Jonny Wilkinson : 'La victoire en Coupe du monde a été un fardeau'
Jonny Wilkinson revient sur sa carrière dans une interview.
Pour fêter les 10 ans de la victoire en Coupe du monde, Jonny Wilkinson se livre à Clive Woodward. Le Mondial 2003, ses succès, ses échecs, son avenir... Wilko déballe tout.
10 ans. Cela fait exactement 10 ans que Jonny Wilkinson a passé ce fameux drop, vu et revu, contre l'Australie en finale de la Coupe du monde 2003. Pour fêter cet anniversaire, le Guardian a décidé de réunir les deux héros de cette campgane victorieuse du XV de la Rose : Sir Jonny bien sûr, et Clive Woodward, son entraîneur.

Une rencontre sous forme de confessions sur le divan. Face à face avec le Dr Woodward, le tourmenté patient Wilko est revenu sur cette Coupe du monde, ce match, ce drop. Et paradoxalement, tout cela n'évoque pas forcément un bon souvenir pour lui. L'actuel ouvreur du RCT va même jusqu'à parler de cette victoire comme d'un fardeau...

Je n'ai jamais revu ce match. J'adore regarder un paquet de matchs mais seulement quand j'arrive à me détacher des souvenirs, des émotions. Mais pour le moment, j'aime le fait que quand je repense à ce match, je ressens encore l'émotion du moment. Je ne veux pas le revoir, pour garder ça (…) Je ne voudrais changer ça pour rien au monde, mais cette nuit a tout changé. La vie a arrêté d'être simple. J'ai une peur maladive d'être célébré. Ca n'est pas normal pour moi. (…) J’aurais dû sortir et me faire au fait que ma vie n’était plus la même, et en même temps montrer aux gens que moi, j’étais le même. Au lieu de ça, je me suis isolé et rien ne s’est arrangé. Cela m’a fragilisé (…) Cela aurait été plus facile sans les blessures. Après 2003, j’aurais dû me dire que c'était fait, que la vie ne pourrait pas être plus douce, et qu’il était temps d’en profiter. Mais je ne l’ai pas fait. Et comme je ne pouvais pas jouer, tout ce qui était lié à cette nuit est devenu un fardeau. (...) J’ai beaucoup pensé à ma carrière. Sa première partie. Le break à cause des blessures. Et la deuxième, qui inclut Toulon. Tout avait plus de sens au début. Et plus le temps passe, plus je me rends compte à quel point ces années étaient précieuses. Dans un sens, le problème dans ma carrière, ce fut de gagner la Coupe du monde.

Brillant lors du Mondial 2003, largement responsable du baroud d'honneur d'un XV de la Rose vieillissant mais finaliste en 2007, il avait traversé l'édition 2011 comme un fantôme, avant de se faire éliminer sans gloire par le XV de France en 1/4. Un échec sur lequel il est également revenu dans cette entrevue. Wilko était censé guider une nouvelle génération talentueuse, mais n'a jamais réussi à créer des liens avec ses coéquipiers...

En 2003, on avait une connexion entre les joueurs. Et même si à certains moment on se disputait, cela rendait juste l'entraînement plus intense. D'une certaine façon cela nous aidait. Mais en 2011, il n'y avait pas de connexion, et tout ce que l'on tentait pour en avoir une était forcé. Je jouais avec des gars qui ne m'avaient jamais vu jouer au rugby car j'avais été blessé tellement longtemps. Ils ne savaient pas comment commiquer entre eux. « Apparemment ce mec a joué en 2003 et je suis censé le respecter, mais je ne l'ai jamais rencontré. » Je devais leur dire quoi faire, mais je ne savais pas s'ils croyaient en moi, et sur le terrain je n'avais aucun répère. Je porte une grande partie de cet échec sur mes épaules. Je n'ai pas réussi à trouver cette connexion et pour la seconde fois de ma carrière la pression extérieure des médias m'est montée à la tête, je me suis perdu.

On le sait, la saison 2013/2014 sera la derniière pour Wilko, qui raccrochera définitivement les crampons au mois de juin prochain. Pour quel avenir ? Le rôle d'entraîneur l'attire. Et pas simplement comme spécialiste du jeu au pied. La porte est ouverte pour le RCT, donc...

J'ai quelques idées qui m'inspirent – une ligne de vêtements, une gamme de produits nutritifs – mais j'adore voir les joueurs tirer le meilleur de leur talent, donc d'une certaine façon j'adore entraîner. J'ai passé beaucoup à penser et à rechercher comment faire les choses de la meilleure façon, sur et en dehors du terrain. Nous avons quelques jeunes demi d'ouverture talentueux à Toulon et j'adorerais les guider. En même temps, ce serait génial de bosser avec des piliers sur les passes main gauche, d'aider les seconde ligne à attaquer la ligne – pas seulement les gars qui jouent N°10.

L'intégralité de l'interview est disponible ici, en anglais. Lecture recommandée.

Quoiqu'il en advienne, on souhaite le meilleur à ce grand joueur, exemplaire sur et en dehors des terrains.

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  • Grisou
    17632 points
  • il y a 11 ans

Ce mec est un monstre... Etre déstabilisé comme ca par la pression mais réussir quand meme à faire ce qu'il a fait, c'est un truc de dingue ! J'ai honte de le dire parce qu'il est anglais, mais si y a un mec à qui j'aimerais serrer la main dans ma vie c'est lui... Et pas seulement parce que je suis fan de Rugby !

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