Des reconversions en tout genre, il y en a, surtout dans le monde du sport où l’après carrière doit être préparé au mieux. Bon nombre de joueurs vivent mal, voire très mal leur vie après le rugby, ne savant quoi faire par manque de compétences. Ce n’est pas le cas de Cédric Coll, ancien ouvreur/centre, passé par le Top 14 avec Perpignan et ayant fait une belle carrière du côté de Colomiers. Après avoir foulé les pelouses du monde professionnel, le voilà de l’autre côté du terrain, en vue de la Coupe du monde 2023.
Peux-tu nous parler de ta vie de rugbyman professionnel, en quelques mots ?
J’ai commencé le rugby à Arles, dans les catégories de jeune, vers 5 ou 6 ans. C’est un super club, celui de Guirado et Azéma aussi d’ailleurs. Ensuite, je suis partie à Céret, puis à Béziers où j’ai réalisé mon sport-étude. On a été champion de France cadet avec Béziers, c’était un chouette souvenir. J’ai eu la chance de faire les équipes de France jeunes, en U18, U19 et U20, je suis allé au pôle France à Marcoussis, une année incroyable avec une bande de copains avec qui je garde encore contact. J’ai aussi eu la chance de faire la coupe du monde U19. J’ai fait mes premiers pas en pro à Perpignan en 2009 l’année du titre, j’ai eu la chance de côtoyer des joueurs comme Dan Carter, c’était une expérience magnifique. Ensuite, j’ai rejoint Montauban, malheureusement 1 an plus tard le club a connu une double relégation financière et administrative qui a emmené le club en Fédérale 1. J’ai fait le choix de rester, et cette année en Fédérale 1 a été l’une des plus belles de ma carrière. J’ai ensuite signé à Aix- en-Provence avant de me stabiliser à Colomiers où je suis resté 8 ans. Hasard du sort, j’ai fini ma carrière sur une blessure à Béziers, ah ah.
Une carrière bien remplie. Est-ce que tes rêves de gamins se sont réalisés ?
Oui, c’est une carrière sympa, c'est sûr, mais ce qui peut paraitre paradoxal, c’est que je n’ai plus eu envie de jouer au rugby lorsque j’ai compris que je n’allais pas être le meilleur au monde. Dans ma carrière, avec du recul, j’ai peut-être continué pour les mauvaises raisons… une situation aisée avec un salaire confortable, je ne sais pas. Je n’ai pas accompli mes rêves, non, mais je me porte bien.
Durant ta carrière, est-ce que tu avais pensé à ta reconversion professionnelle ? Tu as fait des études en parallèle ?
Oui, tout à fait. J’ai d’abord fait un BTS MUC lorsque j’étais au centre de formation de l’USAP, j’ai enchainé avec pas mal de formations diverses et variées. À mon arrivée à Colomiers, je me suis rapproché de Provale et ils m’ont proposé la Toulouse Business School. J’ai eu ma licence en management, et à la suite de ma blessure, à 30 ans, j’ai lancé ma boite de production, en 2019. Au début, ça a très bien marché, puis la Covid est passé par là… Ensuite, le comité d’organisation France 2023 a lancé un appel à candidature pour recruter ses directeurs de sites. Provale m'a sollicité pour que j’y réponde, j’ai passé beaucoup d’entretiens, deux tests de la personnalité et j’ai fini par être pris, j’en suis très heureux.
Pourquoi s’être dirigé vers ce genre poste ? Avec beaucoup de responsabilités.
J’ai compris que le monde du rugby m’intéressait toujours, et je suis très attaché à ma région. J’ai également un réseau important dans le milieu du rugby grâce à mon passé de joueur, et ça m’aide tous les jours dans mon travail. Ensuite, c'est hyper intéressant, j’apprends tous les jours, j’ai une équipe géniale sur laquelle je peux m’appuyer. C’est beaucoup de travail, j’en suis conscient et je le savais. Ça fait maintenant deux ans qu’on bosse sur cet évènement, mais j’aime ça. Mon père qui était boucher, charcutier, traiteur, m'a inculqué très tôt la notion et la culture du travail, j'ai toujours aidé mes parents lorsque j’étais joueurs ou avant. C’est une base qui est essentielle dans mon quotidien, le savoir être et le travail.
Les attentes autours l’évènement ne t'effraient pas ?
Non, du tout, je suis très excité par l’évènement. J’ai une expérience terrain, je connais les besoins des joueurs, des équipes, dans les camps de base, dans les stades…. Ma seule envie, c'est de livrer le plus bel événement possible, que ce soit une fête incroyable à Toulouse, mais aussi dans le département et dans toute la région Occitanie ! Il nous reste encore un an de travail.
Ton passé de joueur t’aide donc à appréhender les difficultés, dis-nous-en plus ?
Absolument, je me retrouve avec des gens ayant une expérience de l’événementiel très riche, ce qui est extrêmement nourrissant pour moi et mon aventure. À mon sens, se mettre à la place du spectateur et du joueur est primordiale pour créer un bel évènement. Cela dit, tout n’est pas simple, j’ai dû rentrer vite dans le concret, manager une équipe et jouer avec les égos de chacun, ce n'est pas toujours évident, mais on garde le cap.
Dernière question Cédric, que vas-tu faire jusqu’à la coupe du monde ? Quelles sont tes missions ?
Il nous reste beaucoup, beaucoup de travail, mais on a déjà dépoussiéré pas mal de chose en deux ans. À vrai dire, toute la partie sponsoring a été signée, les conventions avec les camps de base pouvant accueillir les joueurs sont également prêtes. Il faut maintenant mettre l’accent sur la sécurité, sur les flux proposés aux spectateurs, les enjeux de rayonnement avec la région sont encore à bosser. Il y a beaucoup d’attentes politiques, je n’y étais aussi pas préparé, mais c’est une grande partie de mon travail. Ensuite, la question de l’hospitalité pour les équipes reste à finaliser ainsi que la gestion des médias dans les stades. Mais tout va bien se passer, mon but est que chaque spectateur qui soit venu regarder un match à Toulouse reparte avec le sourire.
alan75
Vu tous les scandales autour de l'organisation, c'est méritant de positiver...
Mat RCK
@Lucas Monteil
Déjà, merci pour cet article. Très intéressant et sympa à lire. plus de ce style, en entretien et sur le devenir des joueurs après leur carrière, c'est top.
Ensuite, concernant la dernière phrase de l'article, je ne suis pas sûr qu'en cas de défaite, tout le monde reparte de Toulouse avec le sourire, n'en déplaise à Mr Coll 😉
Garou-gorille
Pas sûr que M. Coll adhère à ta conclusion !😜
Amateur
Epique la conclusion, en tout cas! Et colle et gramme.