Ecrit par vous !
Entraîneur à 21 ans, KO, Lapandry, découvrez Lucas Dessaigne, pur produit de la formation auvergnate
Lucas Dessaigne a été capitaine de l'ASM cette saison.
Entretien avec Lucas Dessaigne, jeune troisième ligne formé à l'ASM, après ses deux premières titularisations en Top 14.

Le centre de formation de l’ASM est une véritable « usine à troisièmes lignes » (Yato, Cancoriet, Itturia ou encore Lapandry pour ne citer qu’eux). Lucas Dessaigne, 21 ans, est un des derniers exemples. Pur produit de la formation auvergnate, le Clermontois vient d’enchaîner ses deux premières titularisations avec l’ASM. Ancien capitaine des espoirs et gros travailleur, le jeune troisième ligne de 21 ans évoque ses premiers matchs avec les pros, ses objectifs et donne quelques indiscrétions sur le groupe.

Peux-tu nous parler de ton parcours sportif ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de six ans à l’Ovalimagne. À l’âge de 11 ans, j’ai fait les tests pour entrer à l’ASM. J’ai été pris et depuis, je n’ai pas quitté le club. Avec l’ASM, j’ai été champion de France avec les moins de 15 ans et champion de France avec les espoirs (Ndlr : en 2018). De plus, avec les sélections d’Auvergne, j’ai été deux fois champion de France. J’ai intégré le centre de formation de l’ASM en 2017. 

Quel profil de joueur de troisième ligne te correspond le plus ?

J’ai plus un profil « plaqueur-gratteur ». Mais j’aime tous les secteurs du rugby, et je travaille tous les aspects de ce sport. Mais effectivement, c’est là où je prends le plus de plaisir. Le plaquage, je le travaille beaucoup car c’est une remise en question tous les week-ends : on tombe sur des joueurs aux qualités physiques exceptionnelles. Pour ma première chez les pros (Ndlr : en Champions Cup contre l’Ulster), sur une mauvaise technique de plaquage, j’ai pris un KO, et du coup, j’essaie de bosser le plaquage le plus possible. 

Justement, ton premier match avec les professionnels, avait été plutôt douloureux avec un KO, comment as-tu géré cet épisode ? 

Ce KO m’a énormément touché : j’avais moins confiance en moi et c’était assez compliqué de passer outre. C’est pour ça que le fait d’avoir pu rejouer récemment, m’a remis en confiance et m’a permis un peu de gommer ça de ma tête. Par contre, c’est sûr que cela m’aura marqué et je m’en souviendrai toujours à chaque entrée sur le terrain. 

Tu viens de délivrer deux belles titularisations avec l’ASM. Comment les as-tu vécues ? 

Personnellement, j’avais un peu de stress car je suis quelqu’un qui stresse naturellement pour rien. Forcément, j’étais stressé et je ne savais pas à quoi m’attendre en débutant un match, même si je m’en doutais bien un peu avec les matchs amicaux que j’ai joués et mon entrée à Toulon l’année dernière (Ndlr : il avait joué 20 minutes). Individuellement, ces titularisations étaient enrichissantes.

Pour ma première titularisation à Toulon, ce qui était intéressant, c’était de se retrouver avec des joueurs que je connaissais de l’équipe Espoirs. Et en plus, on était très soutenu par notre capitaine Wesley (ndlr : Fofana). C’était vraiment une super expérience. Mais, ce qui est embêtant ce qu’il n’y a pas eu le résultat, alors qu’on avait à cœur de bien faire. Contre le Racing, la défaite était aussi frustrante, malgré un contexte différent. Ce qui était encore intéressant, c’était d’être entouré par des grands joueurs comme par exemple Fritz Lee.

Et ce qui marque le plus, c’est le rythme soutenu. C’est la plus grosse différence. Et puis après forcément, quelques impacts qu’il n’y a pas chez les espoirs, avec des joueurs aux physiques hors normes comme Romain Taofifenua ou Camille Chat.

Justement, en parlant des impacts, quelles sont les différences avec le niveau du championnat espoirs que tu connais bien ? 

