Le Stade Toulousain continue d'écrire son histoire en lettres capitales, dominant la scène nationale et européenne avec une aisance déconcertante. Et des doublés qui marquent les esprits autant que l'histoire de l'ovalie. Pourtant, cette réussite hors normes soulève une question cruciale : qui peut rivaliser avec le club rouge et noir à l'heure actuelle ?
CHAMPIONS CUP. Le Stade Toulousain est-il injouable ? Une domination qui divise les experts Autant sur le plan sportif que financier, Toulouse semble évoluer à des hauteurs inatteignables pour la concurrence. Mohed Altrad, président du MHR, n'y va pas par quatre chemins et livre un constat aussi lucide que désabusé sur la situation pour le Midi Olympique.
Le "paradis" toulousain, une forteresse imprenable
Pour le dirigeant, le secret du succès toulousain réside autant dans l’héritage que dans la gestion actuelle du club. « Les joueurs toulousains vivent au paradis et veulent y rester », souligne-t-il. Malgré les avances financières d'autres clubs, les stars stadistes restent fidèles à leur maillot rouge et noir, portées par une culture de la victoire incomparable. Cette stabilité, couplée à une identité de jeu claire et un palmarès en constante expansion, rend le club quasi intouchable.
Et pour cause : avec un budget qui flirte avec les 50 millions d'euros, largement supérieur à celui de nombreux clubs du Top 14, le Stade Toulousain dispose d’une marge de manœuvre considérable. « À Montpellier, nous avançons, mais il faudra encore beaucoup de temps avant de rivaliser à ce niveau », reconnaît le président du MHR.
Un modèle basé sur le long terme
L’une des forces du Stade Toulousain réside dans sa vision stratégique à long terme. Mohed Altrad n’hésite pas à rappeler l’importance de la formation et de la construction patiente d’un projet de jeu : « Former des joueurs, s’appuyer sur un centre de formation optimal… Tout ça prend des années ! » Un constat qui s’applique à Montpellier comme à d'autres clubs, souvent contraints d’opter pour des solutions rapides mais parfois moins pérennes.
À cet égard, le MHR a misé sur un staff jeune et prometteur pour poser les bases d’un projet solide pour espérer jouer les premiers rôles régulièrement. Et pas seulement de manière sporadique comme en 2022. Mais, comme le souligne Altrad, « l’investissement pur ne suffit pas ». Il faut un écosystème complet et une vision à long terme pour espérer, un jour, atteindre la perfection presque insolente affichée par le Stade Toulousain.
Une domination qui interroge l’équité du championnat
La supériorité du Stade Toulousain pose aussi la question de l'équilibre compétitif en Top 14. Mohed Altrad ne cache pas une certaine frustration face à cette domination sans partage : « Quand on joue contre Toulouse, on a parfois l’impression de s’attaquer à un bunker. » Avec des résultats souvent prévisibles, le suspense, élément fondamental du sport, s’érode. Altrad n’hésite pas à comparer la situation au monde de la boxe, où même les champions peuvent être renversés. Avec Toulouse, l’issue des matchs semble bien souvent écrite à l'avance.
Pourtant, cette domination n’est pas qu’un hasard. Elle est le fruit d’un travail de longue haleine, amorcé il y a une décennie. Le président du MHR rappelle ainsi la décision visionnaire de René Bouscatel d’ouvrir le capital du club pour attirer des investisseurs, permettant à Toulouse de retrouver son lustre d’antan. Une démarche qui, bien exploitée, a permis au club de poser les jalons d’une hégémonie durable.
Une exception difficilement exportable
Mais peut-on vraiment s'inspirer du modèle toulousain ? Pour Altrad, la réponse est sans appel : « Ce modèle ne peut être transposé à la plupart des autres entités du rugby professionnel. » La raison principale ? Les ressources uniques dont dispose le Stade Toulousain : des partenariats solides, des recettes stables et un bassin de talents local exceptionnel.
Certes, certains clubs, grâce à des mécènes puissants, peuvent ponctuellement rivaliser. Mais sur le long terme, ces initiatives se heurtent souvent à des limites financières ou structurelles. Résultat : peu de formations peuvent prétendre s’élever au niveau des Rouge et Noir, ce qui contribue à creuser l’écart au sommet du rugby hexagonal.
