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INTERVIEW. XV de France. Benjamin Fall : ''j'ai attendu mon heure, tout simplement''
Après de solides prestations avec le XV de France lors du Tournoi, retour au Top 14 pour Benjamin Fall avec Montpellier, qui reçoit Castres. Crédit photo: Clovis Museux
Découvrez l'interview de l'ailier du XV de France et de Montpellier Benjamin Fall après son retour sous le maillot bleu lors du Tournoi des 6 Nations.

Cinq ans après son dernier match avec les Bleus, à force de persévérance et de détermination, Benjamin Fall a retrouvé l'équipe de France lors du dernier Tournoi des 6 Nations. À 29 ans, l'ailier/arrière de Montpellier a peut-être véritablement lancé sa carrière internationale (10 sélections). Passé par l'UBB, l'Aviron Bayonnais et le Racing 92, le natif de Langon (Gironde) revient en toute simplicité et gentillesse sur ce Tournoi, son retour avec le XV de France, et la fin de saison alléchante qui se présente avec son club, avec le rêve de soulever le Bouclier de Brennus. Et si 2018 était l'année de Fall ?

crédit photo: Fabrice Chort

Une semaine après le dernier match au Pays de Galles, quel sentiment prédomine sur ce Tournoi 2018 ?

C'est à la fois frustrant et positif, dans le sens où les prestations qu'on a réussi à produire avec le peu de temps qu'on avait pour bâtir avec ce groupe, cela a été positif, avec notamment une grosse défense. Tout le monde nous voyait prendre des déconvenues, au final on a existé un peu partout même si on n'a pas réussi à achever le travail. C'est frustrant parce que t'es pas loin, tu te dis qu'avec un peu de chance sur ce Tournoi, tu peux ressortir avec beaucoup plus de victoires, voire même éventuellement, sans prétention bien sûr, gagner le Tournoi. On a réussi à rivaliser avec les grosses écuries qui sont bâties depuis quelques années maintenant.

Entre le début et la fin du Tournoi, le regard des gens a changé sur le XV de France. Malgré des imprécisions, vous avez rivalisé avec les plus grosses Nations, vous passez tout près contre l'Irlande et le Pays de Galles, vous battez l'Angleterre… C'est porteur d'espoir pour l'avenir de cette équipe ?

On a besoin d'un peu plus de pragmatisme, de chance et d'application dans les 22m où on a pêché, notamment sur le dernier match où on est plusieurs fois en zone de marque contre le Pays de Galles et qu'on part avec zéro point. Ce sera je pense notre axe de progression. Les retours qu'on a eus de nos fans, nos supporters, c'est quand même assez positif. C'est encourageant, on a l'impression d'avoir redonné un peu d'âme à cette équipe de France qui avait été un peu tourmentée à la tournée d'automne et à la tournée d'été. À nous maintenant de ne pas nous reposer sur nos lauriers, de continuer à mouiller le maillot, donner le meilleur de nous-mêmes pour honorer ce qu'on fait nos prédecesseurs.

crédit photo: Clovis Museux

Jacques Brunel a eu peu de temps pour construire un groupe, trouver une alchimie pour redynamiser les Bleus. Sur le terrain on a vu beaucoup de cohésion et de solidarité, on a l'impression que des liens ce sont tissés dans ce groupe, c'est le cas ?

Vraiment, il y a une belle émulsion, une belle cohésion. Dès le premier rassemblement, j'ai senti qu'il y avait que des bons mecs, pas un seul qui était à l'écart, tout le monde participait que ce soit les jeunes ou moins jeunes, pas de regards négatifs vis à vis des autres, vraiment tout le monde sur la même longueur d'onde. On a réussi à jouer les uns pour les autres, à s'envoyer, malgré tout ce qui nous est arrivé pendant le Tournoi, on a su rester solidaires, se resserrer. On a attendu de retranscrire tout ce bien-être qui vit au sein du groupe entre le staff et les joueurs, il nous manquait juste une victoire déclic, et on a réussi à l'avoir contre l'Angleterre.

À titre personnel, vous êtes montés en puissance au fil du Tournoi (remplaçant contre l'Irlande, entré 10 minutes en Ecosse, puis titulaire sur les trois derniers matchs), et vous avez marqué des points en ayant su saisir votre chance. J'imagine qu'il y a la satisfaction d'avoir pu prouver que vous avez votre place en équipe de France ?

