Vaincre la « bête noire »
Bonne nouvelle, le Stade Toulousain joue sa finale de Champions Cup ce samedi. Mauvaise nouvelle, le problème tient au fait que son adversaire n’est autre que le Leinster. Depuis quelques années, la province irlandaise est en quelque sorte la « bête noire » du Stade Toulousain.
Il faut revenir en 2018 pour trouver trace d’une dernière victoire des rouge et noir contre les Leinstermen (victoire 28-27). Les Toulousains restent sur quatre défaites de suite dans l’antre irlandaise de l’Aviva Stadium, et sur les dix dernières confrontations, le rapport est de sept victoires pour trois défaites en faveur du Leinster.
Cependant, cette fois-ci, le match se déroulera sur terrain neutre au Tottenham Hotspur Stadium à Londres. Les Toulousains pourront compter sur leur public même si les Irlandais risquent également de faire le déplacement en nombre.
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Laver l’affront de Marseille
Malgré ces chiffres peu reluisants pour nos Toulousains, vous y croyez encore ? Regardez la suite… Nous avons tous en tête la démonstration de force des Irlandais lors du Tournoi cet hiver au Vélodrome, qui avaient littéralement surclassé nos petits Bleus.
L’Irlande n’est pas le Leinster et vice versa, tout comme le Stade Toulousain n’est pas le XV de France, mais tout de même, ces deux clubs sont les principaux pourvoyeurs de leur équipe nationale respective. Bon nombre des joueurs présents sur la pelouse ce samedi, l’étaient en février. Les Toulousains auront à cœur de laver l’affront de Marseille, tandis que les Irlandais sauront se souvenir du match référence qu’ils avaient produit.
L’Irlande est parmi les meilleures nations sur la planète rugby. Le Leinster est aussi l’une des meilleures équipes, il est évident que se « frotter » et battre ce qui se fait de mieux dans notre sport est absolument indescriptible. Donc oui, les Toulousains du XV de France auront à cœur - plus que quiconque - de battre ces irlandais de Dublin.
Vaincre Jacques Nienaber
La coupe (de la revanche) est pleine ? Devinez qui est à la tête du Leinster depuis le mois de novembre : Jacques Nienaber. Là aussi, les joueurs français du Stade auront à cœur de prendre leur revanche sur celui qui leur a coupé la route vers le sacre mondial l’an passé.
Battre le Leinster ce samedi serait un joli clin d’œil aux deux récents revers subis par le rugby français ces derniers mois sur la scène européenne et mondiale.
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Gagner une « vraie » coupe d’Europe
Ugo Mola et son staff l’ont dit ces dernières semaines, cette génération du Stade Toulousain doit marquer l’histoire du club. La chose n’est pas aisée dans cette institution quand on connait son palmarès. Cette génération a déjà réalisé le doublé Coupe d’Europe / championnat de France en 2021. Mais les plus médisants diront que cette année-là, les Toulousains avaient battu Clermont en quart, puis Bordeaux en demie, avant de s’imposer contre leur adversaire favori ces dernières années : La Rochelle. Faisant ainsi, de cette épopée européenne une magnifique « Coupe de France ».
Le titre européen 2021 étant néanmoins toulousain, ces derniers ont à cœur de montrer aux derniers sceptiques que cette année 2024, le titre européen n’est pas une « coupe de France ». Après avoir éliminé le Racing 92 en huitième, puis Exeter en quart et les Harlequins en demie, le Leinster se présente ainsi comme la dernière marche la plus prestigieuse dans cette campagne européenne, maitrisée pour le moment de bout en bout.
VIDEO. STADE TOULOUSAIN. ''Pour être sacralisée, cette équipe doit encore réaliser le doublé''Il n’y aurait ainsi plus rien à dire quant à cette génération dorée du Stade Toulousain, en attendant peut-être la fin du mois de juin et la prise d’un certain morceau de bois pour une 23ᵉ fois dans l’histoire du club…
Une opposition de style
Enfin, qui dit Nienaber, dit Afrique du Sud, entendez par là « pragmatisme ». Alors oui, le Leinster reste le Leinster, ne vous méprenez pas demain si vous voyez devant votre écran des lancements de jeu réalisés au millimètre avec des timings de course dignes des films hollywoodiens. Oui, ces Irlandais restent parmi les meilleures équipes du monde et leur formule est toujours identique : on retrouvera le jeu au pied de pression exceptionnel de Gibson-Park, et les dégagements titanesques de James Lowe. Leurs attaques placées novatrices sur touche et mêlée seront également excessivement bien réalisées et mettront en difficulté la défense toulousaine.
