Je crois pas qu’on en ait déjà parlé. Le chauffeur du car. Un héros ! Et je pèse mes mots. Un gars capable de tout. Aussi bien dans le pire que dans le meilleur. Le genre de mec qui, s’il veut postuler pour ce poste à haute responsabilité, doit montrer un CV en béton. S’il peut garantir qu’il a fait 15 ans minimum d’armée chez les commandos, des missions au Kossovo, en Irak et en Afghanistan, qu’il possède la licence de transport d’animaux vivants et qu’il arrive à conduire un Airbus A320 en pleine tempête, il peut éventuellement faire l’affaire. Si, en plus de tout ça, il a le permis transport en commun c’est mieux, mais c’est pas le plus important. Physiquement, faut que le mec soit gainé des brandillons. C’est quand même lui qui tient le volant du véhicule et, lancé à 130 ou 150 sur une route de montagne, il doit être capable de maintenir le cap, quand la cinquantaine de poilus qu’il trimballe s’amuse à faire des : "virage à droite, virage à gauche", en joignant le geste à la chanson.Le rugby, des souvenirs pour toute la vie (au minimum)La chanson justement. Il devra rester calme en toute circonstance et respecter la play-list du groupe. TNT d’AC-DC à fond les watts, puis Big bisou de Carlos chanté en chœur par l’équipe et sans transition. Il devra aussi savoir tenir une conversation à peu près sensée avec des vieilles personnes…..enfin avec des dirigeants, qui lui demanderont une semaine sur deux, combien le moteur fait de bourrin, combien ça consomme un engin pareil, comment ça marche les amplitudes horaires, etc. Il répondra sérieusement en se disant que de toute façon, les dirigeants s’en rappelleront plus au prochain voyage et qu’il faudra qu’il recommence.
Après plusieurs saisons auprès de l’équipe, il sait maintenant que quand il entend : « pipi chauffeur, pipi chauffeur », l’arrêt promis juré de même pas 5 minutes, juste pour pisser, va durer au moins une demi-heure. Entre celui qui fume sa clope avant de pisser, celui qui pisse avant de fumer, celui qui a pas envie de pisser au début et qui a envie après, celui qui a soif et qui va faire ouvrir les soutes pour chercher un ou plusieurs nouveaux pack de bière, celui qui s’est endormi et qui sort du bus 20 minutes après l’arrêt, celui qui cherche un endroit discret pour la grosse com’, celui qui sait pas, qui hésite, qui croit que oui, mais en fait non, celui qui se dit qu’on pourrait faire un petit quatre heures et enfin, celui qui est tout ça à la fois, et qui, une fois le bus reparti, s’avance vers les têtes pensantes du club pour demander si on s’arrête bientôt : « juste pour pisser. »
Le chauffeur de bus doit rester stoïque en toute circonstance. Il sait qu’une parole maladroite, un geste déplacé peut conduire à un drame. Rien que chez nous, cette saison on en a déjà laissé deux sur le bord de la route et un troisième a été recouvert de goudron et de plumes arrivé à destination. Et encore, nous, on est des gentils. On est des gentils parce qu’on compte sur le patron des cars pour nous planter des essais, mais quand il aura pris sa retraite, ça sera comme ailleurs. Le nôtre de chauffeur et depuis au moins 20 ans, c’est Philippe. Mais en vérité, il s’appelle pas comme ça, son vrai nom c’est Toto.Le jour du soigneur (tous les dimanches, à la même heure)
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- Points encaissés
Parce que oui, il fait partie du groupe et des fois, c'est même pas lui qui l'a décidé. Respect messieurs.