Avant le coup d’envoi du 6 Nations, le déplacement du XV de France en Ecosse était vu comme une source de problèmes. Il y a deux ans, les Bleus ne s’étaient-ils pas inclinés à Murrayfield ? Et puis, comment se projeter sur cette équipe tricolore, son nouveau staff et son effectif largement renouvelé ? Les semaines ont passé, et les hommes de Fabien Galthié se rendront pourtant à Edimbourg avec deux objectifs : la victoire, et le Grand Chelem qui semblent aujourd’hui leur tendre les bras.
Culture de la lose
Certes, un excès de confiance pourrait pénaliser les Français. Mais comment ne pas les placer en position de favoris face à l’Ecosse, après les succès sur l’Angleterre et le Pays de Galles ? Depuis plusieurs années, le XV du Chardon est le parent pauvre du rugby des îles britanniques.
Un symbole ? La Triple Couronne, remise à l’équipe des îles britanniques (Angleterre, Ecosse, Irlande, Pays de Galles) ayant réussi à battre ses trois rivaux locaux lors d’une même année n’a plus été remportée depuis… 1990. La plupart des internationaux actuels n’étaient même pas nés. La Calcutta Cup, trophée mis en jeu entre l’Ecosse et l’Angleterre ? Perdue cette année, après deux ans passés du côté de Murrayfield. Il fallait auparavant remonter à 2008 pour voir les Ecossais la soulever...
Quelques exploits (les Blacks accrochés, qualification en ½ finale de Coupe du monde manquée d’un fil en 2015) ne suffisent pas à redorer le blason d’une équipe souvent magnifique à voir jouer… mais qui n’a pas la culture de la gagne. Pire, l’élimination dès le premier tour du dernier Mondial (défaite face au Japon) est venue rappeler les limites d’une équipe au réservoir assez faible.
Le baromètre des Lions
Autre symbole d’un rugby écossais qui n’est pas considéré comme l’égal des autres nations du Royaume-Uni (et de l’Irlande) : le nombre de membres du XV du Chardon appelés chez les Lions britanniques. En 2013, trois joueurs faisaient partie de la sélection initiale pour la tournée en Australie. En 2017, ils n’étaient que deux (Seymour et Hogg) pour la Nouvelle-Zélande, Laidlaw n’étant appelé que suite au désistement de Ben Youngs… A l’époque, l’omission des frères Gray ou de Finn Russell avait pu étonner, sans qu’elle ne soit non plus vécue comme un scandale : l’actuel n°10 du Racing était tout simplement barré par plus fort que lui avec Sexton, Farrell et Biggar.
En 2021, rebelote. Les Lions partent défier les champions du monde sud-africains. Et Stuart Hogg mis à part, aucun joueur des Highlands ne semble assuré d’affronter les Boks. Hamish Watson et Jonny Gray pourraient être de la partie, et encore… La concurrence est rude, et les résultats écossais n’aident pas à forcer la décision du sélectionneur.
Aller chercher des étrangers
Là où l’Ecosse fait jeu égal avec ses voisins, c’est au niveau des étrangers sélectionnés, pour alimenter un réservoir plutôt faible. On le sait, seules les formations de Glasgow et Edimbourg évoluent au plus haut niveau. Avec des résultats irréguliers, même si les Warriors sont une valeur sûre du Pro 14.
WP Nel, Ben Toolis, Cornell du Preez, Sean Maitland ou Sam Johnson sont tous nés à l’étranger, et font partie de l’effectif actuel de Gregor Townsend. Le dernier venu est Australien : venu du XIII, Ratu Tagive évolue en Ecosse depuis 2016. Repéré en Scottish Premiership (la 1ère division écossaise, soit le 2e niveau national derrière les franchises engagées en Pro 14), Tagive joue désormais à Glasgow, mais n’a pas encore été aligné sur la scène internationale.
Condamnée à de simples exploits ?
Sur le long terme, rien ne semble indiquer que l’Ecosse puisse devenir une place forte du rugby européen, et remporter un premier trophée depuis… 1999. Cette année-là, le XV du Chardon inscrit son nom au palmarès de la dernière édition du Tournoi des V Nations. Vingt-et-un an de disette, donc !
L’Irlande et le Pays de Galles ont prouvé qu’un projet fédéral autour de l’équipe nationale, et d’un faible nombre d’équipes professionnelles pouvait permettre d’exister au plus haut niveau, malgré un faible nombre de joueurs. Mais là aussi, l’Ecosse semble partir de trop loin. Selon un rapport de World Rugby, le pays comptait environ 49 000 licenciés, en 2017. Contre 83 000 au Pays de Galles, 101 000 en Irlande, ou 383 000 en Angleterre…
Dans le rugby professionnel, le XV d’Ecosse semble donc condamné à des exploits. Des perdants magnifiques, mais des perdants tout de même.
Vae Victis Brennos
Sur le terrain ils font le boulot, dans quasiment toutes les catégories. Mais effectivement, en terme de quantité, c'est un peu faible. La fédération doit se pencher sur la question pour attirer plus de personnes sur les terrains. Murrayfield est constamment plein pour le Six Nations, il y a le potentiel populaire.
Timmaman
Le départ de Cotter leur a fait beaucoup de mal aussi!
Un jour l'Italie leur passera devant.
Maraud en Toge
A leur place, je ferai pression de faire sécession et d’embarquer les ogives nucléaires en échange d’une Triple Couronne.
Ça se tente !
DavidMartyGroupie
En effet, les écossais n'ont que très peu de joueurs au TOP NIVEAU : Stuart Hogg, Finn Russell et Jonny Gray et quelques bons joueurs/joueurs de devoirs (Kinghorn, Ritchie, Watson, ...)
Les deux premiers étant en plus assez irréguliers (Russel historiquement et Hogg depuis qu'il est capitaine) et seront sur le déclin après 2023 (31 ans à ce moment-là).
Pas de pépites annoncées ... je vois mal l'Ecosse (re)devenir une nation majeur à court ou moyen terme