Avant l'Italie, c'était cette équipe qu'on ne pouvait pas supporter au foot, mais qu'on aimait bien au rugby, parce qu'ils jouaient tous chez nous et qu'ils étaient un peu nuls, donc attendrissants. Ca, c'était avant le 12 mars 2011... maintenant qu'on les déteste aussi, la Boucherie n'a trouvé aucune autre solution que de faire appel pour cette fiche à un italien de coeur – non pas Julien Bonnaire - Thomas Perotto, webmaster du site Rugbystiquement Votre et collaborateur de la Boucherie sous la plume de Pierre Albala-Dijo.. Il se trouve que Thomas croit fort en une qualification des italiens pour les quarts de finale... pourquoi pas, après tout il y en a bien qui pensent que les Bleus seront champions du monde...
Présentation : Le XV d'Italie
« Le 15 mai 1796, Bonaparte entrait dans Milan à la tête de cette jeune armée, qui venait apprendre au monde qu’après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur » Stendhal.
« Le 9 octobre 2011, Parisse entrait dans Auckland à la tête de cette jeune équipe, qui venait apprendre au monde qu’après tant d’années, Cannavaro, Totti et Cipollini avaient un successeur » Cédric Beaudou
L’Italie est terre de grands hommes, sportifs, politiques, artistes et joueurs de mandolines. Pour ne citer qu’eux, le Duce, Petacchi, Eros Ramazzotti, Tiziano Ferro. Et bien sûr, Silvio Berlusconi. Car, si les rugbymen italiens seront dans une forme insolente au Mondial, c’est aussi grâce aux encouragements pointus de leur chef du gouvernement. Comme il l’a dit lui-même, « il vaut mieux aimer les jolies filles qu’être gay ». Emmenés par Parisse et sa Miss France, les Ritals ont repris du poil de la bête. Bien décidés à remettre les points sur les « i » après des siècles d’outrages.
Le destin de l’Italie est lié à celui qui fait rêver Dominique de Villepin, tout en ayant une influence considérable sur le Parti Socialiste. Oui, comme quoi. On parle évidemment de Napoléon. Pour ceux qui seraient à la ramasse, DdV écrit sur le petit caporal – pas Jacques Fouroux, hein – à longueur de temps et les pires socialistes d’Europe (au moins une chose où les Français sont meilleurs que les autres) ont leur chef qui réside rue de Solferino, lieu d’une bataille en 1859, orchestrée par Napoléon III. Bref. Comme Napoléon arrivé en 1796 sur la pointe des pieds en Italie avec son armée de va-nu pieds, l’Italie a fait la même chose avec son équipe de rugby. Timidement entré dans le Tournoi en 2000, la Squadra Azzurra a mis du temps à se faire aux joutes rugbystiques. Comprenez, un italien avec un ballon de rugby, c’est presque aussi fou qu’un Guirado avec ce même ballon. Comme le chantait si bien Frédéric François « j’ai le cœur qui bouge, je parle avec les mains », les Italiens ont plus l’habitude de brailler et s’exprimer avec leurs mains que de faire des chisteras. Et pourtant. Pour comprendre l’évolution rugbystique de ce pays coloré, chantant, et un peu dégueulasse parfois (Naples, quoi…), il faut là aussi se replonger un instant dans l’histoire.
Le 24 janvier 1932, Benito Mussolini annonce l'occupation militaire de toute la Libye. Deux ans plus tard, la Cyrénaïque et la Tripolitaine sont unies administrativement en une seule province, nommée Libye, en référence à l'antiquité romaine. L’Italie reprend donc du poil de la bête. Comme cet après-midi de mars 2011 (le 12 pour être précis) où les hommes de Nick Malett s’offrent la France, dans le Tournoi des VI Nations (22-21). Les espoirs renaissent. Fratelli di Italia, unis contre le reste du monde. Dans la lignée des joueurs fantastiques du rugby moderne, Alessandro Troncon, Diego Dominguez, Martin Castrogiovanni (putain, il est encore là), Aaron Persico (du coup j’ai lu tous les papiers sur lui quand je me suis rappelé de cet extraordinaire joueur), Alessandro Stoica, Denis Dallan et tous les autres.
