A la découverte du rugby au Guatemala avec Sébastien Huerta [Affaires Étrangères]
Depuis 2014, Sébastien Huerta joue au rugby au Guatemala.
Découvrez l'aventure du Français Sébastien Huerta, Basque d'origine, parti s'expatrier au Guatemala.

Mais non, le Rugbynistère des Affaires Étrangères n'est pas mort ! Après deux années de pause, nous nous sommes remis à faire le tour du monde et avons posé nos valises au Guatemala. Là-bas, nous avons fait la rencontre de Sébastien Huerta, né en France dans le Pays basque et parti s'installer au Guatemala pour des raisons professionnelles. Bercé dans le rugby dans ses années étudiantes, il le pratique désormais en Amérique centrale et nous raconte son expérience.

Bonjour Sébastien ! Tout d'abord, première question classique, comment t'es-tu retrouvé au Guatemala ?

Je suis parti en 2014. Mon beau-père avait une société au Guatemala et moi, je suis marié à une Guatémaltèque. On vivait en France avec ma femme, et mon beau-père a perdu son entreprise à cause de problèmes de familles. Du coup, il s'est lancé dans un nouveau projet et nous, on est parti pour lui donner un coup de main. En arrivant là-bas, j'ai rechaussé les crampons, car forcément, quand tu arrives dans un nouveau pays, le sport, c'est le meilleur moyen de connaître des gens et de sortir un peu du quotidien.

Tu as débuté le rugby en France, par quels clubs es-tu passé ?

J'ai débuté à Mouguerre, puis je suis parti à Séméac, à côté de Tarbes. J'ai dû jouer de 18 à 24 ans. Ensuite, j'ai fini mes études et j'avais mon stage de fin d'études à Bayonne. Avec un copain, on est parti jouer à l'Atletico San Sebastian, car, comme le club jouait le samedi, cela permettait de sortir avec les joueurs le samedi soir. Puis je me suis cassé le nez là-bas, ce qui n'a pas beaucoup plu à mon patron et m'a poussé à arrêter...

Tu as donc arrêté pendant plusieurs années ?

J'ai dû arrêter bêtement oui. Car, étant embauché à 24 ans, je n'avais pas envie de me blesser et d'être en arrêt. Je n'ai donc pas fait de rugby pendant 5 ans, de 2014 à 2019. Mais avec le recul, je regrette...Aujourd'hui, je me rends compte qu'une blessure au rugby, ce n'est pas forcément grave...

Tu as maintenant repris le rugby au Guatemala, comme ce sport est-il organisé là-bas ?

En ce moment, il y a une bonne génération. Il y a surtout une grosse équipe, San Jose Maria, qui est championne du Guatemala depuis quatre ans. C'est un club qui a aujourd'hui 15-20 personnes présentes régulièrement à l'entraînement. Par ailleurs, il existe trois autres équipes au Guatemala, mais c'est beaucoup moins organisé... En général, il est compliqué d'avoir tout le monde pour le dimanche, mais on y arrive à peu près pour l'instant. Il y a deux ans, un championnat commun avait lieu avec le Salvador. Mais les déplacements étaient assez longs, car le Salvador est à cinq heures du Guatemala. Désormais, il existe donc un seul championnat ici. Mais il y a quand même de fortes rivalités entre les clubs. Les Quetzales, le nom du club pour lequel je joue, qui est également la monnaie du Guatemala et un oiseau du pays, perdons depuis trois ans en finale contre San Jose Maria.

Le championnat est donc assez réduit, existe-t-il des sélections pour permettre à certains de jouer un peu plus ?

Oui, il y a aussi des sélections. Pour le Guatemala, il est très important de gagner le Costa Rica. C'est le match qui détermine qui est la meilleure équipe d'Amérique centrale. Guatemala, Salvador, Honduras, Costa Rica et Nicaragua sont en grande rivalité. Avec le Guatemala, on était en troisième division d'Amérique. Sur le continent américain, il y a l'Argentine qui est hors catégorie. Ensuite, il y a la première division d'Amérique du Sud où il y a de très belles équipes comme l'Uruguay et le Brésil. De ce fait, il y a derrière une deuxième division d'Amérique du Sud et une troisième division. Cette dernière rassemblait uniquement les pays d'Amérique centrale. Chaque année, nous étions en finale avec le Guatemala, contre le Costa Rica. Puis, les pays d'Amérique du Sud ont décidé de laisser une chance à ces deux équipes en division supérieure. Le Guatemala et le Costa Rica sont donc montés en deuxième division. Cette année, nous devions jouer contre le Pérou, le Costa Rica et le Venezuela. Mais ce dernier n'a pas pu venir à cause des problèmes politiques qui touchent le pays.

