Quel futur pour le rugby japonais après cette Coupe du monde ?
Le futur du rugby japonais se joue maintenant.
Ils font sensation ces dernières années, mais l'euphorie des Brave Blossoms peut redescendre si rien n'est structuré après cette Coupe du monde.

7e rang mondial

Ces dernières années, ils ont impressionné la planète rugby en venant à bout de grandes nations sans réellement être une surprise. Le Japon est l'équipe qui monte le plus en puissance tandis que les autres stagnent ou même pire, régressent. Aujourd'hui, ils sont au 7e rang mondial devant la France (8e), l'Écosse (9e), l'Argentine (10e) et l'Italie (12e). Ces trois derniers sont éliminés de la Coupe du monde et font partie du Tier 1, comprenez les 10 nations mondiales principales. Le Japon est le petit frère qui ne veut pas manger à la table des petits parce qu'il s'ennuie, il veut être à la table des adultes désormais. 

La raison de cette 7e place mondiale tient tout simplement à des victoires contre des grandes nations, notamment face à l'Afrique du Sud en 2015 (34-32) qui a lancé le débat sur la place du Japon dans le rugby mondial. Deux ans plus tard, c'est face à nos Bleus qu'ils récidivent en arrachant un match nul 23-23 à Paris. Incompréhensible. Ça, c'est pour ceux qui ont encore une vieille image du Japon, mais les staffs se sont succédés avec un travail cohérent entre Eddie Jones et Jamie Joseph. 

Aujourd'hui, ils accueillent une Coupe du monde chez eux et jusqu'à maintenant, c'est une réussite sur tous les tableaux. Ambiance, organisation, transports, logements, stades et surtout résultats. Seul ombre au tableau : le typhon qui a dû pousser les organisateurs à énnuler des matchs. Dans une poule que personne ne voyait comme celle de la mort, ils sont venus à bout de l'Irlande puis de l'Écosse au terme du match qui les enverrait dans une nouvelle compétition : les phases finales. À tel point que Steve Hansen, sélectionneur des redoutables Blacks a déclaré à leur propos : 

Ils devraient sans aucun doute être considérés comme jouant comme une nation du Tier 1. Ils figurent parmi les 8 meilleurs au monde en termes de performances. Ils jouent un rugby de qualité. Je pense donc que le Japon devrait être très, très, fier d'eux. C'est quelque chose de merveilleux pour le tournoi. Ils ont donné un coup de pouce au rugby, au rugby japonais et au peuple japonais après cet horrible week-end.

Au loin, le Soleil Levant 

Mais comment bonifier un tel succès ? Comment voir sur du long terme et structurer le rugby japonais ? Le mal du rugby depuis des années est l'incapacité latente à ne pas voir au loin. Le Japon devra tout de même profiter de cette Coupe du monde à la maison pour surfer sur le phénomène et le transformer en réelle plus-value, elle qui a perdu 30 000 licenciés en 15 ans. Pour cela, pléthore d'idées émerges.

Katsuyuki Kiyomiya

Qui est-ce ? C'est le vice-président de la JRFU (Japan Rugby Football Union), un ancien entraîneur très respecté et, pour la petite histoire, le père Kotaro Kiyomiya, un joueur de baseball professionnel des fameux Hokkaido Nippon-Ham Fighters. Dans sa vision à moyen terme, il souhaite profiter de cette Coupe du monde et des résultats de la sélection nipponne pour créer un nouveau championnat professionnel au Japon. Ne pas intégrer le Super Rugby avec une franchise japonaise est sûrement une sage décision dans le développement du rugby dans un pays où le rugby peut avoir une grande place. Pour cela, il souhaite créer une ligue de 12 équipes en faisant venir des joueurs de l'hémisphère sud. Mais comment ? En termes de calendrier, cette ligue ne se chevaucherait pas avec le Super Rugby qui se déroule de janvier à juin, pour permettre aux stars d'évoluer dans cette Ligue.

Mais les premières difficultés apparaissent, notamment logistiques. Les joueurs ne pourraient pas s'installer au Japon pour participer à la ligue au vu de la dureté du sport qui demande tout de même du repos. L'autre difficulté à laquelle la JRFU est confrontée : les infrastructures. Il n'y a que 3 stades construits pour le rugby et chacune des 12 équipes de la ligue aura besoin de son propre terrain car le rugby cohabite très mal avec les pelouses d'autres sports. Le projet à moyen terme dans les deux ans semble compliqué.

Un projet de cette envergure demande des financements, et pour cela, Kiyomiya a tout prévu. Il a déjà rencontré beaucoup de partenaires financiers mais également logistique. Il s'est entretenu avec Saburo Kawabuchi, conseiller de la Fédération Japonaise de Football qui a réussi a créer des ligues de football et de basketball au Japon. Ses conseils sont d'une grande utilité. Pour générer des revenus, le plus simple reste les droits de diffusion. Pour cela, Kiyomiya souhaite former un partenariat avec le groupe britannique DAZN, un service de streaming au Royaume-Uni, et Dentsu, une société de publicité selon Asia Nikkei. Ce dernier n'arrive pas à se mettre d'accord sur la formule de la ligue, pensant qu'une formule à 6 équipes serait plus adaptée pour avoir une saison plus courte.

Le Japon dans le 6 Nations ?

"Et l'empreinte carbone ?" C'est vrai. Mais une équipe qui se déplace de temps en temps parmi des milliers de vols journaliers ne devrait pas poser problème à ta conscience. Pour intégrer le Japon parmi le "7 Nations", il faudrait une sacrée logistique mais cela permettrait aux Brave Blossoms de se frotter aux grandes équipes européennes. L'actuelle formule du 6 Nations ferait également peau neuve avec une nouvelle équipe qui attire les foules et les spectateurs avec leur jeu rafraîchissant. Se fier à la position géographique d'un pays n'est pas la meilleure idée dans l'intégration et l'homogéinisation du rugby mondial. Quoi qu'il arrive, World Rugby souhaite que le Japon affronte de plus en plus des nations du Tier 1, mais les faire basculer dans le Tier 1 semble encore trop tôt en terme de structuration du rugby dans le pays. Les Fidji ne sont pas tout à fait dans le même cas, mais le point commun entre les deux équipes restent les résultats sportifs. Un meilleur calendrier mondial pour le Japon n'est pas utopique.

"Les gens m'ont demandé quelle équipe je souhaiterais affronter. Le Japon est en pleine forme donc je suis heureux de les voir figurer dans l'autre moitié de tableau", a déclaré Steve Hansen.

Comme le déclare Bill Beaumont selon Sport 24, patron de World Rugby : "Si j'étais le trésorier de n'importe quel pays, j'aimerais jouer contre le Japon, car on sait qu'ils vont attirer beaucoup de spectateurs." Oui Bill, si tu étais le trésorier. Mais si tu étais le président d'une fédération du Tier 1 en déclin, que ferais-tu ? 

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  • oli 30
    9069 points
  • il y a 5 ans

Si on veut démocratiser le rugby et donc le développer, il faut pouvoir aider les nations du tiers 2 et 3 à se frotter un peu plus souvent à celles du tiers 1. Les solutions: Ligue des nations? système de montée/descente dans les tournois continentaux? Intégrations d'équipes B de nations tiers 1 dans les tournois tiers 2 (ex: Argentine B qui participe au 6N d'Am du Sud), pk ne pas intégrer une France B, Britanniques B dans le tournoi du tiers 2 avec la Géorgie? Idem avec une équipe B black, aussies... avec les pacifiques islanders? Le idées ne manquent pas mais le calendrier est lui complexe à régler au vu des enjeux financiers.

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