Ainsi Nienaber, sans dénaturer la philosophie du Leinster, par ses convictions, est venu apporter sa science sud-africaine au projet de jeu irlandais. Cette équipe est donc moins spectaculaire que sous l’air Lancaster dans le volume de jeu proposé. Néanmoins, elle est extrêmement efficace et très équilibrée. J’en veux pour preuve la composition d’équipe concoctée par le technicien sud-africain et notamment les choix opérés en troisième ligne.
RUGBY. Champions Cup. Le Leinster révèle ses atouts pour terrasser Toulouse en finaleIl fait le choix d’aligner Ryan Baird en 6 (198 cm pour 107 kg), Will Connors en 7 (195 cm pour 100 kg) et Caelen Doris (193 cm pour 106 kg), en laissant sur le banc deux internationaux irlandais Josh Van Der Flier (185 cm pour 98Kg) et Jack Conan.
On voit ici, que Nienaber fait le choix du volume et de la taille pour dominer et contrer les Toulousains dans leur jeu de mouvement dans un premier temps. Il compte sur ses deux remplaçants pour venir détruire et ralentir les phases de rucks toulousaines dans le deuxième acte. Le reste du banc est absolument stratosphérique avec six avants et deux arrières (tous internationaux).
La volonté est claire, imposer aux rouge et noir un engagement physique de tous les instants, d’abord dans le volume et la course à pied avant de se concentrer sur le jeu au sol dans une fin de match plus tendue.
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Nienaber part du constat qu’il est difficile d’anticiper la manière dont le jeu au sol sera arbitré par l’Anglais Matthew Carley. On se souvient de la permissivité dont avait bénéficié les Sud-Africains dans ce quart de finale de coupe du monde face aux Français avant de se voir durement sanctionnés la semaine suivante dans le match les opposants à l’Angleterre. Passant tout proche de la catastrophe.
Nienaber par ses choix et son effectif pléthorique écarte donc l’incertitude de l’arbitrage et tente de répondre au jeu de mouvement toulousain en construisant une stratégie en deux phases : la réponse par le jeu et le mouvement avant de se focaliser sur le jeu au sol en ralentissant les ballons toulousains et en obtenant de potentielles pénalités qui pourraient s’avérer cruciales.
L’opposition de style s’annonce grande ! Vivement dimanche… euh samedi… Allez le Stade !
Amis à Laporte
Je vais regarder le match en replay, je ne supporterai pas de voir le Leinster battre Toulouse (ce que je ne souhaite absolument pas) avec l'aide de l'arbitre ?
Atlantique SR
En rouge et noir, j'exilerai ma peur
J'irai plus haut que ces montagnes irlandaises, en rouge et noir ! allez Toulouse
duodumat
Bel article. Merci !
Un clin d'œil au Rugbynistère : "...Il n’y aurait ainsi plus rien à dire quant à cette génération dorée du Stade Toulousain..."
Je vous fais confiance il va y avoir 12700 articles à temps de lecture 1 mn d'ici la fin de saison !
resp
Merci pour cet article et pour la très bonne analyse de leur 3ème ligne, leur banc et le jeu au sol.
Leur banc est en effet pléthorique avec exclusivement des internationaux. L'idéal serait de prendre nettement l'avantage au score et les faire douter. Les contraindre à modifier leurs plans.
Jouer contre des clubs étrangers en phase finale cette saison de coupe d’Europe et une finale contre une équipe régulièrement qualifiée à ce niveau de la compétition est un défi de taille. Le Stade les a souvent relevés et aujourd'hui encore il en est capable. Quoi de mieux que cette finale des 2 équipes les plus représentées avec un arbitrage impartial espéré...