De plus, pour venir au Guatemala, quand on vient d'Amérique du Sud, il faut le visa américain.
Car, comme nous sommes très proches des États-Unis, beaucoup de gens prennent l'avion jusqu'au Guatemala ou au Mexique, et vont ensuite à pied ou en bus jusqu'à la frontière pour rentrer aux États-Unis. Le fait que les Vénézuéliens n'aient pas pu venir a créé un peu de débat pour le coup, car tout le monde disait que les Guatémaltèques avaient refusé l'entrée aux Vénézuéliens. Le Guatemala a donc dû expliquer dans un communiqué que ce n'était pas la faute des Guatémaltèques, mais celle des Vénézuéliens, qui ne s'étaient pas pris à temps pour demander leurs visas, pensant que le motif de la compétition sportive serait suffisant. Alors que l'ambassade leur avait expliqué huit mois avant, qu'il y avait des procédures à remplir. Du coup, nous n'avons joué que contre le Costa Rica, que nous avons battu, et le Pérou, contre qui on a perdu. Cette saison, on a donc fini deuxième de cette division. La compétition est désormais lancée pour trois ans et celui qui finira premier à l'issue de ces années-là jouera un match de barrage contre le dernier de la première division.

En terme de niveau, à quoi cela correspond, selon toi, par rapport à celui que tu as connu en Hexagone ?

Pour ce qui est du niveau, je dirai qu'on se rapproche de l'Honneur à peu près. Après, c'est compliqué de comparer, car ce sont des joueurs qui sont très solides physiquement, très athlétiques. Ici, ils font beaucoup de musculation, trois à quatre heures par jour environ. Mais par contre, techniquement, c'est très limité. Ils ont du mal à faire des passes, à comprendre le jeu. Sur le terrain, on le voit, les joueurs marchent souvent, car ils manquent de repères... C'est pour ça que, même si je ne suis pas en très grande forme physiquement, j'arrive à me débrouiller avec eux. Après, c'est aussi compliqué de prendre exemple, car ici, il n'y a pas la télévision, et donc on ne peut pas voir les meilleurs jouer. Certains regardent des matchs de rugby sur Internet, mais c'est totalement différent de la France. J'ai fait le calcul, et au Guatemala, on est que 80 joueurs, c'est incomparable avec la France...

Qui intervient alors sur la formation de ces joueurs pour les amener à se développer rugbystiquement ?

Il y a deux ans, il y avait un peu d'argent qui était rentré. Du coup, ils avaient embauché un entraîneur anglais. Il est resté pendant deux-trois ans. Mais après, ils sont aussi obligés de faire avec les locaux, construits par des étrangers, mais délaissés. Les terrains sont également très durs, on manque d'infrastructures, il n'y a pas de vestiaires par exemple... Aujourd'hui, ça manque cruellement d'influence de pays bercés dans le rugby comme la France ou l'Argentine.

Interviens-tu dans ce cadre-là pour apporter ta connaissance du rugby français ?

C'est compliqué, car il faut donner beaucoup de temps et je n'en ai pas forcément...

Pour vaincre les problèmes de nombre, ne vous dirigez-vous pas vers d'autres formes de rugby plus adaptées, comme du rugby à 10 ou à 7 ?

Il y a également du rugby à 7. Des compétitions sont souvent organisées entre les pays d'Amérique centrale, notamment avec les Panaméricains (équivalent des Jeux olympiques, mais réservé exclusivement aux pays des Amériques). Ce qui est bien avec le rugby à 7 au Guatemala, c'est qu'il y a plus de clubs, car d'autres villes peuvent plus facilement s'intégrer, comme le nombre est réduit. Sur les tournois, on arrive rapidement à sept voir huit équipes.

Sur le plan personnel, peux-tu jouer avec la sélection guatémaltèque ?

Je ne peux disputer que les compétitions ayant lieu sous l'égide de World Rugby, car pour l'instant, je ne suis pas naturalisé. Je vais bien mettre cinq ou six ans à faire les papiers. Mais comme World Rugby accepte qu'un joueur joue dans un pays où il a passé minimum trois ans, cela me permet de jouer certaines compétitions. Du coup, je ne peux pas les accompagner à 7. Mais la partie à XV que j'ai pu faire, j'en garde un très bon souvenir.

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Top ! J'avais raté cet article 😉

Il commence à y en avoir quelques uns sur le rugby en Amérique Latine. J'ai un copain au Mexique, j'espère qu'il va compléter les chroniques de l'étranger très bientôt.

J'ai joué contre le Guatemala en 2015 avec l'équipe du Honduras (en tant qu'invité depuis le Nicaragua pour compléter leur équipe). Comme dans la majorité des pays d'Amérique Centrale, j'ai trouvé que le rugby était très élitiste là-bas. La troisième mi-temps n'avait rien à voir avec ce qu'on peut trouver comme ambiance en Europe. J'avais quand même bien rigolé avec 2/3 guatémaltèques très sympas.

Tant que SudAmerica Rugby n'aidera pas plus les petites Fédérations à s'organiser et à changer les mentalités, ça sera compliqué. Il faut espérer que plus d'étrangers s'impliquent pour soutenir les quelques locaux qui ont compris les valeurs du rugby. D'ailleurs, si vous pouvez quand vous voyagez là-bas, n'hésitez pas à participer à un entrainement et offrir du matériel, ça fait toujours plaisir.

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