Le Tournoi des 6 Nations nous a scotché dans notre canapé, mais l'appel de l'aventure était trop fort pour pouvoir y résister plus longtemps. Cette fois, direction la République Dominicaine, à la rencontre de David Chomier. À 35 ans, ce vadrouilleur dans l'âme, passé par les Etats-Unis et la Bulgarie, a joué en Fédérale 3 du côté de Suresnes, au poste de talonneur. Le rugby ? Il le découvre "vers 10/12 ans" à Noisy-le-Sec, puis Chelles. Et ce n'est pas un voyage dans les Caraïbes qui va lui faire oublier l'ovale...
Salut David ! Tout d'abord, la question que l'on pose à chaque fois... Comment t'es-tu retrouvé en République Dominicaine ? Pas trop compliquée l'acclimatation ?
Ma mère tenait la meilleure pâtisserie, restaurant, boulangerie française de l’île. L'adaptation a donc été super facile pour moi. J'ai appris l'espagnol dominicain en 6 mois, et j'ai surtout eu le rugby pour m'intégrer, j'ai eu de la chance. Je ne joue plus talon, mais n°9, disons que j'ai bien perdu. Mon équipe en République Dominicaines, ma famille, ce sont les Red Dragons RC.
Justement, venons-en au rugby local... On a du mal à s'imaginer que le ballon ovale est implanté là-bas ! Que peux-tu nous en dire, notamment au niveau de son histoire ?
Le Rugby a été importé par un diplomate français, le consul Jean-Paul Bosse, en 1972. Les pionniers du rugby local sont là. Au bout d'une décennie, ça s'est essoufflé, mais les graines ont été plantées à ce moment là. Le vrai boum a commencé il y a 10 ans, c'est là que ça devient intéressant.
À l'heure actuelle, quelle est la situation du ballon ovale ?
Nous avons deux championnats annuels : un à 7 (BEURK) et un à 15 (Yeah!). L’année dernière, nous étions seulement 4/5 équipes, dont l'une se formait... puis se déformait très souvent. En 2015, une nouvelle Fédération a été élue et elle s'est bougée le cul. Le premier tournoi de 7 de 2015/2016 enregistrait la participation de 16 équipes, venant de toute l'île. Avant, les équipes étaient concentrées dans la capitale. Au niveau des infrastructures, on joue sur des terrains de foot, de baseball, tous assez dégueulasses. D'ailleurs, mes genoux les remercient.
Ici, David est au milieu de ses coéquipiers.
Et au niveau des licenciés ?
L’année dernière, on devait être une grosse centaine à jouer au rugby. Ce nombre a au moins triplé cette année, grâce à l'appui du ministre des sports qui voit dans le rugby un bon moyen de permettre aux jeunes de se défouler légalement, si tu vois ce que je veux dire... C'est assez délinquant ici. On a 3 ou 4 équipes de femmes et quelques équipes de jeunes depuis l'année dernière. Tu peux le voir, le rugby est sur la bonne voie !
Quid de ton cas personnel ? Tu évoquais l'équipe des Red Dragons.
Oui, je joue toujours, moins souvent que je le désire, à cause du travail. Je suis donc demi de mêlée des Red Dragons RC, club dont je suis également membre décisionnaire. Ce club m'a bien aidé à m'adapter au pays à mon arrivée, car il y a un grand nombre d'expatriés dans cette équipe. Des Chiliens, Colombiens, Canadiens, Americains, Français, Japonais...
Si tu as des anecdotes sur ton aventure rugbystique là-bas, c'est le moment de te lâcher !
Pour mon premier match officiel en République Dominicaine, j'invite tout le monde, la famille, les potes, la copine... On joue contre les Piranhas, l’équipe la plus ancienne avec une moyenne d'âge de 32 ans à l’époque. Piranhas contre Dragons, c'est un peu notre PSG / OM. Ici, c'est méchant, ça cogne... Durant le match, un supporter de mon équipe bien excité et certainement bourré insulte très fort l'arbitre, qui était, soit dit en passant membre de l’équipe adverse. En plein match, l'arbitre s'arrête, va insulter le supporter, et les joueurs adverses courent à leurs voitures chercher des machettes pour lui courir après... T'imagines bien que ma famille n'est jamais revenu me voir jouer. Ça a beaucoup changé depuis : avec la nouvelle fédé, les joueurs ayant des comportements comme ça sont sévèrement sanctionnés, ils ont notamment suspendu 4 joueurs pour 6 mois, car ils voulaient frapper un arbitre.
