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INTERVIEW. Nicolas Kraska :  "J’adorerais qu’il y ait plus de Français dans le championnat japonais"
Nicolas Kraska avec son maillot des Toshiba Brave Lupus. Crédit photo : Yuka Shiga
Si Goromaru a fêté sa première titularisation en Top 14, Nicolas Kraska entame sa deuxième saison au pays du soleil levant. Le Français évoque son parcours.

Comment expliques-tu cette envie de partir au Japon à seulement 27 ans et après avoir touché du doigt le monde professionnel en France ?

J’étais en fin de contrat avec Albi et je voyais que je ne jouais plus trop, qu’on m’envoyait au casse-pipe. Je sentais que la fin arrivait dans le club. J’ai donc cherché à droite à gauche sans grande réussite. J’avais des offres de Fédérale 1 mais ma volonté était de rester dans le monde professionnel. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à envoyer mon CV à plusieurs entraineurs que j’ai contacté via Linkedin. Un jour le coach des Toshiba Brave Lupus m’a demandé de prendre mes crampons et d’aller faire un test. Je m’y suis rendu, ça s’est super bien passé, c’était le début d’une nouvelle aventure. Je n’avais jamais eu l’occasion de faire Erasmus avec le rugby quand j’étais en école de commerce. Du coup, je me suis dit que ce n’était pas à 35 ans, quand j’aurais deux gosses et marié que je pourrais partir au Japon. C’était le moment ou jamais.

L’adaptation dans un pays comme le Japon n’a pas été trop difficile ? 

Si complètement, surtout au Japon c’est totalement différent. Les mecs de l’équipe ont été très sympas, ils m’ont tout montré, les étrangers pareil. Mais franchement, j’ai dû mettre trois mois à m’adapter.

Tu as retrouvé des Français là- bas ?

Oui, il y a un Franco-Philippin, Patrice Olivier, qui est passé par Béziers et qui joue en deuxième division. Je le vois de temps en temps, mais à part lui, il n’y a pas de Français dans le championnat, malheureusement.

Le championnat japonais, tu le situerais à quel niveau par rapport aux championnats français ?

En fait, en termes de vitesse et de condition physique, je pense que c’est légèrement au-dessus du Top 14. Et quand je demande aux mecs du Super Rugby si c’est plus rapide, ils me disent que oui. Donc voilà : c’est plus rapide, par contre au niveau des contacts c’est de la Pro D2 voire Fédérale 1.

Tu sens un engouement autour du rugby au Japon ?

Je pense que ça se développe là. Surtout grâce à la victoire des Japonais sur l’Afrique du Sud à la dernière Coupe du monde. Je dirais que ça a été le tournant. Avec ce match là, les Nippons ont commencé à s’intéresser au rugby. Je t’avoue que le match, ils l’ont passé en boucle sur les chaînes, ils en ont parlé dans les journaux, ça a fait la une des médias japonais. Du coup, il y a de plus en plus de gens. Nous à Toshiba c’est à peu-près 5000 personnes par dimanche. Pour le derby Toshiba Brave Lupus –Suntory Sungoliath (match qui oppose deux équipes de la ville de Fuchū), 26000 personnes sont venues assister à la rencontre, record de la saison.

Au niveau de la formation, beaucoup de moyens sont-ils mis en place pour que le Japon devienne une bonne nation du rugby ?

Le problème de la formation, c’est que le championnat jeune est un championnat universitaire. Chaque club n’a pas de sections de « jeunes ». Les meilleurs joueurs universitaires se font draftés à la fin de leur cursus scolaire. Le temps qu’ils s’adaptent, ils commencent à jouer vers 25 ans. C’est vraiment dommage car ils explosent assez tard et on voit très peu de jeunes jouer dans le championnat.

Comment a été perçue l’arrivée de Goromaru à Toulon ?

Les gens se disent que c’est une bonne pub pour le rugby japonais. Qu’un joueur japonais puisse intégrer le Top 14 et montrer qu’il a le niveau, ça a été très très bien vu.

L’arrivée en masse de joueurs étrangers en Top 14 voit de nombreux jeunes français partir en Pro D2. Est-ce que tu penses qu’à moyen terme on pourrait voir de plus en plus de Français partir à l’étranger pour pouvoir vivre du rugby comme tu l’as fait ?

J’espère, je reçois beaucoup de CV de jeunes, qui me contactent sur les réseaux sociaux et qui me demandent de les aider. Je trouve ça bien et j’adorerais qu’il y ait plus de Français dans le championnat japonais, pour qu’il y ait une autre vision. J’essaye de leur filer des contacts mais j’ai l’impression qu’au Japon, c’est un peu compliqué parce qu’ils ne connaissent pas bien le rugby français. Après franchement, je suis pour que le rugby français s’exporte à l’étranger.

Tu penses que le pays est prêt à accueillir la cCoupe du monde en 2019 ?

En terme de transports en communs, il n’y a pas de soucis. Par contre, là où ils doivent bosser encore c’est sur la communication. Il n’y a pas beaucoup de Japonais qui parlent bien anglais. Je pensais qu’en France, on était mauvais en anglais et tout, mais quand tu arrives là-bas tu te dis qu’en France on est bilingue. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai mis beaucoup de temps à m’adapter, les mecs ne parlent quasiment pas l’anglais. Au niveau des terrains d’entrainement, et des infrastructures sportives, vu que c’est une île, la terre n’est pas extensible et du coup il manque peut-être un peu de place. Mais je pense que ça devrait quand même le faire.

En France la troisième mi-temps c’est grillade et bières, au japon c’est Saké et Sushis ?

Oui (rires) Saké oui, et Sushi… Oui sushi aussi oui. Je vais pas te mentir il y en a pas mal, même s’ils sont aussi adeptes du barbecue.

A choisir, Françaises ou Japonaises ?

Françaises à 200% (rires), à 200%. D’ailleurs, là je suis content de revenir en France.

Merci à Pierre Daudies pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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  • mimi12
    128849 points
  • il y a 8 ans

Article intéressant qui permet de montrer le développement de ce sport dans de nouvelles régions du monde ! Vous avez trouvé une excellente idée !

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