Ils n'ont pas les gabarits les plus imposants des ailiers de l'Hexagone, et après tout quel intérêt quand on peut se targuer de posséder des qualités de vitesse et d'appuis hors normes. Dillyn Leyds (1m85-85kg) joueur athlétique et Cheslin Kolbe (1m71-80kg) plus trapu mais vif, embrasent actuellement les pelouses de France ou d'Europe. Le premier est arrivé cette saison du côté de La Rochelle, quand le second est déjà l'une des coqueluches du Top 14 depuis bientôt quatre ans, lorsqu'il posa ses bagages dans la Ville Rose en 2017. Ces deux-là se retrouveront samedi, pour une finale de Champions Cup qui fait déjà saliver et promet un âpre duel. Ironie de l'histoire, Leyds et Kolbe se connaissent sur le bout des doigts. Déjà, car tout deux sont Sud-Africains et ont eu le privilège de porter le maillot de la Nation Arc-en-Ciel. Mais surtout, les deux ailiers se sont côtoyés en club, à la Western Province dans un premier temps mais surtout aux Stormers. C'est d'ailleurs sous ce maillot, que Dillyn Leyds avait régalé la planète rugby d'un offload magique lors d'une rencontre face aux Chiefs à la suite d'un coup de pied et ça ne s'invente pas de... Kolbe.
Alors ce duel entre les deux ailiers Springoks nous attire tout particulièrement à l'aube de cette finale 100% française. Et seule la météo capricieuse pourrait venir ternir ce dernier, pouvant annihiler les velléités offensives des deux équipes. On prévoit un vrai temps anglais ce samedi à Twickenham, comprenez de la pluie et du vent.
Kolbe et Leyds, ça décoiffe
Leyds et Kolbe sont deux joueurs que l'on peut associer rugbystiquement parlant. Comme dit plus haut, les deux joueurs jouent principalement sur leurs qualités de vitesse et d'appuis. Kolbe déjà, est-ce vraiment utile de le présenter ? Le petit zébulon enflamme les défenses du Vieux continent depuis déjà quelques années. Ses ''steps'' combinés à une vitesse de 10''7'' au 100 mètres ont assis bon nombre de défenseurs et donner des sueurs froides à ses différents adversaires. Et quand bien même ''Ches'' a traversé un petit passage à vide cette saison, la faute à quelques pépins physiques comme il le précisait pour L'Équipe, il n'en reste pas moins un redoutable attaquant, avec 9 essais en 18 rencontres. Loin de ses standards habituels ? Peut-être, mais l'ailier de 27 ans est en train de nouveau d'enchaîner les rencontres et les bonnes performances par la même occasion. Très sûr sous les ballons hauts où il excelle, Kolbe reste également un excellent défenseur, dur sur l'homme malgré les nombreux kilos qu'il rend généralement à ses vis-à-vis. Ultra complet me direz-vous ? Évidemment. Et malgré son numéro 14 floqué dans le dos, le Sud-africain n'hésite pas à délaisser son aile pour venir se proposer aux quatre coins du terrain, et d'apporter de ce fait de l'incertitude. Capable d'évoluer à l'arrière, il a aussi dépanné à l'ouverture. Un vrai couteau suisse, pour le plus grand bonheur de son club.
Dillyn Leyds venons-en. Sûrement moins connu que son compatriote du Stade Toulousain, l'ailier d'un an plus âgé rayonne lui aussi depuis son arrivée en Charente-Maritime. Fort de huit essais en 21 rencontres, Leyds est devenu l'une des pierres angulaires du système rochelais. En témoignent ses 20 titularisations et la confiance que lui accorde Jono Gibbes. Capable également d'évoluer à l'arrière, le Sud-africain est peut-être un chouïa moins complet que Kolbe, si on cherche à se montrer pointilleux, on vous l'accorde. S'il reste un peu plus sur son aile que son compatriote, il aime néanmoins se proposer derrière son 10, de temps à autre après une course en leurre du premier centre. C'est d'ailleurs comme ça qu'il a inscrit un essai de 60 mètres mémorable à Bayonne en début de saison ou qu'il a créé un décalage face à Sale lors du quart de finale amenant à un essai de Doumayrou. Preuve que ce dernier est aussi capable de transformer tout ce qu'il touche en or, cette réalisation face à Castres à l'issue d'une course folle de 70 mètres en laissant sa carte de visite à toute la défense tarnaise. Moins sûr sous les ballons hauts que Kolbe, il n'en demeure donc pas moins un virevoltant attaquant capable à tout moment de transpercer une défense. Et surtout il a prouvé à plusieurs reprises savoir faire jouer derrière lui. Là aussi, un atout non négligeable.
Australie, Offload et Springboks... Qui es-tu Dillyn Leyds ?
Kolbe retrouve la forme, Leyds sur sa lancée
Dans le dur depuis quelques semaines, Cheslin Kolbe se rapproche peu à peu de son niveau qui a fait de lui sa renommée, enchaîne les matchs et retrouve du rythme. Celui qui veut cette saison, ''remporter le Top 14 et la Coupe d'Europe'' comme il le précisait lors d'un entretien accordé à l'AFP, sort d'une demi-finale impressionnante face à l'UBB. S'il n'a pas franchi la ligne bordelo-bégaise, il a su créer de l'incertitude de par ses appuis déroutants ce que ne manquait pas de souligner Brian O'Driscoll à l'issue de la rencontre : ''J'ai l'impression que son changement d'appuis peut venir de n'importe quel côté''. En Coupe d'Europe cette saison, l'ailier du Stade Toulousain a inscrit deux essais, mais a surtout battu 12 défenseurs pour 177 mètres parcourus. Plutôt pas mal. Alors certes et on se répète, les mauvaises langues diront qu'il est muet depuis désormais trois longs mois, une éternité pour un joueur de sa trempe. Sa dernière prouesse remonte au 12 février dernier et un essai face à Pau. Mais quoi de mieux que de relancer une machine pas vraiment enrayée en inscrivant un essai salvateur en finale de Coupe d'Europe ? C'est sûrement ce qu'espère ses compères toulousains, un peu moins les Rochelais. Ces derniers seront prévenus.
Cheslin Kolbe, le lapin Duracell avec de meilleurs appuis que Shane Williams selon O’Driscoll
Et Leyds dans tout ça ? Le Sud-africain fait preuve d'une impressionnante régularité. Vous voulez des chiffres ? Allons-y. À l'instar de Kolbe, il a inscrit deux essais dans cette compétition. Mais a fait mieux que son compatriote dans le domaine des défenseurs battus (17) et de mètres parcourus (217). Sa dernière réalisation remonte au 17 avril dernier lors de la victoire face au LOU. Pour en revenir à la Champions Cup, il a surtout fait part de ses qualités face à Sale, ou même à Gloucester, positionné à l'arrière en l'absence de Brice Dulin. Gêné par le soleil sous les ballons hauts face au Leinster, il ne devrait cette fois pas l'être sous la pluie torrentielle de Twickenham. Espérons que cette dernière ne viendra pas ternir un des innombrables duels de cette partie qui vaudra son pesant d'or.
frakc
Ça c'est une chistera qui n'est pas superflue qui prend à revers la défense. Superbe!
pascalbulroland
Ce sera un très beau duel en effet, tout comme celui opposant Kaino et Vito ,Alldritt et Cros , Botia et Akhi, ou même celle opposant les deux charnières...