Autre anecdote "marrante", lors de la finale de mon premier tournoi de 7. Dragons contre Piranhas (encore eux!), touche, qu'on décide de jouer rapidement avec un pote français. J'efface le dernier défenseur d'un tourniquet dont j'ai le secret et je marque. L'arbitre lève le bras, accorde l'essai. L’équipe adverse se réunit autour de l'arbitre pour l'insulter, lui dire que l'essai n'est pas valable. Trente minutes plus tard, sans doute par peur, l'arbitre annule l'essai, et on perd la finale de 5 points...
Enfin, j'en ai une dernière ! L'an passé, on joue contre une équipe d'une frégate de la Royal Navy, des rosbeafs militaires. On perd de 5 points et on part en 3ème mi-temps. À ce moment, j'étais le seul joueur parlant anglais, et je monte dans le bus des Anglais pour les guider jusqu'au lieu de la beuverie... Un Frenchie dans un bus avec 40 marins anglais... Même pas peur.... Bref, une fois arrivé on commence à envoyer les tournées de bières dans un bar en extérieur... Les Anglais commencent à chanter et toute l’équipe se retrouve à poil dans une rue animée de la capitale. Avec mon capitaine dominicain et un pote espagnol, on les suit et on se retrouve à poil également... La tète des gens qui passaient, c'était sans prix ! Heureusement, la police n'est pas passée par là.
Le futur du rugby en République Dominicaine, tu le vois comment ? Qu'est-ce qui permettrait son développement ?
Le futur du rugby, c'est déjà maintenant ! Les forces armées ont organisé leur premier tournoi interne, l'équipe nationale de 15 a joué contre Haiti, on a joué l’équipe de Cuba à 7 en 2015. Le rugby se développe ! Le vrai objectif de la Fédé, c'est d'avoir une équipe de 7 très compétitive et il y a moyen, ce sont des monstres de force et de rapidité.
Vous pouvez suivre l'actualité du rugby dominicain ici.
Salut David ! Tout d'abord, la question que l'on pose à chaque fois... Comment t'es-tu retrouvé en République Dominicaine ? Pas trop compliquée l'acclimatation ?
Ma mère tenait la meilleure pâtisserie, restaurant, boulangerie française de l’île. L'adaptation a donc été super facile pour moi. J'ai appris l'espagnol dominicain en 6 mois, et j'ai surtout eu le rugby pour m'intégrer, j'ai eu de la chance. Je ne joue plus talon, mais n°9, disons que j'ai bien perdu. Mon équipe en République Dominicaines, ma famille, ce sont les Red Dragons RC.
Justement, venons-en au rugby local... On a du mal à s'imaginer que le ballon ovale est implanté là-bas ! Que peux-tu nous en dire, notamment au niveau de son histoire ?
Le Rugby a été importé par un diplomate français, le consul Jean-Paul Bosse, en 1972. Les pionniers du rugby local sont là. Au bout d'une décennie, ça s'est essoufflé, mais les graines ont été plantées à ce moment là. Le vrai boum a commencé il y a 10 ans, c'est là que ça devient intéressant.
À l'heure actuelle, quelle est la situation du ballon ovale ?
Nous avons deux championnats annuels : un à 7 (BEURK) et un à 15 (Yeah!). L’année dernière, nous étions seulement 4/5 équipes, dont l'une se formait... puis se déformait très souvent. En 2015, une nouvelle Fédération a été élue et elle s'est bougée le cul. Le premier tournoi de 7 de 2015/2016 enregistrait la participation de 16 équipes, venant de toute l'île. Avant, les équipes étaient concentrées dans la capitale. Au niveau des infrastructures, on joue sur des terrains de foot, de baseball, tous assez dégueulasses. D'ailleurs, mes genoux les remercient.
Ici, David est au milieu de ses coéquipiers.
Et au niveau des licenciés ?
