Aurélie, vous avez arbitré votre premier match international sous l'égide de World Rugby le 25 novembre dernier, quel a été votre ressenti ?
Le match a opposé l'Italie à l'Afrique du Sud chez les féminines. Franchement, en termes de niveau, je ne savais pas trop à quoi m'attendre... Ce sont deux équipes qui ne se sont quasiment jamais rencontrées. C'était donc assez difficile de préparer et d'anticiper la rencontre. Maintenant, sur le match en lui-même, les conditions étaient difficiles, car on était sur un terrain très boueux... Mais, dans l'ensemble, tout s'est bien déroulé pour ma part. Les retours que j'ai eu étaient globalement assez positifs. Au niveau du ressenti, j'étais plutôt bien, j'ai assez vite trouvé mes marques. Car forcément, ça change de passer de la Fédérale 2 au niveau international féminin. Les niveaux masculins et féminins sont très différents, et quand on n'a pas l'habitude d'arbitrer ce genre de matchs, il faut très vite trouver des repères.
Hors arbitre principal, aviez-vous déjà arbitré sur des rencontres internationales ?
Oui, j'étais les deux week-ends d'avant en tant qu'arbitre de touche sur les matchs France-Nouvelle-Zélande de la tournée de novembre féminine. Je fais aussi environ une fois par an un match du Tournoi des Six Nations féminin, à la touche également. En février, j'avais également participé au Tournoi des Six Nations B organisé par Rugby Europe, et en arbitre central cette fois-ci.
Comment la sélection pour ces matchs-là se passe-t-elle ?
En fait, nous avons la chance d'avoir pas mal de Français qui gèrent Rugby Europe. Ça permet d'être repérée plus facilement. On est également peu nombreuses à arbitrer en France, de ce fait, nous sommes plus facilement mises en avant par la Fédération. Mais ce sont des concours de circonstances aussi. Aujourd'hui, on a la chance à World Rugby d'avoir Alhambra Nievas, qui est salariée depuis cet été pour le développement de l'arbitrage du rugby féminin au niveau mondial. J'ai eu la chance de la rencontrer à plusieurs reprises cet été, sur les tournois de rugby à 7 de Rugby Europe et cela m'a aidé. Elle a notamment fait les démarches auprès de Joël Dumé (Directeur national de l'arbitrage), pour que j'évolue par la suite sur des matchs de World Rugby.
Vous étiez à Dubaï le week-end dernier, cela fait longtemps que vous arbitrez également à 7 ?
Cela va faire quatre ans que j'arbitre sur les tournois de Rugby Europe à 7. Et là, je reviens du tournoi de Dubaï, où je suis allée pour la première fois. J'ai arbitré sur le tournoi B, le tournoi d'invitation.
Cela vous tenterait de vous lancer vers une carrière à 7 ?
On verra comment les choses évoluent. Déjà, il n'y a pas beaucoup de places, mais il y a aussi beaucoup de facteurs, plus politiques, qu'on ne maîtrise pas. Maintenant, la saison 2018-2019 est déjà entamée, donc je ne pense pas qu'il y aura de renouvellement avant la fin de celle-ci. Après, je suis prête à prendre toutes les opportunités, mais je pense que le XV me correspond davantage...
Vous arbitrez donc pour l'instant en Fédérale 2...
Oui, j'entame ma deuxième saison complète actuellement.
Le rugby, y avez-vous joué ?
Ça oui ! J'ai commencé l'école de rugby à cinq ans, puis je suis partie au Pôle Espoir de Toulouse. J'ai notamment joué à Blagnac Saint-Orens. Mais j'ai dû arrêter le rugby pour des raisons médicales, du coup, je me suis lancée dans l'arbitrage.
Désormais, c'est devenu une véritable passion, que vous partagez notamment avec votre conjoint...
Exactement. Mon conjoint est arbitre de touche en Pro D2 et Fédérale 1. On s'est donc rencontrés au bord d'un terrain ! (rires).
Avez-vous déjà reçu d'autres propositions pour des matchs internationaux ?
L'attribution des matchs du Tournoi des Six Nations féminin a lieu la semaine prochaine. On verra bien, je croise les doigts... Par ailleurs, la semaine prochaine, j'arbitre la finale ibérique entre le champion d'Espagne et le champion du Portugal à Lisbonne. Mais sinon, j'espère surtout avoir une bonne nouvelle dans les prochains jours et être désignée arbitre principal pour un match du Tournoi des Six Nations 2019 !
lelinzhou
J'aurais bien aimé pour une fois qu'on a une arbitre qu'on parle un peu du comportement du public à son égard, mieux ou pire que pour ses collègues masculins ?
Maurice Patapon
Je crois que nous connaissons déjà la réponse, malheureusement...
Pepouze
Heeee, pas forcement 😉
J'ai l'impression que la plupart du temps, le public garde une plus grande mansuétude envers les arbitres féminines... Enfin disons qu'ils mettent un peu plus de temps avant de commencer à se lâcher. Et dans la globalité les commentaires sont un peu moins virulents. Par contre à partir du moment ou la limite est franchie par le public, les commentaires sont beaucoup plus "fleuris", car à tout l'arsenal des insultes qui pourraient être envoyées aussi bien à un arbitre masculin que féminin, s'ajoute un panel d'insultes magnifiquement misogynes et ignobles sans vraiment de limites.
Chose intéressante, j'ai l'impression que les "femmes" du public sont beaucoup plus "connes" avec une arbitre féminine que leurs hommes... C'est vraiment... déroutant. Mention spéciale à certaines mamans qui sont d'une vulgarité impressionnante le long d'une main courante alors qu'elle ne doivent pas en tolérer la moitié à leur progéniture dans la vie de tous les jours...
Par contre j'ai remarqué en général une plus grande retenue et tolérance des joueurs face à une féminine plutôt qu'à un homme qu'ils ont tendance à plus tester.
De cela, j'enlève les jeunes qui, avec une féminine, deviennent beaucoup plus "chouineurs"... Peut-être une projection maternelle ?
Enfin bref, dans tous les cas, bravo Aurélie pour ton parcours et bonne continuation au plus haut !
Maurice Patapon
Bel argumentaire que je déguste avec mon café dominical matinal !
J’ai troujojrs préfèré traîner derrière les poteaux plutôt qu’en tribune présidentielle, pour une question d’ambiance principalement. Les arbitres y sont conspués avec une ardeur sans cesse renouvelée, tout comme les adversaires. Cela fait plus partie des traditions qu’autre chose mais il y a toujours un noyau de mous du bulbe qui ne s’exprime que par insultes interposées. La vie est ainsi...