Faut-il craindre une explosion des blessures aux ligaments et tendons à la reprise ?

Quelle stratégie post-confinement pour le Ministère des Sports ? Le huis clos total bientôt déclaré !En ce moment, reprise rime avec incertitude et inquiétude. La LNR espère jouer les phases finales du Top 14 en août. Le scénario optimiste du ministère des Sports table sur un retour progressif à l'entraînement des athlètes à partir du 11 mai avec une possibilité pour eux de rejoindre les équipements sportifs et une pratique dans un format encore à déterminer. Les rugbymen seront-ils concernés ? Rien n'est moins sûr. D'autant plus que des voix s'élèvent pour mettre en garde les autorités sur un retour trop rapide à la compétition après une période exceptionnelle de repos forcé. Oui, ce sont des sportifs de haut niveau, et une grande partie s'est entretenue. Mais faire un entraînement à la maison n'a rien à voir avec des séances à la salle et des ateliers rugby. De quoi va dépendre la reprise du TOP 14 ? Un expert cardiologue explique !

Des cardiologues ont déjà émis des réserves. Mais le coeur pourrait ne pas être la seule partie du corps malmenée. Via L'Equipe, Jean-Benoît Morin, spécialiste en motricité et optimisation de la performance, s'inquiète pour les muscles et les tendons. Même en ayant certains équipements à la maison, difficile de travailler son explosivité correctement. "En courant sur un tapis roulant, en faisant de la corde à sauter, on ne reproduit jamais les efforts d'un match." De fait, le système tendineux, très sollicité chez les rugbymen sera d'autant plus exposé qu'il n'a pas été maintenu en tension pendant plusieurs semaines. Tout le monde n'a pas été logé à la même enseigne d'un club à l'autre. "Il faudra aussi les freiner car leur esprit sera au taquet, leur corps leur semblera prêt mais leurs tissus musculaires et tendineux ne le seront pas."Mourad Boudjellal : ''Le grand danger pour les clubs, c'est la Ligue''Ce chercheur en sciences du sport à la faculté de Nice met en garde contre une explosion des blessures lors de la reprise. Les risques de rupture du tendon d'Achille sont réels selon lui. Il fait le parallèle avec ce qui s'était passé en 2011 après la longue période de grève en NFL qui avait duré du 11 mars au 25 juillet. Comme les rugbymen, les footballeurs américains n'avaient pas eu accès aux installations sportives de leurs franchises ni aux équipes médicales. Ils avaient repris l'entraînement deux jours seulement après la levée du lockout et la pré-saison le 11 août. Résultat, une douzaine de ruptures du tendon d'Achille, soit le double de la moyenne des années précédentes. A raison de dix pendant pendant le camp d'entraînement et de deux lors de la pré-saison.Une chance unique d'aligner les calendriers des deux hémisphères, estime Rory BestEn octobre 2011, et après analyse des données, le Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy expliquait à titre informatif qu'il n'y avait eu que 31 ruptures du tendon d'Achille en NFL entre 1997 et 2002. Une blessure qui peut être synonyme de fin de carrière ou bien de longue période de convalescence suivie d'une baisse importante de la puissance. Ce sont généralement les joueurs les plus expérimentés qui sont les plus touchés. Or, en 2011, près de la moitié des joueurs blessés après la reprise en NFL était des recrues. En France, personne n'a oublié les blessures de Fofana et Clerc en 2017. En 2018, Jocelino Suta avait lui annoncé la fin de sa carrière. Jean-Benoît Morin estime qu'une période de quatre semaines d'entraînement est un "strict minimum". Outre la rupture du tendon d'Achille, on peut aussi craindre une explosion des blessures aux genoux et notamment aux ligaments croisés, certes reposés, mais très peu sollicités pendant le confinement.