Il est apparu sur l’écran dimanche dernier. On l’avait presque oublié sur un quai de la Garonne, surfant le mascaret des réseaux sociaux depuis l’estuaire de la Gironde jusqu’au tréfonds des Pyrénées natales à Bazus-Aure. Le poing levé, lui qui a toujours été un inconditionnel d’Amel Bent, ballon sous le bras pour aller planter la banderille finale à l’ours de Bristol, le trappeur-matador au descabello hilare n’en finissait pas de sourire à son destin farceur.
Je revois le gamin beau gosse et branleur arrivé du plateau dans les pas de Bastien Duthu, inconnu et déjà remarqué. Il était crabos dans une équipe bourrée de talents, finaliste du championnat contre Clermont. Mais déjà sa malédiction bayonnaise tournait à plein régime : celle de n’être jamais titulaire en finale pour cause de blessure.
La blessure, sa plus fidèle compagne lors de ses années en bleu et blanc, où il aura, malheureusement passé plus de temps chez le kiné que sur le pré carré de ses exploits venus ou à venir. Il était venu sur la côte basque pour suivre les cours de l’école d'ostéopathie, cobaye de ses propres douleurs, son anatomie n’aura plus de secrets pour lui, ce qui n’était pas fait pour lui déplaire, en fin de compte.
Il ratera une autre finale, victorieuse cette fois, l’année suivante en Reichel contre le LOU, à nouveau remplaçant, l’anathème de la titularisation le poursuit sans relâche. Une équipe 5 étoiles où on retrouve Labouyrie, Ollivon, Duthu, Visensang, Ancely, Loustalot, Otazo, Ugalde, Fuster entre autres, pour ne citer que les plus connus.
Il y a quantité d’anecdotes qui se rattachent à cette époque. Un déguisement de panthère rose pour le joueur auteur de la plus belle cagade du match. Nans l’a souvent porté en riant, un petit matin dans une piscine chez son entraîneur de l’époque, un pari au champagne pour le croqueur de vie, des leçons de coiffure et la vérité si je mens, les soirées chez Iban et tout ce qui suit… Et puis ce morceau d’anthologie, qu’il a raconté sur le plateau du late rugby, je crois, cet instant hors-sol, là où la déconnexion est définitive et éternelle, un truc pour fou furieux…
Pourquoi le numéro 3 @NansDucuing ? 🤔 #LateRC
— Late Rugby Club (@LateRugbyClub) January 24, 2019
L'anecdote de notre invité avec @avironrugbypro 😂⬇️ pic.twitter.com/Pmtsb2zEKg
Août ou septembre 2012, l’Aviron joue Clermont en championnat, Dauger est bondé, les Reichels champions de France font le tour du stade, présentant le bouclier, rafistolé à la hâte, à tout le public bayonnais. Nans est bien sûr parmi eux. On a demandé aux jeunes joueurs de faire la haie d’honneur pour l’entrée des pros sur le terrain au son de la peña Baiona, le n’importe quoi est prêt pour son show. Anticipant cette entrée, Nans avait récupéré chez un joueur habitant à quelques encablures du stade un short, des chaussettes et un maillot bleu et blanc. Profitant de l’exaltation de l’entrée, caché dans la haie d’honneur, il va enfiler la tenue de joueur et rentrer sur le terrain avec les pros. Il mimera quelques exercices d’assouplissements, encouragera virilement Tialata, pilier de l’Aviron à cette époque. Le Néo-Zed' a moyennement apprécié l’initiative du pyrénéen, cherchant à le virer manu militari du champ de jeu. Nans, intelligemment, a senti qu’il était temps de terminer sa première balade avec les professionnels, le sourire triple XL il est revenu parmi les siens, retrouvant ses habits de la normalité.
Mais cette première expérience avait dû lui donner le goût de reviens-y. Il le retrouvera ailleurs, en pays catalan d’abord, puis au bord de la Garonne ensuite, jusqu’à aller au Kings Park de Durban et à l’Ellis Park de Johannesburg pour aller chercher un coq sur le cœur. Les blessures ne l’ont jamais épargné, il est toujours revenu, terminator du romantisme ovale. Il a la gouaille des amuseurs publics, le talent de ceux qui ne se prennent pas (trop) au sérieux, le sourire charmeur des princes du cad-deb et le verbe léger des conteurs des nuits sans fin. Je ne sais ce que sera la suite de ses aventures, il nous les racontera par-ci, par là, mais je suis sûr qu’il réapparaîtra en plein écran, le poing levé, un ballon sous le bras, l’happy face comme passeport…
Amis à Laporte
Il n'y avait pas un feuilleton à la télé dans les années 70 qui s'appelait Nans le Berger ???