Comme je l’ai dit, c’est vraiment le rythme de jeu. Avec les espoirs, le rythme est beaucoup moins important, avec pas mal de déchets techniques. Mais parfois, sur certains matchs des Espoirs on peut quand même avoir des oppositions très intéressantes, car certaines équipes font redescendre des mecs qui jouent habituellement en pro et donc qui ont l’habitude de jouer à un meilleur niveau. La vitesse… Ça fuse de partout. C’est plus rapide, donc ça tape plus fort. Il est plus difficile de prendre des décisions aussi.

Pour ta première titularisation, tu as fini capitaine pour les dernières minutes du match, incroyable pour une première titularisation…

Oui, j’ai fini capitaine. Wesley était sorti, Tim (Ndlr : Nanai-Williams) aussi. Comme j’avais un peu d’expérience avec le capitanat chez les Espoirs, Franck m’a fait passer capitaine. Mais c’était pour les dernières minutes et en raison des circonstances. 

Comment s’était passée l’intégration dans le groupe pro ? Les plus « anciens » vous prennent-ils sous leurs ailes ?

L’intégration est très facile. Avec pas mal de jeunes joueurs, on a bénéficié des conseils d’Alexandre Lapandry, de Morgan Parra et de Wesley Fofana. Wesley est adorable avec les jeunes. Bien sûr après il faut être respectueux, et ne pas vouloir tout avoir directement. Il faut montrer qu’on a envie, que l’on peut apporter de la fraicheur. 

Tu parlais de Fritz Lee, que t’apporte-t-il sur le terrain ?

C’est quelqu’un de très chirurgical, qui fait très peu d’erreurs. Il est tout le temps efficace, et de jouer à côté de ce type de joueur me pousse à donner le meilleur de moi-même.

Après ces deux matchs, quels sont les points sur lesquels tu as remarqué qu’il fallait plus travailler ? 

Je pense qu’on peut toujours s’améliorer, même sur ces points forts. Il y a toujours possibilité de mieux faire. Je peux gagner sur un plaquage, qu’il soit plus offensif. Je peux être plus rapide sur un ruck ou même sur n’importe quel secteur dans le jeu. Après, je sais que je dois travailler plus balle en main. Mais je n’oublie aucun domaine. 

Que penses-tu des problèmes actuels de l’équipe notamment en conquête ?

C’est ce que disent les regards extérieurs. Nous, on sait sur quoi on doit travailler, on bosse très dur. Ça travaille fort. Après, on tombe sur des équipes très performantes. C’est à cela que sert l’entraînement : se remettre en question et travailler encore plus, pour avoir le moins de problèmes possibles lors des prochains matchs. 

Cette saison, tu n’avais pas joué avec les pros jusqu’au match contre Toulon, tu t’attendais à jouer plus ? 

Honnêtement, je n’avais pas calculé de jouer plus ou moins. J’attendais juste mon tour et des opportunités. Du fait de la situation sanitaire et le début de saison avec le quart de finale de la Coupe d’Europe, je savais que le staff allait choisir des joueurs d’expérience. Et donc pour moi, en tant que jeune, je savais que ça serait difficile de jouer. Mais je savais également que les saisons sont longues et que je pourrai avoir une ou deux opportunités, même en tant que remplaçant. Par contre quand j’étais titulaire, j’ai essayé de saisir l’opportunité. Je ne m’attendais pas à débuter titulaire. 

C’est sûr qu’il y a de la qualité à Clermont. Après, ça permet de se pousser vers le haut et d’apprendre des autres. Les jeunes, on a moins de temps de jeu avec la concurrence. Donc dès qu’on fait appel à nous, on doit donner le meilleur de nous-même. Si le train passe et on le loupe, on ne nous attendra pas. Et il ne reviendra pas nous chercher. 

Toi qui es Auvergnat, et qui a été capitaine dans les catégories jeunes, que représente le fait d’avoir joué avec les professionnels et même de passer professionnel la saison prochaine ?

C’est une fierté d’avoir pu gravir tous les échelons, mais ce n’est pas une fin en soi. Mon objectif est de jouer le plus souvent possible. Comme n’importe quels rugbymen, je suis un compétiteur, je n’échappe pas à la règle. Alors mon but, c’est de jouer le plus possible.

