !
Crédit photo : Christine
Je dirais que l’équipe est très joueuse, on essaye de produire du jeu, tout le monde se connait très bien et on a un groupe complet et de qualité. Aucun joueur n’est indispensable selon moi, c’est le collectif. La vraie difficulté cette année, ce sont les quatre matchs supplémentaires liés au passage des poules de 10 à 12. Il y a la fatigue, les blessures, et puis faire passer la pilule à Madame !
L'objectif de cette fin de saison, c'est quoi ?
L’objectif en début de saison, c’est « se maintenir et puis on voit ! ». Aujourd’hui, nous ambitionnons de qualifier les deux équipes (Première et Réserve), et puis quand tu es en Championnat de France, tu prends les matchs les uns après les autres… La Fédérale 2, c’est un autre niveau. Cette année, Meaux et Plaisir, qu’on a souvent affronté, souffrent beaucoup et disposent de moyens plus important que les nôtres… Meaux semble condamné, mais j’espère que Plaisir arrivera à se maintenir !
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Chez les amateurs, on voit de plus en plus de joueurs payés (contrat, prime) : comment ça se passe chez vous ?
On entend des trucs, untel prend tant de fixe, dans ce club y’a tant de primes de victoires… Je pense qu’il y a beaucoup d’hypocrisie. En ce qui concerne l’Ile-de-France, c’est compliqué : à Sucy, il doit avoir pas loin de 100 associations sportives et des clubs de rugby de bon niveau, il y en a plus d’une dizaine à 30 minutes de route. Alors pour attirer des sponsors, faut avoir du pot ou avoir un dirigeant qui a les pieds dans la société. Beaucoup de clubs galèrent et doivent faire attention. Les dirigeants, souvent âgés, tiennent le club et font le sale boulot mais derrière, quand il y en a un qui quitte le club, on se dit « ah bon, il faisait tout ça ? ». Quand on joue dans des clubs de Province, c’est vrai qu’on évolue dans quelque chose de différent : entrée payante, forte affluence, médias locaux présents, sans parler des joueurs étrangers… C’est le jeu, on est encore plus content quand on les bat !
Crédit photo : Christine
A Sucy, tout le monde paye sa cotisation et en cas de victoire, nous avons une prime de bière ! Chacun des joueurs participe au projet, en encadrant les jeunes, en donnant un coup de main au bar ou en faisant des affiches pour les matchs par exemple. Il n’y a pas de Comité des Joueurs, si on tient le bar c’est pour le club et si on a un projet de voyage par exemple, le club va essayer de nous aider.
S'il ne paie pas, comment un club comme Sucy fait-il pour convaincre des joueurs de le rejoindre, dans un secteur aussi concurrentiel ? Votre effectif a-t-il beaucoup évolué entre ce titre IDF Honneur et cette très belle troisième place en Fédérale 3 ?
Déjà, je dirais qu’il y a une grande stabilité des joueurs. Du groupe d’il y a deux ans, tout le monde est encore présent. C’est plus en réserve où l’effectif a évolué. Pour un club comme le nôtre, avec les difficultés de chacun, c’est pas loin de 80 joueurs qui composent le groupe ! Pour recruter, comme je te l’ai dit, on puise dans le vivier des Juniors qui s’intègrent bien, notamment cette année. Ensuite, chacun des joueurs tente de son côté de recruter, de ramener ses potes ou de convaincre des mecs qui ont arrêté de reprendre.
Quand on sort à Paris, rue Guisarde par exemple, tu parles forcément rugby et tu proposes aux mecs de venir essayer. On a pas mal de joueurs du Sud-Ouest qui viennent bosser à Paris qui nous ont rejoint récemment et quand ils te disent : « les Parisiens, vous êtes moins cons que je pensais » ou « j’imaginais
pas trouver un club comme ça, ici » ça fait très plaisir, c’est clair !
Qu'est-ce que t'inspirent les problèmes financiers rencontrés par plusieurs gros clubs franciliens comme Saint-Denis ou Bobigny ? Relégués administrativement, vous pourriez les affronter l'an prochain. Le leader de votre poule, Châteauroux, a de nombreux étrangers dans son effectif... Est-ce qu'on peut toujours parler de rugby amateur, même en Fédérale 3 ?
C’est un sujet épineux, c’est clair. Je pense que c’est une histoire d’égo, et que certains présidents ont plus d’ambitions que leurs clubs devraient avoir… Ils créent des budgets trop importants et s'is ne montent pas rapidement au niveau au-dessus, ça coince. Je ne pense pas que notre sport soit plus touché que d’autres, mais c’est vrai que voir Auch ou Périgueux dans des niveaux inférieurs, c’est bizarre. Mais c’est le rugby moderne. Aujourd’hui, Rouen vise la Pro D2, alors qu'on les rencontrait il y a quelques années… Le rugby amateur c’est un grand mot, chacun en fait ce qu’il veut. La Fédérale 3 est un carrefour entre deux mondes, mais on peut y exister avec un modèle comme le nôtre. Maintenant, tout reste très fragile, les récentes descentes de notre voisin de la VGA Saint-Maur sont là pour nous le démontrer. On reste vigilants !
Aujourd'hui, vous êtes la vitrine du rugby dans le 94 avec les descentes de Vitry et Vincennes en Honneur : qu'est-ce qu'on peut souhaiter au club par la suite ?
Oui, encore une fois, tout va très vite ! Les dirigeants ont une importance cruciale dans l’évolution des clubs. Une seule année difficile, et cela peut être la descente aux enfers et quand on connaît les difficultés pour remonter, c’est un vrai casse-tête ! Ce qu’on peut souhaiter ? Une belle fin de saison avec un maximum de victoires et de plaisir. Un temps clément pour retrouver durablement nos terrains, et une belle fin d’année avec notre Tournoi de Seven’s le 3 Juin. Pour la suite, rester le plus longtemps en Fédérale 3, garder notre identité et nos valeurs et la transmettre aux jeunes qui le feront à leur tour !
Enfin, la meilleure question : tu as une anecdote insolite sur votre saison qui pourrait faire rigoler nos lecteurs ?
On est une bonne équipe de fêtards et comme partout, ça chambre beaucoup entre gros et ¾. Cette année, avec le calendrier infernal, on n'a pas pu faire notre « Soirée de Gros » habituelle, alors on a décidé de la faire en lieu et place d’un entraînement. Bien sûr, on avait pas match le week-end suivant ! Le plus dur a été de garder le secret pendant les jours précédents, pour que ça ne fuite pas auprès des arrières, car on voulait forcément se marrer !
Le jour de l’entraînement, les ¾ se pointent et pas un gros de présent, même le coach des avants était dans la combine. On s’est bien marrés et eux était furieux. On attend les représailles, mais on ne sait pas encore quand !
Crédit photo : Christine
Chicobay
Oui le RAC est un peu le frère jumeau de Sucy côté ouest. Et on s'y fait des amis pour la vie.
Serge Bête de Seine
Dans ce même très bon état d'esprit cela me rappelle le club de Rueil en fed 3 aussi ! Je n'y ai joué que 3 ans hélas mais garde de très bon souvenirs et de très bon copains (je crois ????)... C'est sûr ce genre de clubs que le rugby amateur doit s'appuyer pour perdurer et garder son âme !