6 nations - XV de France. Le coup de gueule d'Herrero : « quand un entraîneur ennuie, il est rare que l'équipe chante »
6 nations – XV de France. Le coup de gueule d'Herrero - Crédit image : LandesPublicTV
Daniel Herrero est un amoureux du rugby. Mais en ce qui concerne l'équipe de France, il peine à s'enthousiasmer. Selon lui, les Bleus se sont normalisés.
Presse étrangère, supporters français, ils sont nombreux à chercher ce qui cloche avec le XV de France. Pierre-Michel Bonnot dans L'Équipe s'étonne qu'il n'ait pas déjà été « unanimement hué [...] mais c'est sans doute qu'il est impossible de bâiller et de siffler en même temps ! » Manque de résultats, d'enthousiasme, de technique, un journaliste anglais, Gavin Mortimer du magazine Rugby World, a récemment taillé un beau costard à nos Tricolores. Selon lui, la base de la dégénérescence du XV de France se trouve dans la façon dont les jeunes rugbymen sont formés, ou plutôt dans le fait qu'ils ne le sont pas assez ou bien trop tardivement. Une formation également remise en cause chez les internationaux par Daniel Herrero. L'ancien troisième ligne emblématique du RCT est un amoureux du rugby et il pourrait en parler pendant des heures. Mais en ce qui concerne l'équipe de France, il peine à s'enthousiasmer. « En Irlande, c'était piteux. À la 30e minute, je me suis dit : je peux éteindre le poste et commenter jusqu'à la 80e », confie l'homme au bandeau rouge dans L'Équipe ce mercredi.

Des joueurs programmés

Pour lui, le mal qui ronge les Bleus depuis des années et qui trouve racine dans les années 80-90, a un nom, la normalisation. L'équipe de France serait devenue « prévisible, mentalisée pour respecter l'ordre. » Le passage à l'ère professionnelle, et avec elle, l'arrivée des entraîneurs spécialisés et des séances de travail sur la base de la répétition a rendu les joueurs prudents, trop même. « Un joueur, il fait parce qu'il le ressent, que ça lui va bien, qu'il aime. Si on lui dit : attaque mais ne tombe pas la balle, c'est mort. » Herrero de regretter le temps où les joueurs débarquaient en équipe de France « avec leur talent brut, sans avoir le temps de travailler ensemble. » Ce qui laissait une certaine place à l'improvisation, à la prise de risques en attaque. Car si les systèmes trouvent leur place dans ce qu'il appelle « jeu dans l'ordre », à savoir derrière une touche ou une mêlée, ce n'est pas le cas dans le désordre. Selon lui, la France est ainsi la seule nation à ne pas mettre de volume dans ces phases de jeu désordonnées comme les relances, aujourd'hui « délaissées ».

Où est le panache ?

Parfois, les Bleus retrouvent un peu de ce qu'il appelle la « pétulance et l'irrévérence », en clair, le French Flair, avec notamment l'essai de Wesley Fofana contre l'Angleterre il y a deux ans et les récentes performances de Teddy Thomas contre l'Australie. Mais cela ne se produit que trop peu souvent, lorsque tout est perdu et qu'il faut se lâcher. Le reste du temps, les Tricolores se cantonnent à ce qu'on leur a demandé de faire. Il y a pourtant du talent dans cette équipe mais il s'est noyé dans la normalisation et la rigueur, « moteur de la performance, mais aussi un cimetière parce qu'elle amène à la prudence et à l'ennui » : « Regardez la décadence créatrice de Fofana, de Médard : elle est hallucinante ! Si tu demandes à tes joueurs de calculer tous les risques, ils n'en prennent plus. »

Un staff coupable

À ce titre, Daniel Herrero pointe du doigt le staff et son discours loin d'être « enthousiasmant » : « Or quand un entraîneur ennuie, il est rare que l'équipe chante. » Il estime que la recherche de la victoire à tout prix, même en faisant la pire des prestations, dessert l'équipe de France. On entend en effet de plus en plus les joueurs dire que seule la victoire compte et que pour la manière, il faudra repasser. Or « le public attend plus d'émotion que de victoires. L'émotion de l'offensive. » Hormis une victoire d'un point en finale d'une Coupe du monde, il y a en effet peu de chance que l'on se souvienne d'un match gagné sans la manière. À la place de PSA et cie, le Toulonnais aurait « honte » de les faire « jouer comme des robots industrialisés. Je leur dirais : " chaque fois qu'on récupère le ballon dans une situation de jeu où l'adversaire n'est pas placé, il faut qu'on joue. Il faut qu'on joue ! Et chaque fois que, dans nos systèmes, l'un d'entre vous a réussi à avancer même de 50 centimètres, mais avec du rythme, du tonus, de la déflagration, il doit y avoir urgence, hurlement, fusion collective. " »

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Merci Landes Public TV pour ce commentaire qui apporte méchamment au débat... la preuve par l'absurde que c'est pas parce qu'on a que trois téléspectateurs qu'on n'a pas le droit d'exister !!!

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