En Coupe du Monde, la passé italien n’est pas très glorieux. Élimination au premier tour à chaque fois. Il y a quatre ans, la bande aux Bergamasco a bien failli taper les Écossais et filer en quarts. Dommage, il faisait mauvais, et Diego Dominguez n’était plus là. Cette année par contre…
La star : Mirco Bergamasco
Deux frères. Mais comme dans le film pourri de JJ Annaud. L’ainé d’abord, Mauro et le « petit », Mirco. Depuis deux ans, c’est le plus jeune des deux frères Bergamasco qui squatte le plus souvent le haut de l’affiche. Si les Ritals veulent faire une belle Coupe du Monde, ils vont devoir compter sur un grand Mirco Bergmasco, promu buteur de la Squadra depuis peu. Pendant le Tournoi, le blond-bouclé a porté l’Italie vers le succès face à la France. Un pays où il a rendu bien des services depuis son arrivée en 2003 au Stade Français (il joue aujourd’hui au Racing-Métro 92, salaud de traitre, renié depuis par Cosa Nostra). Les statistiques sous le maillot azzurro parlent pour le petit Mirco devenu grand. 81 sélections et 229 points (17 essais, 42 pénalités, 9 transformations). Ailier exemplaire de travail et de courage (quand on est italien et qu’on joue au rugby, il en faut), il sera – au même titre que Sergio Parisse – le leader de tout un peuple en Nouvelle Zélande. Au nom du frère Mauro, de sa famille et de son pays. Amen.
Sur youtube, il y a beaucoup de vidéos de Mirco à oualpé, beaucoup moins d'extraits de ses essais. On a trouvé qu'un hommage rendu aux deux frères Bergamasco, puisqu'ils sont inséparables, comme les jumeaux de Secret Story.
Le joueur à suivre : Sergio Parisse
L’un des meilleurs troisièmes lignes du monde est... italien. Cela peut surprendre. Dans les faits, absolument pas. Sergio Parisse sait tout faire avec un ballon de rugby. Et pourtant, il joue numéro huit (cela ne veut pas dire qu'Elvis Vermeulen doit être stigmatisé hein). Très bon ballon en main, puissant, rapide, belle vision du jeu, rapidité d’exécution. Parisse possède toutes ces qualités. C’est le leader technique du XV d’Italie. Capitaine même. C’est aussi le baromètre. Autant dire qu’en Nouvelle-Zélande, tous les regards seront portés sur lui. En 2003, il avait été élu parmi les joueurs les plus beaux du Mondial. Il pourrait l’être aussi cette année. Le titre de meilleur joueur en plus ?
Le joueur à suivre, rien que pour rire : Martin Castrogiovanni
Martin, c’est la classe. C’est un pilier à l’ancienne, bedonnant à en faire craquer le maillot azzurro. C’est le genre de type, qui à 30 ans, est capable de démonter n’importe quel adversaire en mêlée fermée. Il a des cheveux longs, gras, on le croirait tout droit sorti d’un film sur les Huns. Martin Castrogiovannni, c’est plus de 10 fautes par match pour avoir déblayé sur le côté ou avoir hors jeu. Et encore, 10, on est gentil. Et puis après, il râle, il se moque, il met des coups de poing et chambre. C’est Martin.
Ici, Martin essaye de faire péter un plomb à Dylan "Fourchette" Hartley. Et là, c'est le drame... ça marche même pas.
