S’il ne sera pas dans le groupe italien qui défiera le Pays de Galles ce week-end, le Toulousain Martin Page-Relo a néanmoins eu le mérite de connaître sa première convocation avec la Squadra Azzurra. Un appel qui laisse entrevoir de belles choses pour la suite, d’autant que la jurisprudence Ange Capuozzo permet certainement à de nombreux "bi-nationaux" de s’éprendre à rêver. Ce qui aurait également pu être le cas d’un certain Lucas Gulizzi. Vous avez beau chercher dans la sélection transalpine, ce nom ne vous dit rien ? C’est normal, le 3ème ligne de l'Union Cognac/St Jean d’Angely n’a jamais été appelé avec l’Italie du capitaine Michele Lamaro, le pays de son grand-père. Lamaro, un garçon qu’il connaît en revanche assez bien pour l’avoir côtoyé avec les U20 italiens en 2018, de même que les Danilo Fischetti ou Nicolo Cannone. Eh oui, à l'époque, le flanker charentais connaît les honneurs d'une sélection dans le Tournoi, face à la France s'il vous plaît.
En 2017, j’étais avec un copain qui lui aussi possédait un grand-parent italien et on tente le coup, on envoie notre CV par mail à la fédération. On n'y croyait pas trop mais finalement, quelque temps plus tard, je suis appelé pour aller faire un stage de préparation. Puis deux. Et en 2018, face à la France, on m’offre ma première sélection U20. C’est, pour l’heure, mon meilleur souvenir rugbystique. Représenter le pays de mon grand-père, face à mon propre pays et des collègues avec qui je jouais depuis petit en club comme Louis Carbonel ou J-B Gros, c’était très intense. Et même si on avait pris une déculottée ce jour-là (78 à 12, NDLR), c’était face l’équipe qui serait la première génération de champions du monde U20 français quelques mois plus tard…
Un moment intense que le joueur de 24 ans garde précieusement dans un coin de sa tête. Sans aucune amertume de n'avoir pu enchaîner sur un Mondial derrière, véritable tremplin pour de nombreux jeunes afin de faire décoller leur carrière, comme ce fut le cas en 2019 pour Capuozzo par exemple, ou encore pour les frères argentins Santi et Matteo Carreras, aujourd'hui pensionnaires du Premiership. "Ça reste un très beau moment. En Italie, ce n’est pas comme en France avec nos catégories Crabos, Espoirs… Là-bas, les meilleurs jeunes joueurs sont tous regroupés au sein d’une sorte d’académie et évoluent ensemble toute l’année et depuis toujours." Il poursuit : "Les joueurs ne proviennent pas de tous les clubs du pays comme on connaît chez nous. Et leur équipe U20 se fait avec tous ces garçons-là. Donc forcément, pour moi, le Français qui arrivait de Toulon, j’ai tout de suite senti que ce serait compliqué d’intégrer le groupe pleinement et que la priorité serait donnée aux locaux par les coachs, même si j’ai été très bien accueilli. Je l’ai ressenti comme ça. "
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Bon an, mal an, le solide flanker (1m88 pour 105kg) du RCT sent qu'il doit tenter de faire rebondir le ballon en sa faveur et s'engage la saison suivante à Béziers, où il joue dans un premier temps en Espoirs mais s'entraîne avec le groupe professionnel. Après avoir disputé la coupe du monde militaire en 2019, où la France termine 3ème, l'enfant de Six Fours (Var) revient avec un bagage supplémentaire - au moment de la nomination de Pierre Caillet dans la foulée à l'ASBH - et sait qu'il devrait bénéficier de ses premières cartouches en ProD2. Sauf qu'une blessure aux ligaments du genou vient l'en priver. En fin de contrat dans l'Hérault, il rejoint donc Cognac pour aborder ce nouveau championnat de Nationale dans la peau d'un titulaire.
Un profil rugueux, puissant et qui "touche à tout"
Deux ans et demi plus tard, "Gugu" s'est remis d'une autre grave blessure pour être désormais un indiscutable de l'UCS. Malgré la saison du club, bon dernier du championnat et qui redescendra en Nationale 2 la saison prochaine, le grand brun fait partie des rares éléments à surnager et accumule un temps de jeu conséquent (16 matchs, 15 titularisations, 2 essais). Joueur physique, dur sur l'homme et aérien, il se décrit lui-même comme un 3ème ligne un peu "touche à tout" et qui adore par-dessus tout la touche, qu'il a notamment énormément étudiée avec Caillet à Béziers. Autre atout ? Sa rudesse, donc, qu'il explique tirer de ses expériences avec la Marine Nationale notamment : "J’ai pu bénéficier d’un contrat de volontaire dans l'armée, qui me permettait de jouer en club comme avec la Marine Nationale. Et ce du fait que je travaillais en tant que chaudronnier à l'arsenal de Toulon. Ça m’a apporté un superbe vécu comme cette coupe du monde militaire en 2019 au Japon, mais aussi le fait de pouvoir m’aguerrir très jeune. Alors qu’en Espoirs on ne jouait presque que contre des garçons de moins de 23 ans, dès ma première année séniors, j’ai pu affronter des hommes. Ça m’a permis d’élever mon approche de l’affrontement physique et du combat notamment."
L'objectif pour la saison prochaine est d'accrocher un club du haut de tableau de Nationale et de montrer que je peux exister aussi au sein d'une équipe qui joue les premiers rôles de la division. Bien sûr que parvenir à signer pour un club de ProD2 directement serait un gros cap de passé dans ma carrière, mais j'ai bien conscience que cela risque d'être compliqué, vu nos résultats cette saison...
Reste que malgré ce beau bagage, celui qui fut champion de France Crabos avec Toulon doit désormais se pencher avec sérieux sur la suite. Alors qu'il arrivera au terme de son contrat avec Cognac prochainement, il sait que les prochaines lignes de sa carrière s'écriront ailleurs qu'en Charente, faute d'objectifs communs. À moins que Soyaux/Angoulême, actuel 13ème de ProD2, ne se maintienne dans l'antichambre du Top 14 et ne soit intéressé par son profil...
duodumat
Article très intéressant. Merci.
Et bien écrit je dois le dire.