EXCLU. Adrien Séguret (Castres) : ''J'espère qu'à Marcoussis, on pense comme moi''
Adrien Séguret réalise une 2ème partie de saison 3 étoiles avec le CO. Screenshot : Castres Olympique
Disponible, humble et lucide, le centre Adrien Séguret s'est confié sur sa première saison à Castres, l'évolution de son jeu et ses ambitions futures.

Il est 10h15 ce jeudi matin quand le téléphone sonne. De l'autre côté du fil, c'est Adrien Séguret, 3/4 centre du Castres Olympique, qui nous accorde du temps sur son jour de repos. "Avec plaisir", rétorque-t-il au moment des formalités. Tout au long de l'entretien, le garçon de 24 ans nous aura marqués de par son calme, son flegme, presque, mais aussi son affabilité. Avec lui, on peut parler de tout : de sa saison aboutie au CO aux moments un peu plus difficiles, en passant par ses années U20 avec les Bleus, ses anciens partenaires de jeu parfois oubliés ou la quête d'évolution du rugby français ces dernières saisons. Les réponses ne sont jamais que verbe, sujet et complément. Elles sont détaillées, complétées et donc, intéressantes. Tout comme son parcours, d'ailleurs.

VIDEO. Pro D2. 6 défenseurs battus, le festival en soliste d'Adrien Seguret dans la défense de NeversVIDEO. Pro D2. 6 défenseurs battus, le festival en soliste d'Adrien Seguret dans la défense de NeversPour ceux qui ne s'en souviendraient pas, "Le Seg" était titulaire une grande partie de la saison 2017/2018 avec France U20, et donc logiquement présenté comme l'un des éléments les plus prometteurs de cette première génération de champions du monde. Pourtant, 5 ans plus tard, le solide gaillard (1m82 pour 95kg) sort tout juste de sa première saison pleine en Top 14, quand d'autres - sans même parler des têtes d'affiche générationnelles Ntamack, Vincent, Woki, Bamba -  affichent déjà une bonne cinquantaine de matchs en première division, voire plus. Le résultat d'un choix de carrière aujourd'hui payant. "À l'époque, au LOU avec P-L Barassi, on savait qu'à un moment, un de nous deux devrait certainement sauter (rires). Il n'y avait pas de places pour deux jeunes internationaux au même poste et plutôt que de végéter à Lyon en Top 14, j'ai fait le choix d'aller en ProD2."

L'incubateur de la ProD2 

S'il disparaît quelque peu des radars de l'élite, Séguret "mange" néanmoins son temps de jeu, comme on dit, en 2ème division. "Pour moi, il n'y a rien de plus important que de jouer, confie-t-il. J'incite d'ailleurs tous les jeunes qui sentent que le chemin est un peu bouché en Top 14 à tenter le coup en ProD2, qui ne demande que ça d'accueillir des jeunes talents français. Le temps de jeu, il n'y a que ça qui te fait réellement progresser, évoluer, et prendre tes responsabilités, comme j'ai pu en avoir assez tôt à Grenoble". Justement, après 3 saisons à apprendre et performer (on parle de plus 70 matchs de ProD2 et 15 essaisdans ce championnat véritable laboratoire de talents, il sent que c'est le bon moment de retourner voir plus haut. L'un - si ce n'est le - meilleur chasseur de tête de l'Hexagone, P-H Broncan, le fait alors revenir dans le Tarn, lui, l'ancien albigeois. Le déroulé de sa saison, c'est ensuite le principal intéressé qui l'explique :

J'ai pris une nouvelle dimension avec l'arrivée de Jérémy Davidson, même si je reste très reconnaissant de ce qu'à fait P-H Broncan à mon égard. C'est lui qui m'a fait venir à Castres et qui m'a fait confiance. C'est vrai qu'en début de saison je ne jouais essentiellement que les matchs à l'extérieur, mais il a aussi fallu trouver sa place dans une équipe finaliste du Top 14 l'an dernier. Et puis l'épisode de la coupe d'Europe m'a fait beaucoup de bien, j'ai sorti de belles parties contre Edimbourg et Exeter et ça m'a permis d'enchaîner. Forcément, qui dit temps de jeu dit confiance, d'autant que collectivement, les résultats sont peu à peu revenus. Aujourd'hui, je me sens bien, je tourne bien ces derniers temps. Je pense que j'ai construit progressivement ma saison."

En effet, au fur et à mesure, que ce soit aux côtés d'Adrea Cocagi ou Vilimoni Botitu, Séguret a montré que le Top 14 pouvait compter sur lui. Toujours aussi tranchant, difficile à mettre au sol et moins monolithique qu'à ses débuts, l'ancien montois démontre l'évolution de son jeu à chaque sortie. En témoignent ses 17 titularisations (toutes compétitions confondues) cette saison, assorties de 3 essais, dont celui de la victoire à Brive le week-end dernier. "Depuis la deuxième partie de saison dernière à Grenoble, c'est vrai que je suis davantage utilisé en 13 et ça me permet d'ouvrir finalement un peu plus mon jeu. Je m'éclate dans ce registre car ça m'aide à me projeter sur les extérieurs et à avoir peut-être de meilleurs coups à jouer. C'est d'ailleurs là où je reste le plus performant, le plus éclatant, à savoir lorsque je joue mes duels.

À 24 ans, j'arrive aussi à une situation d'équilibre que je dois faire perdurer et évoluer. À une époque, j'ai pris le risque de partir m'aguerrir en ProD2 pour avoir du temps de jeu. J'y suis resté 3 saisons et ça n'a pas toujours été facile, d'ailleurs. Mais finalement, j'ai réussi à revenir en Top 14 et dès ma première saison ici, à petit à petit m'installer au centre. C'est que ça fonctionne plutôt bien pour moi. 

Une nouvelle fois élu Olympien de la rencontre face au CAB, l'enfant de Rodez aspire-t-il pour autant à plus, à l'avenir ? Sans rien éluder, il garde pour autant la tête sur les épaules : "Bien sûr que l'équipe de France est dans un coin de ma tête et que cela reste un rêve. Mais j'ai aussi conscience de la difficulté de la chose, de la forte concurrence, etc. Personnellement, j'ai toujours plutôt été du genre à avancer dans mon coin, sans trop me faire de plans sur la comète, histoire de ne pas être déçu. Je pense qu'en restant déterminé, concentré et en enchaînant bien en club, c'est là que les choses s'ouvrent parfois à toi. J'ose espérer que les yeux qui surveillent le Top 14 depuis Marcoussis pensent comme moi aha." Si le train du Mondial passera sans lui, c'est une certitude, n'oublions pas qu'à l'orée d'un nouveau quadriennat en Bleu, le Castrais n'aura que 25 piges. Et des rêves possibles plein la tête...

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  • Pianto
    56242 points
  • il y a 1 an

Deux remarques, un garçon posé, certes mais qui a déjà évolué à Albi, Lyon, Mont-de-Marsan, Grenoble et Castres à 24 ans. C'est une évolution du rugby à laquelle j'ai du mal à m'habituer...

La deuxième, le commentateur de la vidéo m'a fait ma journée avec ses intonations montagnes russes. J'espère pour lui qu'il n'aura pas souvent des essais comme ça à commenter, il va y laisser la santé.

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