Qui aurait pu penser que Levani Botia connaîtrait une telle carrière dans l'Hexagone à son arrivée en 2014, aux alentours de la mi-mars ? Pas grand monde à vrai dire. Le Stade Rochelais recherche à l'époque un joker médical à son expérimenté centre italo-argentin aux 83 sélections avec la Squadra Azzura, Gonzalo Canale, blessé. À cette période, la direction du club qui évolue en Pro D2 jette alors son dévolu sur un Fidjien inconnu de notre pays, qui partage son temps entre fouler les pelouses d'un championnat fidjien semi-amateur et son métier, surveillant de prison. À vrai dire, c'est surtout à VII que Botia s'épanouit, capitaine de la sélection nationale. Il glane au passage par-ci par-là, quelques sélections à XV avec les Fidji. Sirelo Bobo ailier de La Rochelle, joue dès lors les intermédiaires pour convaincre son compatriote de rejoindre la Charente-Maritime.
Le début d'une belle aventure. Car les supporters jaunes et noirs vont alors découvrir un trois-quarts centre au profil atypique, bandeau sur le crâne et physique de buffle, véritable force de la nature (1m82, 103kg) au goût prononcé pour le jeu d'affrontement. Rarement un joker médical n'aura aussi rapidement convaincu. On pense à Fritz Lee du côté de Clermont qui n'avait eu besoin que de trois petits matchs pour séduire son monde et donc, Levani Botia à La Rochelle. Sur les bords de l'Atlantique, le Fidjien détonne et Vincent Merling s'empresse de le faire signer deux ans de plus, après seulement une poignée de matchs en deuxième division. Son entraîneur de l'époque, Fabrice Ribeyrolles se montrait d'ailleurs dithyrambique à son égard sur le site du club, au moment d'annoncer sa signature : ''Son investissement à l’entraînement, son envie de réussir et ses prestations en match nous ont convaincus. En moins d’un mois, il s’est en plus parfaitement intégré au groupe. Nous sommes très contents qu’il s’engage avec le club jusqu’en 2016''. Titulaire incontournable au centre de l'attaque maritime, il va accéder au Top 14 à l'issue de cette saison 2013-2014, en s'offrant le scalp d'Agen en finale. Il fait partie de cette génération qui aura tout connu avec le club rochelais, de la Pro D2, à une demie de Top 14 puis une finale de Coupe d'Europe. On pense aussi à Romain Sazy, Kevin Gourdon, Uini Atonio ou encore Zeno Kieft.
VIDEO. TOP 14. La percussion impressionnante de Botia sur Alexis Palisson
Alors ce 2 mai 2021 au cours de cette demi-finale de Champions Cup face au Leinster, lorsque Botia dû céder sa place après que sa cheville fut prise en porte-à-faux, les supporters rochelais ont tremblé. Déjà dans l'optique d'une fin de match qui s'annonçait difficile sans leur perce muraille et âpre défenseur. Mais surtout, désormais ce ticket pour Twickenham décroché, se pose la question de la présence de Botia ou non dans le temple du rugby anglais. Car si la finale contre Toulouse ne se jouera que dans trois semaines, ce qui laisse le temps au Fidjien de récupérer, la nature de sa blessure reste à l'heure actuelle inconnue. Et ni le Stade Rochelais, ni le joueur n'ont commenté sur une éventuelle indisponibilité. Inutile de tirer des plans sur la comète mais une chose est sûre, une absence de Botia handicaperait indéniablement les lignes arrières rochelaises. Car si, et à juste titre, des noms comme Will Skelton ou Grégory Aldritt sont mis en valeur au sein du paquet d'avant, que dire de l'importance du numéro 12, devenu l'une des pierres angulaires du système de Jono Gibbes.
C'est surtout sa faculté à être constamment dans l'avancée grâce à sa puissance qui impressionne. Cette année, Botia a par exemple battu huit défenseurs dans la compétition, véritable cauchemar pour ses adversaires. Surtout, c'est défensivement qu'il s'illustre avec 27 plaquages effectués et le plus souvent destructeurs. Et ce n'est pas Garry Ringrose qui viendra nous contredire, quand celui-ci s'est fait chatouiller les côtes par le centre rochelais. Mais au-delà des statistiques, c'est sa faculté à s'adapter à n'importe quel poste de ce jeu qui en font un joueur admiré. Preuve en est, Patrice Collazo n'avait pas hésité à le lancer il y a trois ans au poste de troisième-ligne, lorsque La Rochelle connaissait une forte pénurie à ce poste. Et Botia avait plus que convaincu. Récemment, dans les colonnes du Fijisun, son entraîneur Ronan O'Gara ne tarissait d'ailleurs pas d'éloges à son sujet : ''Je ne pense pas qu'il y ait un premier centre dans le monde qui puisse jouer comme il joue''. Avant que Ryan Lamb, son ancien coéquipier ne surenchérisse : ''Levani est un phénomène, il est le seul gars que je connaisse qui puisse jouer à différentes positions sur le terrain à un niveau de classe mondiale.'' Rien que ça. Et si vous doutiez encore de l'importance de ''Lep's'' au sein de l'équipe jaune et noire, il suffit de s'étaler sur son temps de jeu. Excepté cet automne où il s'est absenté pour rejoindre la sélection fijienne au sein de laquelle il est devenu un élément indispensable, Botia a disputé 17 rencontres toutes compétitions confondues avec son club. Parmi celles-là, il en aura joué 16 en tant que titulaire, numéro 12 dans le dos, pour un total de 13 victoires contre seulement 4 petites défaites soit un ratio d'un peu moins de 77% de succès. On espère donc le voir fouler la pelouse de Twickenham ce 22 mai afin que les deux formations disposent de toutes leurs forces en présence et que la fête soit plus belle. N'ayons de craintes sur sa motivation et son envie de jouer, car comme le conclut Ryan Lamb au Fijisun : ''C'est comme s'il était constitué d'acier''. Et ses adversaires ne viendront pas nous dire le contraire.
Bib And Dôme
Qu'il se remette vite, très vite...
ketamine
Une absence qui serait moins préjudiciable que celle d'un Skelton.
Bon rétablissement à lui.
Atlantique SR
Une petite entorse de la cheville c’est jouable dans 3 semaines!? mais une sale entorse c’est minimum 2 mois.
Team Viscères
Une absence de Botia serait préjudiciable pour La Rochelle parce que cela signifierait que Botia ne serait pas là.
Manu
Oui, comme on pouvait récemment se poser la question de l'absence de Guitoune à Toulouse.
Finalement, malgré la blessure de celui qui fut l'un des principaux contributeurs au Brennus19, Toulouse est toujours là.
RobinC
Oui mais ça nous met sous grosse tension au centre, obligé d'y mettre Holmes, qui fait le job comme il peut mais n'a évidemment pas le même rendement. Si Pita Akhi se blesse on sera vraiment très mal.