L’avenir du rugby face à l’ogre toulousain
La récente démonstration du Stade Toulousain face à l’Ulster en Champions Cup illustre à nouveau cette domination presque absolue. « Cette équipe joue aujourd’hui presque à la perfection, et cette perfection, elle l’atteindra bientôt », prévient Altrad. Face à un tel rouleau compresseur, seuls des clubs comme le Leinster ou une province néo-zélandaise semblent capables de rivaliser, d'après l'homme d'affaires.
Pour le Top 14, la question de l’équilibre compétitif reste ouverte. Comment maintenir l’intérêt et l'incertitude dans un championnat dominé aux yeux de beaucoup par une seule équipe ? Heureusement, des formations comme le Stade Rochelais ou encore l'UBB montent en puissance et parviennent désormais à s'armer pour pouvoir rivaliser avec Toulouse. Une concurrence à double tranchant : elle offre plus d'incertitudes au sein des compétitions. Mais elle pousse aussi le Stade à redoubler d'efforts pour conserver sa place au sommet.
Le Stade Toulousain est plus qu'un club : il est devenu une institution, un modèle vivant qui inspire autant qu'il intimide. Mais, comme le souligne Mohed Altrad, ce modèle semble réservé à une élite rare. Reste à savoir si, un jour, un outsider parviendra à briser la machine parfaite des Rouge et Noir. En attendant, le Stade Toulousain continue de tracer son chemin… seul en tête (ou presque).
Sedulos
Discours typique de looser !
Chandelle 72
" Mais, comme le souligne Altrad, l’investissement pur ne suffit pas »
Pour Mohed Altrad, j'imagine que pur signifie financier.
Combien d'années lui a-t-il fallu pour réaliser cela, à défaut d'avoir les moyens, non financiers cette fois, de le mettre en pratique ?
Jacques-Tati-en-EDF
Je ne sais pas quoi penser de ces déclarations. En même temps il y a de la lucidité. Et le seul fait qu'il énonce des tels choses me parait vertueux.
Par contre, il y a contradiction entre son discours et ses actes: Laporte et autres, sont exactement l'inverse de ce qu'il a constaté: un égo maladif, un jeu conservateur, une volonté de réussir tout de suite, ...
Espérons pour le MHR que ce constat puisse être porteur.
Chandelle 72
Je crains que même si son commentaire est sincère et réfléchi, une éventuelle prise de conscience ne suffise pas à changer la physionomie de son club.
resp
Je lui conseille de lire "l'art du jeu en mouvement" et on en reparle dans 50 ans. Car c'est bien depuis cet ancien temps que le projet de jeu du Stade se construit avec des figures mythiques de notre club.
Aujourd'hui c'est Mola, Lacroix et Cazalbou qui sont aux manettes et eux aussi apportent de la plus value.
Et puis je dirai que tous les acteurs qui se sont succédé travaillent comme des forcenés avec des visions allant du court au long terme. Des remises en question permanentes et beaucoup d'adaptations. Fournir autant de joueur à l'équipe nationale développe les compétences des joueurs dans les matchs internationaux et sont utilisées en club. D'une faiblesse des doublons, le Stade en a fait une force.
Quand on voit sur la feuille de match du week end à venir qu'une douzaine au moins de joueurs sont issus de la formation toulousaine, c'est carrément une fierté pour les supporters. Pas besoin de galactiques pour faire l'équipe à part des recrutements ciblés, souvent gagnants.
Au fil du temps, l'attractivité en a été renforcée et peu de joueurs quittent le club de leur propre chef. Beaucoup d'ailleurs ne refusent pas de venir même pour une rémunération moindre.
L'hégémonie est cependant fragile au vu des résultats et des recettes mais nul doute qu'en interne le staff en ait conscience et réfléchi à l'avenir sans confier notre histoire à un seul mécène. Qui plus est un mécène qui n'est pas du monde rugbystique.
40 ans que je suis ce club et il ne m'a jamais déçu, j'ai bien de la chance !
stef7
""Former des joueurs, s’appuyer sur un centre de formation optimal… Tout ça prend des années ! "
pour un président qui a fait la valse des entraineurs et des choix de recrutements pas toujours top, cela sonne étrange ?
guedin81
Si je ne me trompe pas, c'est Robert Bru qui, dans les années 80, met en place le jeu de mouvement et crée le centre de formation du club. Quand on parle d'années d'avance, on devrait parler de décennies. J'ai plutôt l'impression que le stade a eu 30 ans d'avance, avec des cycles certes, mais en étant sûre de son identité rugbystique et dans le choix de son staff.
