ANALYSE. Bien préparée, comment l'Australie a pris le XV de France à son propre jeu ?
Thomas Ramos et le XV de France ont été surpris par le troisième rideau australien samedi soir.
Ce samedi, l'Australie a failli jouer un mauvais tour au XV de France. Présents dans le combat, les Wallabies ont surtout bluffé les Tricolores sur leur organisation défensive, et notamment en troisième rideau.

Samedi soir, dans un stade de France plein à craquer, les Bleus de Fabien Galthié sont venus à bout de coriaces Australiens, 30 à 29. Un onzième succès de rang, qui a notamment été possible grâce à un exploit personnel de Damian Penaud, à 4 minutes du coup de sifflet final. Mais avant l'essai du Clermontois, les coéquipiers d'Antoine Dupont ont eu beaucoup de mal, face à des Wallabies qui ne venaient clairement pas en France pour faire de la figuration. En témoigne d'ailleurs l'essai de 100 mètres, inscrit par le centre Foketi. Présents dans le combat, les Australiens ont aussi été capables de déplacer comme il faut le ballon, face à une défense française agressive. Mais ce qui nous a le plus frappé dans le jeu de l'Australie ce week-end, c'est bien la gestion au pied de sa charnière, ainsi que la bonne couverture en troisième rideau de son triangle arrière. Deux aspects qui étaient clairement des points faibles lors du dernier Rugby Championship.

VIDÉO. Pourquoi la remise de maillots a-t-elle été si émouvante pour le XV de France ?VIDÉO. Pourquoi la remise de maillots a-t-elle été si émouvante pour le XV de France ?Un constat que partagent également les joueurs du XV de France. En effet, dans les colonnes du Midi Olympique, Antoine Dupont, mais aussi son compère de club Thomas Ramos ont reconnu avoir été surpris par ce plan de jeu : ''On a été surpris que les Australiens jouent autant au pied, ce qui n'est pas commun dans leur jeu. Il nous a fallu un temps d'adaptation". Même avis pour l'arrière du Stade Toulousain, qui n'a pas manqué de féliciter l'organisation des Wallabies : ''On avait aussi noté qu'ils n'étaient pas très bien placés en troisième rideau. Sur les matchs observés, un joueur se retrouvait même parfois seul. Sur le terrain, ce fut pourtant une grande force chez eux (...) C'était un peu étonnant. Comme chaque grande équipe, elle sait s'adapter''. Vous l'aurez compris, les Wallabies ont fait ce qu'il fallait pour contrer la stratégie du XV de France, basée sur une occupation importante du camp adverse. Mais dans les faits, comment les coéquipiers de Foley se sont-ils pris ?

XV de France. Où en est Damian Penaud dans la hiérarchie mondiale des marqueurs d'essais ?XV de France. Où en est Damian Penaud dans la hiérarchie mondiale des marqueurs d'essais ?Un quadrillage risqué mais payant

On le sait, l'organisation du troisième rideau est une donnée primordiale dans le rugby moderne. Encore plus avec la règle 50-22, qui nécessite un repli bien plus précis des ailiers. Et si la plupart des équipes décident de plus en plus de défendre avec deux joueurs en fond de terrain (comme le fait généralement le XV de France par ailleurs), ce ne fut pas le cas de l'Australie samedi. En effet, l'on a souvent vu l'arrière du jour Campbell, accompagné par deux autres de ses coéquipiers : cela pouvait être ses ailiers Wright et Kellaway, mais également Bernard Foley, voire le demi de mêlée Nic White. Un quadrillage parfait donc, puisqu'il couvrait à la fois les lignes de touche, mais aussi le milieu du terrain, habituellement dégarni. De ce fait, lors de (quasiment) chaque jeu au pied des Tricolores, un Australien était directement à la réception du ballon, et pouvait réinverser la pression. On le voit d'ailleurs sur cette image (ci-dessous) : 3 joueurs couvrent le fond de terrain, tandis que Nic White s'occupe du second rideau.

ANALYSE. Comment défendre avec la nouvelle règle 50/22 ?ANALYSE. Comment défendre avec la nouvelle règle 50/22 ?En revanche, lorsqu'un troisième rideau est aussi bien occupé, il est logique que le premier soit lui, quelque peu dégarni. Et en effet, ce fut souvent le cas ce samedi à Saint-Denis. Plusieurs fois, l'on a senti que les coups étaient bons à jouer sur les extérieurs, les ailiers australiens étant en retrait. Malheureusement, le plan de jeu mis en place par Fabien Galthié, jumelé à un petit manque de confiance (dû à une bonne prestation des Wallabies), n'ont pas permis aux Français d'exploiter correctement ces failles. Du moins pas avant la 75ème minute : car oui, cette stratégie a montré ses limites, d'autant plus face à des joueurs comme Damian Penaud. Idéalement servi par Jalibert, l'ailier tricolore a néanmoins pu profiter du placement plutôt hasardeux de Wright (bien trop reculé, surtout à cet endroit du terrain), pour faire parler sa vitesse et ses appuis diaboliques. Une erreur de jugement, qui a finalement coûté la victoire à l'Australie.

Des jeux au pied tous plus précis les uns que les autres

Même si l'organisation défensive de l'Australie laisse à désirer sur le dernier essai français, n'oublions pas qu'elle a tenu en échec les Bleus pendant quasiment toute la partie ! Chose assez rare pour être soulignée, tant la force de frappe du XV de France est importante. La défense a souvent fait reculer les hommes de Galthié, qui ont dû souvent s'en remettre au jeu au pied (32 samedi soir) pour se donner de l'air. Problème, les Wallabies ont souvent pris le meilleur dans ces fameux ''Ping-Pong Rugby''. Auteur de 28 jeux au pied (bien plus que leurs standards habituels), les coéquipiers de Michael Hooper ont régulièrement mis en difficulté les Tricolores, que ce soit en trouvant les bonnes zones du terrain, ou bien tout simplement en trouvant de longues touches. Bernard Foley, mais surtout Nic White ont par ailleurs été excellents dans ce secteur de jeu. Et sans un Thomas Ramos des grands soirs, il n'aurait pas été étonnant de voir les Australiens repartir du stade de France avec la victoire en poche...

15 de France. Thomas Ramos : ‘‘Je sais ce que demande le rugby international’’15 de France. Thomas Ramos : ‘‘Je sais ce que demande le rugby international’’Une chose est sûre, cette rencontre face à l'Australie aura été un très bon test pour les Bleus : ce match va permettre au staff de retravailler ce qui n'a pas fonctionné, tout en revoyant peut-être certaines alternatives en cas de pression adverse, notamment concernant le jeu au pied. Néanmoins, ce succès a démontré que le XV de France a, encore une fois, franchi un cap dans son apprentissage. La prochaine étape sera de battre les champions du Monde en titre, les Springboks, samedi soir prochain.

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C'est bien ce genre d'articles. C'est ce qui m'a fait aimé le rugbynistère.
Parce que les articles à la tonne sur les transferts ou les "personne n'en parle...", ça va cinq mns.
Là on parle stratégie, placement, etc.
Nettement plus intéressant. Continuez comme ça les gars !!!!

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