Romain Poite
Romain Poite a participé à sa première Coupe du monde. L'arbitre n°1 Français a eu le privilège d'officier sur quatre matchs de poule au centre, puis d'être arbitre assistant durant les phases finales. Il revient sur son expérience personnelle.
Le Rugbynistère : Romain Poite, dressons un bilan de votre participation à la Coupe du Monde. Etes-vous satisfait de vos performances durant le Mondial ?
Oui je suis plutôt satisfait. Je mesure toutefois les progrès à faire pour atteindre mon objectif qui était d'arbitrer un quart de finale.
Vous avez été désigné comme juge de touche en quart, demi et petite finale. Receviez-vous ces désignations avec joie ou escomptiez-vous faire au moins un match de phase finale au centre ?
Le 5 octobre, Paddy O'Brien a réuni tous les arbitres pour sélectionner ceux qui officieraient en phases finales. J'étais un peu déçu de ne pas prendre le sifflet pour un quart, mais je suis très heureux d'avoir été juge de touche jusqu'à la fin de la Coupe du Monde. Ne pas être désigné pour les quarts signifiait implicitement qu'on ne reprenait pas le sifflet jusqu'à la fin de la compétition. Le fait de ne pas avoir rempli mon objectif initial me pousse à dire qu'il y a 70% de satisfaction pour 30% de frustration.
Les arbitres de la compétition logeaient au même hôtel à Auckland. Comment était l'ambiance ?
L'ambiance était vraiment très bonne. On ne ressentait pas du tout une quelconque compétition entre les arbitres. On se rapproche évidemment des hommes avec lesquels on a le plus d'affinités, mais pas de trace d'animosité sur le terrain comme en dehors dans le corps arbitral. Par rapport aux années précédentes, les arbitres de haut-niveau se côtoient beaucoup plus. Les hémisphères sont souvent mélangés dans les compétitions internationales.
Certains arbitrages ont été très contestés après des matchs de phases finales. Comment réagissiez-vous ?
A l'initiative des arbitres, il y avait des réunions plus ou moins informelles. On parlait des matchs. Il faut dire que tout était amplifié parce que c'était la Coupe du Monde. L'IRB nous avait mis en garde à propos de la presse locale qui était particulièrement agressive. A titre personnel, je ne l'ai pas vraiment lu.
Les arbitres sont forts dans la tête. Par exemple, Alain Rolland a montré l'étendue de son expérience, il n'a pas gambergé, même s'il comprenait que ce plaquage cathédrale était un sujet de discussion interminable. Craig Joubert aussi. Il était le meilleur arbitre de ces trois dernières années, il méritait de prendre le sifflet sur cette finale.
Comment occupiez-vous votre temps libre ?
Pendant les matchs de poule, nous avions un emploi du temps chargé entre le travail physique, les analyses de vidéos et les voyages pour aller sur les lieux des matchs. Pendant les phases finales, nous avons eu un peu plus de temps, ce qui nous a permis de visiter un peu l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande.
Aviez-vous des rapports avec les joueurs de l'équipe de France ?
Uniquement dans les dernières semaines, et par pur hasard. Les arbitres et les Français partageaient la même salle de gym à Auckland. Je n'ai que rarement vu les Bleus durant la compétition.
Si vous deviez garder un souvenir du Mondial, quel serait-il ?
Il est dur d'isoler un instant sur ces deux mois très intenses. Il y a eu de très bons moments de convivialité entre arbitres notamment. Je retiendrais surtout deux moments magiques, le premier est hors du terrain, quand j'ai fait du Jet-ski avec des dauphins sauvages. Une expérience incroyable que je n'aurais sûrement pas l'occasion de vivre à nouveau. Sur le terrain, je me souviendrai du match entre l'Afrique du Sud et les Iles Fidji. C'est un match durant lequel j'ai pris un plaisir énorme. J'ai eu l'impression d'atteindre une certaine plénitude au niveau du rugby ce jour-là.
Est-il difficile de reprendre du service en Top 14 et en H Cup ?
Absolument pas ! La transition fut même très facile. La Coupe du Monde m'a véritablement régénéré. J'ai fait le plein de motivation pour les quatre prochaines années.
Vous avez fait une réunion entre arbitres et entraîneurs ? Cette réunion a-t-elle pointé certains problèmes ?
C'était une très bonne initiative. Dans un premier temps, nous avons écouté les doléances des entraîneurs de Top 14 et Pro D2, qui ont réclamé plus de cohérence dans le jeu au sol et dans l'arbitrage de la mêlée. Nous avons d'ailleurs parlé plus en profondeur de ce sujet qui est cher au championnat français. Tous les acteurs du jeu se rendent compte que les mêlées posent problème. Nous pouvons être plus vigilants sur les séquences d'engagement et les introductions de notre côté. C'est ensuite aux entraîneurs et aux premières lignes de se responsabiliser.
La réunion a été très positive, il y avait une très bonne atmosphère de travail entre coachs et arbitres. C'est bien de se voir hors des terrains, où les tensions sont plus vives.
Objectif Coupe du Monde 2015 maintenant ?
Mon contrat de travail avec la FFR s'arrête en Juin 2012. J'espère donc qu'on va le renouveler pour 3 années supplémentaires. L'IRB semble compter sur moi, j'ai l'intention de progresser encore pour atteindre mes objectifs en 2015.
Le Rugbynistère : Romain Poite, dressons un bilan de votre participation à la Coupe du Monde. Etes-vous satisfait de vos performances durant le Mondial ?
