Des terrains gersois aux terrains internationaux, qui est Raphaëlle Talbot ?
Raphaëlle Talbot vit un rêve éveillé depuis le début de ce Tournoi U20.
Les moins de 20 français voient de nouvelles têtes arriver. C'est aussi le cas du côté de ceux qui vous font vivre le match avec Raphëlle Talbot, la journaliste bord terrain de France Télévisions.

Dupont, Jelonch, Alldritt ? Maintenant Raphaëlle Talbot. Elle a commencé le journalisme à Toulouse avant de migrer transversalement à l'école de Marseille. La Gersoise de 25 ans a connu les petites rédactions, des Landes à l'Occitanie. Tout la dirigeait vers le sport depuis petite : athlétisme, basket, natation, rugby, etc. Mais l'ADN se transmet, on ne vous apprend rien. Elle a vécu sur la ligne Auch - Vic-Fezensac - Toulouse, aux côtés de son père ancien rugbyman et de son frère Bérenger, actuellement joueur à Auch. Sur les bancs de l'école toulousaine, elle migre vers la Bonne Mère avant de mettre un pied dans les Landes et à l'étranger en stage. Dans son mémoire de fin d'études, elle a abordé un sujet qui coule dans ses veines : "Les politiques d'accueil des immigrés italiens dans le Sud-ouest de la France des années 1920 à 1950". Déjà, là, elle affirmait travailler dans un "bordel organisé" dont elle a le secret : "je pense que mes proches peuvent dire que ma façon de travailler n'a pas changé. En bord de terrain, j'ai 10 000 fiches différentes... Mais je m'en sors ! Pour l'instant, je ne perds pas mes fiches ! (rires)"

Elle est aujourd'hui chez France Télévisions, auprès de l'équipe de France moins de 20 pour toute la durée du Tournoi des 6 Nations. Loin des yeux proche de Benjamin Kayser et Hélène Macurdy, elle nous raconte ses premières impressions. Elle n'est pas arrivée là par hasard, enlevez-vous ça de la tête ou bien la suite le fera à votre place. Bourreau de travail, Raphaëlle est partie en famille vivre le Crunch au Pays du Soleil-Levant. Elle s'est finalement proposée pour couvrir le Typhon Agibis lors de France-Angleterre à la dernière Coupe du monde, notamment pour Rugby Magazine présenté par... Hélène Macurdy. À son retour, tout commence : "quand je suis revenu du Japon, j'ai commencé à bien travailler pour Rugby Magazine. Hélène commentait les moins de 20 depuis des années et ils cherchaient des journalistes bord terrain. Hélène m'a proposé. Ils lui ont fait une confiance aveugle et je suis maintenant bord terrain pour le Tournoi des 6 Nations U20." 

France Télévisions, c'est là où je voulais travailler depuis toujours, donc je m'y rendais souvent en stage.

À 25 ans, Raphaëlle connaît aujourd'hui son premier Tournoi U20 (crédit photo : France Télévisions)

Au plus près

La télé, c'était donc un souhait ?

Quand j'étais jeune, c'était le média qui me parlait le plus, mais je ne savais pas forcément si moi, j'avais envie de faire ça. Au final, en école, ça m'a beaucoup plu et je me disais que c'était le média le plus technique, j'ai préféré commencer par ça. La radio était un peu plus difficile avec mon accent, donc ça bloquait plus vite (rires). Entre presse écrite et télé, je m'éclatais plus en télé. Aujourd'hui, je travaille à France 3 au quotidien.

Quel est le rôle de bord terrain ?

Pour moi ? C'est enrichir les commentaires de Hélène (Macurdy) et Benjamin (Kayser). C'est faire vivre le match en apportant des informations que les gens qui ne sont pas au stade ne peuvent pas forcément voir comme un joueur blessé, un remplaçant qui part s'échauffer, des infos un peu en off ou les consignes de l'entraîneur. C'est apporter de l'info pour que ce soit plus vivant, c'est comme ça que je le vois.

On vous forme ou c'est au contact des autres ?

Non, je n'avais pas de formation particulière, mais ils m'ont conseillé. Cécile Grès, que ce soit Inès (Hirigoyen, XV de France Féminin) ou moi, elle nous a beaucoup aidé, tout comme Cédric Beaudou qui nous a donné des conseils. Mais Inès et moi, notre première fois était en direct sur le premier match. Après, il n'y a pas meilleure préparation et formation pour le direct que celle-ci. Je regardais beaucoup ce qui se faisait ailleurs, puis c'est pas sorcier ! Mais le plus compliqué reste la logistique avec l'oreillette et les caméras : voir le terrain, mais également un peu en dehors aussi, écouter ce que disent les commentateurs pour ne pas leur couper la parole, etc. Mais au bout d'une fois, ça va mieux (rires). 