Je sais que je reviens de loin, je me prenais pas la tête. J'avais juste à coeur de pouvoir m'exprimer et donner le meilleur de moi-même, j'ai attendu mon heure tout simplement. Au début, j'étais peut-être pas dans ce que Jacques (Brunel) avait comme plan, j'ai patienté. J'ai bossé sur mes faiblesses, bossé physiquement, j'ai observé, je suis entré petit à petit dans le groupe, c'est que du positif oui.

crédit photo: Justine Hamon

Vous sembliez appelé en tant qu'ailier au début du Tournoi, puis vous avez fini à l'arrière, où vous avez convaincu notamment contre l'Angleterre et le Pays de Galles. On connaît votre polyvalence qui est utilisée en club, vous avez une préférence de poste ?

J'ai une petite préférence pour l'arrière, le poste d'ailier j'aime bien ça change aussi. Les deux sont complémentaires, et ça ne me dérange pas d'évoluer sur l'un ou l'autre. Après c'est en fonction du coach, de sa stratégie de match. Forcément j'ai une petite préférence, après si je pouvais jouer troisième ligne ou deuxième ligne il y a pas de problème ! J'aurais pas les aptitudes pour, mais pour dépanner pas de problème (rires).

Avant ce Tournoi, votre dernière sélection remontait au 23 février 2013 et une défaite en Angleterre (23-13). Cinq ans, c'est une période assez longue dans une carrière, est-ce que vous avez toujours eu la sélection dans un coin de la tête, ou est-ce que vous vous êtes parfois découragé ?

Jamais, jamais. C'était ma source de motivation première quand j'allais m'entraîner et quand je vais m'entraîner à l'heure actuelle. Une fois que tu y as goûté, tu as envie d'y revenir. Après il y avait de la concurrence, et je suis bien placé pour dire que l'équipe de France appartient à personne. Je l'ai quittée pendant cinq ans, je me suis battu pour y revenir, et c'est quelque chose de suprême pour un joueur professionnel de pouvoir représenter sa Nation, de représenter ce maillot. J'ai pas de mot, en fait je pense que le mot n'existe pas pour décrire ce que tu peux ressentir quand tu atteins ton objectif.

D'une certaine façon, est-ce que cette période ne vous a pas rendu plus fort mentalement ?

Ça m'a forgé je pense. Quand j'ai été appelé lorsque j'étais jeune, j'étais pas forcément prêt mentalement parce que je maitrisais pas tous les aspects du jeu, du poste. Au final, peut-être que je le méritais au vu de mes performances, moi personnellement je pense que j'étais pas prêt, et maintenant j'arrive à un stade où j'arrive à maitriser beaucoup plus d'éléments. Je pense que j'arrive à maturité par rapport au poste de 15, du coup je me sens plus à l'aise et les performances s'en suivent. Je pense que ces cinq ans ont été bénéfiques, m'ont permis de me recentrer sur moi, sur plein d'autres choses, de m'épanouir dans ma vie à côté du rugby, parce que j'avais peut-être inconsciemment cette pression de vouloir trop prouver. J'ai mis les moyens pour pouvoir retrouver mon niveau de jeu, j'ai fait appel à un préparateur mental, un ostéo, j'ai mis en place plein de choses avec certaines personnes, ça se retranscrit maintenant, alors je les en remercie.

crédit photo: Fabrice Chort

Quel est votre objectif désormais ? Avoir de la continuité et de la régularité avec le XV de France ?

Déjà, le retour en club se fait dès ce week-end sur le pré contre Castres, il faut continuer à enchaîner en club, essayer d'aller décrocher ce Bouclier de Brennus tant convoité, ça va être dur, de très nombreuses équipes veulent le récupérer. Il y a une belle fin de saison avec le club avant de partir à la tournée de cet été (en Nouvelle-Zélande, en juin). Il faut prendre les choses étape par étape et donner le meilleur de soi-même.

Avec un retour en équipe de France et une fin de saison excitante avec Montpellier, qui est l'un des gros prétendants au titre, 2018 pourrait bien être votre année. Soulever le Bouclier de Brennus, ce serait un rêve ?

Bien sûr, ce serait un rêve forcément. Dans une carrière, plein de joueurs seront jamais champions de France ou ne l'ont jamais été. On passe 90 % du temps avec nos clubs, donc c'est quelque chose qui nous motive, qui nous fait rêver. C'est sûr que si l'année 2018 se termine avec un Bouclier, on pourra dire que la saison aura été plutôt réussie, oui.

Merci à Jean-Baptiste Lathoumetie pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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En attendant son heure, il pouvait pas apprendre à mieux parler ?
parce que là
" Vraiment, il y a une belle émulsion "

ou
" On a besoin d'un peu plus de pragmatisme, de chance et d'application dans les 22m où on a pêché, "

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