Oui je suis plutôt satisfait. Je mesure toutefois les progrès à faire pour atteindre mon objectif qui était d'arbitrer un quart de finale.
Vous avez été désigné comme juge de touche en quart, demi et petite finale. Receviez-vous ces désignations avec joie ou escomptiez-vous faire au moins un match de phase finale au centre ?
Le 5 octobre, Paddy O'Brien a réuni tous les arbitres pour sélectionner ceux qui officieraient en phases finales. J'étais un peu déçu de ne pas prendre le sifflet pour un quart, mais je suis très heureux d'avoir été juge de touche jusqu'à la fin de la Coupe du Monde. Ne pas être désigné pour les quarts signifiait implicitement qu'on ne reprenait pas le sifflet jusqu'à la fin de la compétition. Le fait de ne pas avoir rempli mon objectif initial me pousse à dire qu'il y a 70% de satisfaction pour 30% de frustration.
Les arbitres de la compétition logeaient au même hôtel à Auckland. Comment était l'ambiance ?
L'ambiance était vraiment très bonne. On ne ressentait pas du tout une quelconque compétition entre les arbitres. On se rapproche évidemment des hommes avec lesquels on a le plus d'affinités, mais pas de trace d'animosité sur le terrain comme en dehors dans le corps arbitral. Par rapport aux années précédentes, les arbitres de haut-niveau se côtoient beaucoup plus. Les hémisphères sont souvent mélangés dans les compétitions internationales.
Certains arbitrages ont été très contestés après des matchs de phases finales. Comment réagissiez-vous ?
A l'initiative des arbitres, il y avait des réunions plus ou moins informelles. On parlait des matchs. Il faut dire que tout était amplifié parce que c'était la Coupe du Monde. L'IRB nous avait mis en garde à propos de la presse locale qui était particulièrement agressive. A titre personnel, je ne l'ai pas vraiment lu.
Les arbitres sont forts dans la tête. Par exemple, Alain Rolland a montré l'étendue de son expérience, il n'a pas gambergé, même s'il comprenait que ce plaquage cathédrale était un sujet de discussion interminable. Craig Joubert aussi. Il était le meilleur arbitre de ces trois dernières années, il méritait de prendre le sifflet sur cette finale.
Comment occupiez-vous votre temps libre ?
Pendant les matchs de poule, nous avions un emploi du temps chargé entre le travail physique, les analyses de vidéos et les voyages pour aller sur les lieux des matchs. Pendant les phases finales, nous avons eu un peu plus de temps, ce qui nous a permis de visiter un peu l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande.
Aviez-vous des rapports avec les joueurs de l'équipe de France ?
Uniquement dans les dernières semaines, et par pur hasard. Les arbitres et les Français partageaient la même salle de gym à Auckland. Je n'ai que rarement vu les Bleus durant la compétition.
Si vous deviez garder un souvenir du Mondial, quel serait-il ?
Il est dur d'isoler un instant sur ces deux mois très intenses. Il y a eu de très bons moments de convivialité entre arbitres notamment. Je retiendrais surtout deux moments magiques, le premier est hors du terrain, quand j'ai fait du Jet-ski avec des dauphins sauvages. Une expérience incroyable que je n'aurais sûrement pas l'occasion de vivre à nouveau. Sur le terrain, je me souviendrai du match entre l'Afrique du Sud et les Iles Fidji. C'est un match durant lequel j'ai pris un plaisir énorme. J'ai eu l'impression d'atteindre une certaine plénitude au niveau du rugby ce jour-là.
Est-il difficile de reprendre du service en Top 14 et en H Cup ?
Absolument pas ! La transition fut même très facile. La Coupe du Monde m'a véritablement régénéré. J'ai fait le plein de motivation pour les quatre prochaines années.
Vous avez fait une réunion entre arbitres et entraîneurs ? Cette réunion a-t-elle pointé certains problèmes ?
C'était une très bonne initiative. Dans un premier temps, nous avons écouté les doléances des entraîneurs de Top 14 et Pro D2, qui ont réclamé plus de cohérence dans le jeu au sol et dans l'arbitrage de la mêlée. Nous avons d'ailleurs parlé plus en profondeur de ce sujet qui est cher au championnat français. Tous les acteurs du jeu se rendent compte que les mêlées posent problème. Nous pouvons être plus vigilants sur les séquences d'engagement et les introductions de notre côté. C'est ensuite aux entraîneurs et aux premières lignes de se responsabiliser.
La réunion a été très positive, il y avait une très bonne atmosphère de travail entre coachs et arbitres. C'est bien de se voir hors des terrains, où les tensions sont plus vives.
Objectif Coupe du Monde 2015 maintenant ?
Mon contrat de travail avec la FFR s'arrête en Juin 2012. J'espère donc qu'on va le renouveler pour 3 années supplémentaires. L'IRB semble compter sur moi, j'ai l'intention de progresser encore pour atteindre mes objectifs en 2015.
Kadova
Je dis merci aussi car c'est important de donner les points de vue de tous les acteurs.
Le point qui me plait le plus dans cette interview est celui-ci:
Par rapport aux années précédentes, les arbitres de haut-niveau se côtoient beaucoup plus. Les hémisphères sont souvent mélangés dans les compétitions internationales.
Si ca pouvait homogeneiser les decisions arbitrales...
Maxime Rouquié
Merci à toi Lux 🙂
Lux
merci Rugbynistere de partager les points de vue de Romain Poite, car on oublie fréquemment le corps arbitral, qui fait partie intégrante du rugby