Ils ont vraiment cherché à faire des trios de journalistes qui s'entendent bien, ça compte beaucoup. Le fait que je connaisse bien Hélène et qu'on s'entende bien, plus Benjamin avec qui j'ai fait connaissance. C'est pareil pour Inès et Cécile, et ça se sent.

Gérer la relation avec entraîneurs et arbitres est plus simple en U20 ?

C'est ça, pour les changements. Ça se passe souvent à la 60e et c'est là que ça devient un peu critique. Il faut être sûre du changement ! Mais une fois qu'on est connue des entraîneurs et des arbitres, ils nous font passer les papiers de changements en amont, pour qu'on puisse préparer. C'est une difficulté quand on débute, car les entraîneurs et joueurs ne nous connaissent pas forcément. Il faut donc qu'on soit un peu légitime pour qu'ils viennent nous voir. Mais pour ça, heureusement qu'avec Hélène on a pu aller à l'entraînement du capitaine avant le premier match à Grenoble face à l'Angleterre, pour que je puisse me présenter à tout le monde. Je pense que c'est nécessaire d'être reconnu par les joueurs et le staff.

Quelle est la tâche la plus dure sur le bord du terrain ?

Personnellement, c'était gérer mon stress pour que ça ne se voit pas trop... Que je puisse faire vivre le match en prenant du plaisir. Après, ne pas couper ses collègues ! Face à l'Italie, j'ai coupé Benjamin qui m'a chambré à la fin... Heureusement, ça ne s'est pas trop vu ! Quand il y a une info à donner et que je sais qu'il faut que je le donne au maximum en direct, il faut attendre qu'il ait fini sa phrase ou son idée. Ce qui est le plus dur, c'est de trouver des questions pertinentes à la fin du match, pour chaque joueur qu'on interroge. Ne pas simplement dire "bon, c'était un bon match ?" On a plusieurs interviews à la suite et il faut poser des questions personnelles et à chaud, c'est difficile. Je creuse et je fais jouer mon imagination, mais c'est un peu compliqué parfois. 

Comment choisissez-vous les joueurs à interviewer ?

Il y en a qui sont bavards, d'autres non ! Ce qui est bien, c'est que je choisis, on a quand même une liberté. Il y a évidemment l'homme du match et le capitaine à faire. Après, j'essaie de voir si des joueurs jouent à domicile, ou la première titularisation. Comme ce sont des moins de 20, ça compte beaucoup. Ensuite, à la mi-temps, j'essaie de faire le capitaine avec un joueur qui sort un peu du lot. Mais dans l'ensemble, je suis libre et je choisis, c'est vraiment chouette. Les seules demandes précises sont pour France O par exemple, avec les joueurs des îles, mais ce n'est pas en direct, c'est à la fin du match. 

La tâche est-elle plus simple avec des moins de 20 ans ?

Je ne sais pas, mais ça m'a rassuré de commencer avec les U20 parce qu'ils débutaient comme moi. Mais si je faisais le XV de France directement et que je me retrouvais face à un trentenaire, même s'il n'y en a plus beaucoup, et que je débarque du haut de mes 25 ans sans que personne ne me connaisse, je n'allais pas leur expliquer le rugby. Trouver sa place peut parfois être compliqué. Avec des U20, mon rôle est aussi de les mettre en confiance en leur posant des questions qui ne les mettent pas en difficulté. Il y a un côté plus nature avec les moins de 20, ils ne sont pas encore formatés à l'exercice comme peuvent l'être des professionnels. C'est souvent dur de savoir ce qu'ils pensent avec un discours assez lissé alors que les moins de 20 sont peut-être plus "nature".

Il ne faut pas oublier que c'est souvent leur premier contact avec les journalistes. Les mettre en confiance est un rôle qui me plaît énormément. 

Raphaëlle a connu sa première "cap" match face à l'Italie (crédit : France Télévisions)

Le trio

Benjamin Kayser est simplement talentueux dans son nouveau rôle ou c'est un énorme bosseur ?

Je pense que c'est les deux ! Je l'ai découvert comme tout le monde, à la dernière Coupe du monde et je le trouvais vraiment bon dans son analyse. Il est ensuite arrivé avec les moins de 20 avec nous. Il est super sympa et c'est important dans une équipe. C'est surtout pour Hélène que c'est bénéfique, vu qu'elle commente avec lui. Lorsqu'il apporte son analyse, c'est une véritable plus-value pour le téléspectateur vu qu'il connaît bien le match et le jeu. Je pense vraiment qu'il est talentueux, mais aussi vrai bosseur. Des fois, il s'appuie sur elle ou même sur moi pour les joueurs, mais sa connaissance du rugby le rend très à l'aise. C'est un plaisir de bosser avec lui.