Je ne connais pas d'autres clubs, qui ai gardé aussi longtemps leur entraîneur principal depuis cette époque. ceci explique peut-être cela, bien au-delà de l'aspect financier pur qui peut être largement remis en question, quand on connaît la gestion des installations. Ce club a su construire un modèle économique viable sur le long terme avec des partenaires fiables, du moins, c'est l'impression qu'il me donne. mais je ne suis pas à l'abri d'être aveuglé, et non objectif dans mes propos.
Chandelle 72
Faux, tu veux dire ?!
Amis à Laporte
Ou creux ???
resp
viendrait-il de le comprendre après tant d'années ? C'est un aveu d'échec à mon humble avis.
Yonolan
Ou alors il progresse
Lors de l'accès match à Grenoble l'an dernier il s'est rendu compte que le public jouait le role de seizième homme et poussait derriere son équipe
Mais bon ca ne fait que 12 ans au final qu'il s'intéresse au rugby ..pardon à son club
Jièl
Je pense que l'engouement régional pour le rugby joue aussi un rôle important dans la difficulté à transposer le schéma toulousain.
En région parisienne, c'est flagrant.
Même les années fastes, le public ne se rue pas aux guichets.
Jacques-Tati-en-EDF
Oui mais beaucoup de joueurs potentiels ...
Revahn
Je comprends l'idée, je suis même plutôt d'accord mais du coup ça m'amène à d'autres questions : par exemple, pourquoi le Clermont de 2017 ou le Toulon de 2015 n'ont pas capitalisé sur leur aura pour faire la même chose?
Montpellier ou la Rochelle je comprends encore : leurs trophées sont récents, peut-être en récolteront-ils les fruits dans quelques années. Mais beaucoup de clubs peuvent se vanter d'une situation similaire, notamment Montpellier ou Clermont qui ont tout pour briller!
Non, le seul club qui rivalise cette année avec Toulouse, c'est l'UBB avec ses 0 trophées (après fusion), son vivier moins fort et ses partenaires moins "luxueux".
J'ajouterais donc ces points là comme très importants, sans forcément copier le ST :
- Un investissement à TRES long terme : formation, stade, clubs partenaires, image, équipement...
- Une tête d'affiche pour (re)mettre le club sur la carte du monde, par ex. Vito/Skelton à la Rochelle, Carter/Russell au Racing, Vunipola...
- L'impression de stabilité : une équipe stable, pas de rumeurs de fusion tous les ans, stabilité financière...
Et en listant ces points, je remarque que le stade rochelais ou l'UBB coche beaucoup de ces points. Résultat? Double champion européen pour l'un. Pour l'autre, c'est bien parti cette année!
Tout ce pavé pour dire que le modèle de Toulouse n'est pas "copiable" de toute façon : pour ça il faudrait un siècle de pratique et 30 trophées.
Mickey duc
Toulon de 2015 et Clermont de 2017 c'était des armadas de stars ! Ils ont constitué des hall of fame de ce qui faisait de mieux ! Plus possible aujourd'hui avec un salary cap plus contraignants et les jiffs !
Regarde les zffectifs de Toulon en 2015 et maintenant ! Ça fait moins rêver... pareil pour Clermont.
Maintenant il faut avoir la formation ! Regarde les jeunes de Toulouse... ils sont inconnus, coûtent rien et jouent comme des vieux briscards ...
Sauf que Clermont c'est pas une terre de rugby de base ...
Revahn
Pardon j'aurais dû détailler! Ce que j'insinuais, c'était qu'après un titre et une armada de stars, et en sachant que ça n'allait pas durer, il fallait en profiter pour bâtir sur la durée, et revenir plus fort!
De loin, ce que je peux voir de l'ASM c'est surtout qu'ils ont joué au dessus de leurs moyens, et qu'ils sortent à peine de la mélasse après avoir galéré pendant 6 ans, sans spécialement avoir bâti de stratégie pour revenir.
Toulon n'avait pas cette galère là : mais comme leur méthode donnait encore des résultats corrects jusqu'en 2018, ils se sont réveillés sur le tard et ont oublié de bâtir autour de leurs pépites (Carbonel, Belleau, Vanverberghe, même Zeghdar...).
Bien sûr c'est facile à dire : j'imagine que beaucoup d'autres points entrent en jeu et qu'on est loin d'être dans la tête des présidents de l'époque...