L’année dernière, on devait être une grosse centaine à jouer au rugby. Ce nombre a au moins triplé cette année, grâce à l'appui du ministre des sports qui voit dans le rugby un bon moyen de permettre aux jeunes de se défouler légalement, si tu vois ce que je veux dire... C'est assez délinquant ici. On a 3 ou 4 équipes de femmes et quelques équipes de jeunes depuis l'année dernière. Tu peux le voir, le rugby est sur la bonne voie !
Quid de ton cas personnel ? Tu évoquais l'équipe des Red Dragons.
Oui, je joue toujours, moins souvent que je le désire, à cause du travail. Je suis donc demi de mêlée des Red Dragons RC, club dont je suis également membre décisionnaire. Ce club m'a bien aidé à m'adapter au pays à mon arrivée, car il y a un grand nombre d'expatriés dans cette équipe. Des Chiliens, Colombiens, Canadiens, Americains, Français, Japonais...
Si tu as des anecdotes sur ton aventure rugbystique là-bas, c'est le moment de te lâcher !
Pour mon premier match officiel en République Dominicaine, j'invite tout le monde, la famille, les potes, la copine... On joue contre les Piranhas, l’équipe la plus ancienne avec une moyenne d'âge de 32 ans à l’époque. Piranhas contre Dragons, c'est un peu notre PSG / OM. Ici, c'est méchant, ça cogne... Durant le match, un supporter de mon équipe bien excité et certainement bourré insulte très fort l'arbitre, qui était, soit dit en passant membre de l’équipe adverse. En plein match, l'arbitre s'arrête, va insulter le supporter, et les joueurs adverses courent à leurs voitures chercher des machettes pour lui courir après... T'imagines bien que ma famille n'est jamais revenu me voir jouer. Ça a beaucoup changé depuis : avec la nouvelle fédé, les joueurs ayant des comportements comme ça sont sévèrement sanctionnés, ils ont notamment suspendu 4 joueurs pour 6 mois, car ils voulaient frapper un arbitre.
Autre anecdote "marrante", lors de la finale de mon premier tournoi de 7. Dragons contre Piranhas (encore eux!), touche, qu'on décide de jouer rapidement avec un pote français. J'efface le dernier défenseur d'un tourniquet dont j'ai le secret et je marque. L'arbitre lève le bras, accorde l'essai. L’équipe adverse se réunit autour de l'arbitre pour l'insulter, lui dire que l'essai n'est pas valable. Trente minutes plus tard, sans doute par peur, l'arbitre annule l'essai, et on perd la finale de 5 points...
Enfin, j'en ai une dernière ! L'an passé, on joue contre une équipe d'une frégate de la Royal Navy, des rosbeafs militaires. On perd de 5 points et on part en 3ème mi-temps. À ce moment, j'étais le seul joueur parlant anglais, et je monte dans le bus des Anglais pour les guider jusqu'au lieu de la beuverie... Un Frenchie dans un bus avec 40 marins anglais... Même pas peur.... Bref, une fois arrivé on commence à envoyer les tournées de bières dans un bar en extérieur... Les Anglais commencent à chanter et toute l’équipe se retrouve à poil dans une rue animée de la capitale. Avec mon capitaine dominicain et un pote espagnol, on les suit et on se retrouve à poil également... La tète des gens qui passaient, c'était sans prix ! Heureusement, la police n'est pas passée par là.
Le futur du rugby en République Dominicaine, tu le vois comment ? Qu'est-ce qui permettrait son développement ?
Le futur du rugby, c'est déjà maintenant ! Les forces armées ont organisé leur premier tournoi interne, l'équipe nationale de 15 a joué contre Haiti, on a joué l’équipe de Cuba à 7 en 2015. Le rugby se développe ! Le vrai objectif de la Fédé, c'est d'avoir une équipe de 7 très compétitive et il y a moyen, ce sont des monstres de force et de rapidité.
Vous pouvez suivre l'actualité du rugby dominicain ici.
mounjet
Mon cher Rugbynistère, tu peux juste PAS mettre une photo comme ça en début d'article et espérer qu'on va lire le reste...
Louons quand même l'effort d'intégration du jeune homme.
Dure lutte d'expat'...
Je suis déjà dehors.
Zejack
Effectivement, vu les demoiselles à droite, cela motive au développement de ce sport là bas.