Salut à vous deux et félicitations ! Est-ce que vous commencez à vous rendre compte que vous êtes champions du monde ?
Thomas Lavault : Salut ! Ça fait déjà une semaine, et personnellement non, je ne réalise pas encore qu’on est champions du monde.
Jules Gimbert : Salut ! Je pense que c’est impossible de se rendre compte sur le moment, car être champions du monde, ça n’arrive pas tous les quatre matins. Même à l’heure actuelle, je commence à le comprendre, mais on prendra réellement conscience avec le temps.
À propos de ce titre justement, est-ce que votre victoire dans le Tournoi des 6 Nations a marqué le début de vos ambitions pour cette Coupe du Monde ?
TL : Je pense que même avant cette victoire, on était conscient de notre potentiel et de nos ambitions. Mais c’est sûr qu’avec cette victoire dans le Tournoi des 6 Nations, on a validé la première échéance et on a pu aborder la Coupe du Monde avec de la confiance et de l’ambition.
JG : Oui, depuis le début, nos ambitions étaient de gagner match après match. Je pense que cette victoire dans le Tournoi des 6 Nations a renforcé la confiance de ce groupe pour arriver au Championnat du Monde pour le gagner.
On va revenir sur deux matchs en particulier. Premièrement, la demi-finale contre la Nouvelle-Zélande ! Vous les avez littéralement mangé ! Depuis combien de temps vous n’aviez pas mangé pour avoir aussi faim ?
TL : (Rires) Pourtant ça ne faisait que trois heures ! Mais avec le public, qui nous a poussé et l’enjeu de ce match, c’est sûr qu’on avait faim. On avait à cœur de battre les Blacks, dans un match aussi important, et en plus en Coupe du Monde.
JG : Pour moi depuis très longtemps (Rires) ! Plus sérieusement, jouer ce genre de match est un rêve pour tous les joueurs de rugby. C’est impossible de ne pas avoir envie de gagner et je pense que ça peut être le match d’une vie. Donc il n’y a aucune question à se poser et il faut sortir son meilleur match.
Deuxièmement, la finale contre l’Angleterre. Les équipes de France ont régulièrement connu des désillusions contre les Anglais dans les Coupes du Monde, et ils vous avaient privé du Grand Chelem lors du dernier Tournoi. Alors, ça fait du bien de les battre les Rosbeefs ?
TL : Oh oui ça fait du bien ! Personnellement, c’est la première fois que je les bats en cinq confrontations, et la seule fois où je le fais, je suis champion du monde au bout ! Donc oui quel soulagement, trop dur de résister à la tentation de les chambrer un peu…
JG : C’est sûr qu’il y a toujours eu une rivalité importante entre la France et l’Angleterre dans le rugby. Et les battre, en plus en finale d’une Coupe du Monde, c’est exceptionnel pour nous ! Après, on ne s’est pas trop focalisé sur eux mais plutôt sur nous et sur la performance qu’on avait à réaliser.
Il y a-t-il eu un moment où vous vous êtes dit « On va être Champions du Monde », ou bien avez-vous eu besoin d’attendre la dernière seconde ?
TL : Personnellement, même si certains diront que ça n’est pas bien, dès que l’on a mené de quinze points à dix minutes de la fin il me semble, je savais qu’on allait être Champions du Monde. Je le disais aux autres sur le terrain et ils me répondaient « mais non Thomas, ce n’est pas fini » mais pour moi, avec la défense qu’on avait et 20 000 personnes avec nous au Stade de la Méditerranée, on ne pouvait plus perdre ce match.
JG : Moi, je me rappelle m'être dit à la mi-temps : « on est en place, il ne peut rien nous arriver. » Après, on sait qu’à ce niveau il faut être attentif de la première minute de jeu jusqu’au coup de sifflet final car tout peut très vite arriver, du bon comme du mauvais. On aurait pu payer cash caque erreur commise. Mais on a été solide jusqu’au bout pour décrocher ce titre
Thomas, tu as abordé ce tournoi dans la peau d’un titulaire et tu as effectué plusieurs prestations remarquées comme contre la Géorgie ou encore en finale, où tu réalises pas moins de 24 placages. Comment tu as appréhendé ce statut de titulaire ?
TL : Forcément, c’est toujours une très grosse fierté d’être sur le terrain dès le coup d’envoi, mais je ne l’ai pas appréhendé d’une façon particulière. J’étais juste content d’être avec mon pote Killian (Geraci) en deuxième ligne et je voulais simplement être prêt à me régaler à chaque match.
Jules, tu étais le remplaçant attitré d’Arthur Coville, capitaine de cette équipe. Tu l’avais brillamment suppléé en février lors du Tournoi des 6 Nations. Comment t’es-tu préparé à ce statut de remplaçant ?