Yonolan
Il est loin le temps ou il presentait en 100 slides sa vision du rugby pour les années à venir aux presidents médusés a qui il expliqua qu'il ne jouait pas dans la même cour qu'eux et en traita une poignée d'imbeciles dont ceux de Bordeaux et La Rochelle
C'était il y a 6 ans
Mais au final ce sont ces imbeciles qui ont construit un vrai projet sans avoir besoin de faire injecter plus de 100 Millions d'euro par sa société depuis qu'il est president
Et c'est bien eux qui ne jouent pas dans la même cour que lui
Et sa vision du rugby pro a fait flop
Pas de spectateurs
Pas de sponsors qui n'ont aucune envie d'associer leurs noms ou leur marque à un club aux hommes souvent sulfureux et à sa tête et dans ses rangs
Pas de projet sur la durée et un club qui se cherche toujours
Alors qu'il ne s'étonne pas que les top joueurs le boudent aussi
Alors je ne sais pas si le MHR c'est l'enfer
Mais peut-être une vraie cour des miracles à la Eugene Sue comme il n'en eiste aucune autre dans le Top 14
Et tout ne s'achète pas et ça c'est rassurant
L'argent ne remplace pas le travail et l'éthique
Ca doit aider aussi
Mohed qui se revendique vieux sage devrait méditer
L'argent est un bon serviteur mais un mauvais maitre
Peut-être au final que ce soit à Toulouse, LR ou Bordeaux les personnes à la tête ne sont juste pas là pour satisfaire leur ego mais pour défendre un vrai projet
Ca doit aider aussi
Jacques-Tati-en-EDF
Commentaire plutôt lucide et honnête d'Altrad ( mettons entre parenthèses ses anciennes frasques ... ) Définir une politique de formation et structurelle demande de l'engagement, de la confiance et un certain courage. Même avec un budget conséquent qui finalement suit aussi les résultats.
Mais j'aurais deux remarques sur ce qu'avance Altrad:
Il se plaint du manque d'incertitude sur le top 14. Peut-être. Mais ce qui est paradoxal est que c'est l'équipe qui met le plus d'incertitude dans son JEU qui finit par diminuer l'incertitude au niveau des résultats. Il y a là peut être un sujet de réflexion à avoir pour lui. Toutefois on peut aussi voir des équipes qui ont réussi à mettre en place un jeu performant basé sur l'incertitude. Je pense à La Rochelle de Collazo et Garbajosa (encore un qui aura gâché sa carrière d'entraineur du fait d'un caractère difficile) qui proposait un jeu au moins aussi performant que le ST actuellement. Ou l'UBB actuel , mais de façon un peu différente.
Deuxième remarque: il évoque le paradis pour les joueurs. Mais alors où est l'enfer ?
guedin81
Des entraineurs passés par le ST justement. Ce n'est pas pour rien.
Il faut effectivement de l'engagement, de la confiance et du courage mais aussi de la patience. La politique politique du stade toulousain a été mise en place il y a presque 40 ans. Et depuis l'arrivée de Casalbou qui, il me semble, a intégré les espoirs avec les pros pour l'entraînement ce qui a permis au ST de passer un nouveau cap. Je crois que l'année de son arrivée, le ST, à enchaîner deux années consécutives comme champion de France.
Ce club me donne l'impression de se préparer à la coupe du monde des clubs et qu'il sera à nouveau et à jamais le premier à la remporter.
Jacques-Tati-en-EDF
Oui depuis même plus que 40 ans je dirais... On va pas revenir sur l'époque Bru, Villepreux etc ... C'était déjà à la fin des années 70.
Mais Cazalbou et la venue de Lacroix ont en effet adapté ces principes à la modernité.
guedin81
Bru arrive en 80 et prend Villepreux avec lui (après qu'il ai été joueur au stade) ensuite.
Il crée le centre de formation qu'il va diriger en 88.
Roger Coudenlèrc
L'enfer ?... C'est les autres... Hum...
Ou plutôt... c'est pour les autres...
Jacques-Tati-en-EDF
"L'enfer c'est les autres ..." Peut-être que oui...
Je ne crois pas que JP Sartre pensait au rugby. 😄
Quoique ...
pascalbulroland
Pour les autres, l'enfer c'est...Sartre. 😃
Jacques-Tati-en-EDF
😄 😄 😄 Boris Vian a écrit des lignes assez savoureuses sur Jean Sol Partre ...