L'interview décalé : 

Un joueur qui t’inspire dans le rugby d’aujourd’hui ? 

À Clermont, Alexandre Lapandry. Dans un autre club, David Pocock.
Qui est le « papa » du groupe ?
Morgan. Sans hésiter. 
Qui s’habille le mieux ?
Qui a le plus de style ? Judi. Judicaël Cancoriet. 
Le plus chambreur à Clermont ?
Sébastien Bézy.
Le meilleur danseur du groupe ?
Tani Vili.
Le joueur le plus talentueux selon toi à l’ASM ?
Damian Penaud
Un autre métier, si tu n’avais pas fait rugbyman ?
Kiné. 
Si tu devais choisir deux autres troisièmes lignes pour jouer avec toi qui choisirais-tu ? 
Lapandry et Pocock. 
Ton lieu préféré à Clermont-Ferrand ?
Chez moi. 
Un moment marquant ?
Une de mes meilleures expériences, c’est d’avoir fait la Coupe du monde de rugby à 10 à l’Île Maurice. J’ai pu jouer avec des joueurs comme Conrad Smith ou Julien Pierre. C’était super sympa. 

Tu as participé au Super Sevens l’an dernier. C'est une discipline qui t'attire ?

C’était une expérience assez sympa. Mais j’ai fait le Super Sevens, car il y avait des blessés dans les lignes arrière. Mais ce n’est pas du tout ma spécialité. Ce n’est pas ce que j’aime le plus. Le plus gros bénéfice qu’apporte le rugby à 7 est l’intensité, le cardio. Ensuite, les bénéfices sont indéniables au niveau de la passe et de sa technicité. Il y a des longueurs de passes que l’on ne connaît pas à 15. Et puis même sur la qualité des appuis… Il y a énormément de choses. Le 7 donne de meilleurs athlètes pour le XV. Les meilleurs exemples sont JP Barraque et Tavite Veredamu qui sont avec nous à Clermont.Et si l'avenir du XV de France passait aussi par le rugby à 7 ?Et si l'avenir du XV de France passait aussi par le rugby à 7 ?

Si je ne me trompe pas, tu entraînes Riom, une équipe de rugby amateur. Tu es encore loin de ta fin de carrière, mais c’est quelque chose qui t’intéresse ? 

Mon père entraînait Riom, un club à côté de Clermont. J’aimais bien l’entraînement et du coup j’ai commencé par donner des coups de main. Puis au final, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur que j’ai validés il y a trois mois. On entraîne à quatre, avec mon père et deux autres coachs. 

Tu as été international universitaire avec la France en 2019, un bon souvenir ? 

C’était une super expérience et en plus on a battu les Anglais, donc c’était encore mieux. De cette expérience, je ne retiens que du positif. À l'époque, j’étais en STAPS.France universitaire remporte le Crunch et prend sa revanche sur l'Angleterre [VIDÉO]France universitaire remporte le Crunch et prend sa revanche sur l'Angleterre [VIDÉO]

D’ailleurs en parlant d’université, comment se passe ta formation à côté de ta vie de joueur de rugby ?

J’aimerais reprendre mes études, mais avec le Covid, c’est un peu compliqué. Le Covid a décalé la fin de mon diplôme d’entraîneur (équivalent BAC+2), et je n’ai pas pu reprendre. C’est un peu la galère.

Quels sont tes objectifs à court et moyen terme ? 

L’objectif est clair. Dès qu’une opportunité s’offre à moi, je dois répondre présent. C’est la plus grosse difficulté, et ensuite donner le meilleur de moi-même sur les prochaines sorties. J’espère un avenir à l’ASM. Après de quoi est fait l’avenir ? Je ne le sais absolument pas. Mon souhait bien sûr en tant qu’Auvergnat est de rester à Clermont.

Merci à Clément A. pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

Vous devez être connecté pour pouvoir participer aux commentaires

Même si ils ont été formé plus jeunes dans d’autres clubs, à l’ASM, on retaille ces diamants bruts pour en faire des bijoux...Epicetou. Bonne année a tous.

Derniers articles

News
News
News
Transferts
News
News
News
News
News
Transferts
News