JG : Pour moi, être remplaçant dans cette équipe est tout aussi important que d’être titulaire car quand on rentre sur le terrain, il faut être décisif, et apporter le meilleur de soi-même pour l’équipe. Chaque remplaçant est très important, notamment pour finir le match et maintenir le niveau pendant 80 minutes. Après, en tant que compétiteur, bien sûr, je veux systématiquement être titulaire et je m’entraine tous les jours pour cela, mais comme on s’est dit depuis le début de l’aventure, on fait passer l’équipe avant tout.
Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que la formation française n’est pas de bonne qualité ?
TL : Et bien je pense qu’ils se trompent, et que cet exemple le démontre. On peut faire de belles choses avec cette génération et de manière générale avec les jeunes français. On avait à cœur de montrer cela aussi, que les jeunes joueurs français ont du potentiel et l’avenir devant eux.
JG : Je pense qu’on a prouvé qu’ils avaient tort en gagnant cette Coupe du Monde. Il faut arrêter de remettre en question la formation française tous les quatre matins et plutôt en ressortir les choses positives car tout le monde sait que le rugby français a des joueurs à fort potentiel.
Thomas, on ne t’a pas encore vu apparaître sur des feuilles de matchs en professionnel. Avec ce titre de champion du monde, qu’espères-tu pour la saison à venir au Stade Rochelais ?
Je joue à un poste (deuxième ligne) où la dimension physique est importante, donc il faut que je continue de m’aguerrir. Mais j’espère que ces titres (Tournoi des 6 Nations + Coupe du Monde) vont être un coup de pouce pour moi et ma progression. On verra si j’arrive à avoir mes premières minutes de jeu en professionnel l’an prochain, en Challenge Cup par exemple.
Jules, on t’a déjà vu en Top 14 et en Coupe d’Europe à plusieurs reprises. À tout juste 20 ans, et avec ce titre de Champion du Monde, quelles sont tes ambitions pour la saison à venir à l’UBB ?
J’espère obtenir plus de temps de jeu et rentrer dans la rotation. J’ai encore beaucoup à apprendre et il faut que je continue à travailler, mais forcément je suis ambitieux et je veux continuer de progresser et de franchir les étapes.
Si certains des Champions du Monde U21 en 2006 ont accédé à la Grande Équipe de France, d’autres n’ont jamais percé au haut niveau. Est-ce que la Coupe du Monde 2023 en France est un objectif pour vous ?
TL : Je n’en fais pas un objectif pour l’instant personnellement. Mon but est d’abord de jouer mes premières minutes en professionnel l’an prochain, puis d’être bon avec l’Équipe de France U20 (Thomas vient d'avoir 19 ans). On verra par la suite comment ma situation évolue.
JG : Pour moi oui, je pense que c’est dans un coin de la tête de nombreux joueurs dans le groupe. On a envie d’y être, même si le chemin est encore long. Mais c’est une Coupe du Monde en France, devant notre public, alors ça fait forcément rêver.
U20 2018 vs U21 2006 : que sont devenus les derniers Bleuets champions du monde ?
Pour finir, ce fameux Abdoul ! Est-ce qu’il a passé la soirée du dimanche soir avec vous, ou est-ce qu’il est rentré dormir tôt ?
TL : Oui il l’a passé avec nous et comme à son habitude il ne s’est pas échappé (Rires) !
JG : Oui comme a dit Thomas, il a passé toute la soirée avec nous ! Abdoul est présent partout où on se déplace ! Il est toujours de bonne humeur et prêt à déconner comme à être sérieux. Ce soir-là, il était en forme et toujours avec son verre (d’eau) à la main (Rires) !
VIDEO. France U20 - Demba Bamba, le diamant brutCoupe du Monde U20 : le phénomène Jordan Joseph en pleine ascensionFrance U20 : où joueront les Bleuets champions du monde la saison prochaine ?
ced
Gimbert je le vois pas du tout en top 14, il finira sa carrière en proD2
Reminane
Je crois surtout que cette génération est un bon crû !
Et qu'ils ont fait les bonnes rencontres avec des entraîneurs qui ont su leur inculquer ce qu'était le haut niveau et ses exigences et leur mettre le projet entre les mains
pour qu'ils s'en emparent et devienne le leur à savoir :
Attaquer avec ou sans ballon avec à chaque instant l'envie de jouer !!!
Marc Lièvre Entremont
Belle interview.
Dommage d'avoir posez la question sur la formation mais de ne pas avoir poussé un peu les raisons de la déroute des grands bleus.
De ne pas leur avoir demandé par exemple s'ils voyaient une différence entre le rugby pratiqué pendant leur cursus "jeune" et le rugby des équipes fanion des clubs de top14.
colinduchatel
On te laisse faire l'interview la prochaine fois 😉
Marc Lièvre Entremont
C'est très constructif comme réponse.
J'imagine qu'une interview loupée (ce qui n'est pas le cas de celle-ci, comme dit dans mon commentaire) devra également être chaleureusement applaudie à l'avenir, afin d'éviter de froisser qui que ce soit.
Sinon ton idée est bonne, pourquoi ne pas faire une sélection de questions des Rugbynistres, en plus de celles que tu as couché -de main de maître- sur le papier ?