On peut avoir un défaut de Benjamin Kayser et Hélène Macurdy...

Benjamin... C'est un déconneur. Il essaie avant les matchs de nous embrouiller sur les noms de joueurs pour qu'on se troue à l'antenne. Je crois que c'est son jeu préféré. Et Hélène ? C'est dur, parce que c'est elle qui m'a tout appris. Son défaut ? Je ne sais pas, parce qu'à chaque fois elle m'annonce qu'elle va essayer de me déstabiliser à l'antenne, mais elle ne l'a toujours pas fait ! Donc pour l'instant, je touche du bois ! (rires) 

Il y a souvent un jeu entre présentateur et le bord terrain, c'est programmé ?

Oui, il y a une complicité. Cette envie de faire des trios qui travaillent bien ensemble était primordiale. On est tous un peu partout, avec Hélène on est dans le Sud-ouest, les autres sont à Paris et Benjamin à Clermont ou en Angleterre. Depuis le lancement, on s'est vu régulièrement et il y a une bonne ambiance parce que c'est le rugby et c'est la volonté première. Tout ça fait qu'on prend du plaisir et que ça se ressent, personne ne nous dit "allez-y, faîtes des blagues". C'est aussi la motivation de France Télévisions de se moderniser un petit peu avec un ton des fois un peu plus léger.

Le trio U20 avec Raphaëlle à droite (crédit : France Télévisions) 

Le Tournoi  

Que pensez-vous de cette génération U20 ?

Gros potentiel. C'est dur pour eux d'arriver après des générations qui ont été deux fois championnes du monde. J'espère que pour ce Tournoi, ils vont arriver à faire quelque chose, mais ils nous montrent qu'ils sont parfois au-dessus et qu'ils se trouvent bien. Mais des fois, comme la première mi-temps face à l'Italie, ils passent complètement à côté, notamment en défense. Ce sont des jeunes, ils apprennent à se connaître et ils seront mûrs pour la Coupe du monde cet été en Italie. Toutes les équipes sont similaires, on peut voir des gros matchs comme des matchs moins bons, c'est une compétition ouverte. J'espère un troisième titre en championnat du monde cette année, pour moi c'est possible, il y a de bons joueurs.

Quel joueur vous a le plus impressionné ?

Il y a eu beaucoup de changements, mais Nolan Le Garrec a quand même été très bon pour son gabarit. C'est un super 9 qui plaque, qui apporte du jeu, qui a de l'envie. Il y a Cheikh Tiberghein aussi, l'arrière clermontois qui a de la puissance et qui m'impressionne ballon en main. Les piliers sont bons, Aselo Ikahehegi, ancien de Lille, notamment qui a été appelé la veille de l'Angleterre et qui a gagné sa place. 

Qui verrez-vous bien dans quelques années ?

Oui, bien sûr ! Jordan Joseph montre qu'il est encore là. Il peut tout à fait y être comme Matthias Haddad qui peut avoir sa place. Mais le XV de France a son équipe actuellement et ça marche. Mais les petits jeunes poussent, j'espère les voir dans quelques années, voire quelques mois, c'est possible !

Est-ce qu'on va vous revoir après le Tournoi ?

Alors, ce n'est pas à moi qu'il faut demander, j'en ai envie ça c'est sûr ! (rires) Mais il n'y a pas que moi qui décide. France TV est en train de voir si les droits de la prochaine Coupe du monde sont acquis, ce n'est pas du tout sûr. J'adore l'expérience, je me régale, j'espère que ça va durer que ce soit dans le rugby ou dans d'autres sports. C'est une super école en tous cas !

Vous rêvez de quoi plus tard ? C'est l'occasion, France TV vous lit...

Ouf... Je ne sais pas, déjà mon rêve est d'être journaliste et je le suis. Le sport a toujours été ma passion, et pas que le rugby ! D'autres sports me passionnent et là, j'ai les deux. Je suis au max ! (rires) Mais je suis patiente, je savoure, je profite et je vais travailler encore et encore. On verra la suite à donner. Entre le journalisme et le sport, plein de choses se préparent : les JO à Paris, la Coupe du monde 2023, etc. À moi de travailler, de faire ma place. Je le répète, on verra ! 

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Je l'ai trouvé particulièrement mauvaise lors de ces premières interventions car on ne l'entendait pas du match et qu'elle balbutiait un peu, j'espère qu'elle va s'améliorer par la suite . .Concernant Kayser je dois être le seul mais j'ai un peu de mal avec ces commentaires , il me parait trop lisse , voir faux cul par moment .

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