L’entraineur : Nick Malett
Physiquement, il y a un peu de Georges Clonney chez Nick Malett. Pour le reste, c’est un Tri Nations en 1998 avec les Springboks et deux boucliers de Brennus avec le Stade Français en 2003 et 2004. L’époque ou le SF jouait avec Pichot et Dominguez, s’il vous plait. Depuis 2007, Nick a pris les rênes de la sélection italienne et l’a portée au niveau où elle est aujourd’hui. Pas mal, donc.
Le style de jeu :
Question difficile. Un gros pack, du vice et un bon buteur. C’était le temps de Diego Dominguez. Depuis l’arrêt de sa carrière, l’Italie n’a pas trouvé d’ouvreur capable d’enquiller à plus de 80% tout en animant le jeu convenablement. Du coup, le style de jeu se résume plutôt à un gros combat d’avant dans les rucks et en mêlée. Après, si Mirco vise bien et si Canale et Masi attrapent quelques bons ballons, ça peut être cool.
Le scénario idéal :
L’Italie prend une charge contre l’Australie, mais ils s’en branlent. Ils font le nécessaire – de justesse – face à la Russie et les Etats-Unis. Ok. Voilà le match crucial contre l’Irlande. Les Italiens s’explosent le cibouleau contre les murs des douches et entrent sur le terrain remontés comme des pendules. Match accroché, Sexton se bat à la mi temps avec O’Gara et le XV du Trèfle n’est pas dans son assiette. Ca tombe bien, Mirco enquille les pénalités comme Castrogiovanni les fourchettes sur Cian Healy. En plus, Orquera claque un drop à la 80ème. 19-17. Tout le monde pleure (déjà là, j’ai les larmes aux yeux). L’Italie est en quarts. Face au Sudafs’, bis repetita. En même temps, les Boks ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. L’Italie prend les clés du match et s’impose 32-12, facile. Bon, après j’arrête d’imaginer car je n’ai pas envie de vous gâcher le suspens. Mais face aux Blacks Nick Malett aligne Luciano Leggio, Michele Greco, Salvatore Riina, Bernardo Provenzano, Matteo Messina Denaro, entre autres. Giovanni Falcone, qui devait arbitrer le match a disparu à quelques heures du coup d’envoi. Bizarre.
Le scénario catastrophe :
Y en a pas. L’Italie sera en quarts de finale.
Le pronostic :
Ca fait trois ou quatre fois que je vous le dis, les quarts. Après, on peut toujours rêver. Ou se réveiller, au choix.
Crédits :
Thomas Perotto avec l'aimable participation de l'équipe de la Boucherie Ovalie. Merci à Capitaine pour le drapeau et à Stendhal d'avoir rédigé la phrase la plus intelligente de cet article. Si vous aussi vous pensez qu'Ovale Masqué ressemble à Martin Castrogiovanni quand il arrête de se laver pendant 6 mois, donc souvent, venez nous aimer d'amour sur la page Facebook de l'Immonde du Rugby ou bien aussi sur celle de la Boucherie Ovalie.
Dans la même série :
Poule A :
La France par Ovale Masqué
Les Iles Tonga par Ovale Masqué
Le Canada par Fourchette & Desman
La Nouvelle-Zélande Par Vern Crotteur
Le Japon Par Capitaine
Poule B :
L'Angleterre Par Poteau Feu
L'Argentine Par Ovale Masqué et Ovale de Grace
La Roumanie Par Capitaine
L'Ecosse Par Damien Try
La Géorgie Par Capitaine
A venir : On préfère vous faire des surprises, on est des coquins.
b.gollier
Sympa comme toujours 🙂 Mais bon, l'Italie en quarts comme scénario catastrophe... C'est très optimiste 😛 Même comme scénario idéal d'ailleurs 😀
jean lemou
Ces chroniques sont vraiment cultes,vivement la suivante.
kcare
j aime beaucoup ces analyses, ironique et un peu satirique des équipes allant a la coupe du monde, mais celle de l italie me plait particulièrement, bonne continuation c est un grand moment de détente de lire ces délires 🙂