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RUGBY. 6 Nations. Selon Jacques du Plessis, ''la France a de la chance d’avoir Paul Willemse''
Jacques du Plessis a vécu de très bonnes années en France.
De retour dans son pays natal en signant aux Blue Bulls, le Sud-Africain Jacques du Plessis revient sur ses six saisons faites de haut et de bas au MHR.

« Pouvez-vous parler en Français s’il vous plaît ? » Symbole de son retour en Afrique du Sud, Jacques du Plessis préfère s’exprimer dans sa langue natale plutôt que dans celle d’Antoine Dupont. Le deuxième ligne ne refuse cependant aucune question durant une quinzaine de minutes. Il vient de récupérer son fils à l’école. La famille, c’est justement la raison de son retour à la maison. « Le Covid-19 a beaucoup joué ! Je n’ai pas pu voir ma famille pendant une longue période. Tu es seul en France et tu n’as pas toujours beaucoup de monde qui te soutient. À part ta femme et ton fils », révèle-t-il. S’il est aujourd’hui heureux, faire le choix de rentrer chez lui n’a pas été simple : « Je suis très content d’être revenu en Afrique du Sud. Je suis resté longtemps en France, à Montpellier. J’aime le club, la ville. Ça a été une super expérience pour moi de jouer en Top 14, un championnat très rude. J’y ai passé six ans et mon pays, ma famille m’ont manqué. Revenir a été la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre. »

Le joueur de 28 ans a retrouvé son club formateur, les Blue Bulls. Avec le club de Pretoria, il a remporté la Currie Cup le 11 septembre dernier face aux Sharks (44-10). Il a vite repris ses marques. Même si quelque chose a changé depuis son départ en 2015. « La plus grosse différence c’est que quand je suis parti des Bulls, j’étais dans les plus jeunes et que maintenant je fais partie des plus vieux, en rigole-t-il. Mais il y a toujours cette culture de travailler dur. »

« Le Top 14 n’est pas un 100m, c’est un marathon »

À 22 ans, Jacques du Plessis choisit de signer dans un Montpellier entraîné par son compatriote Jake White. Une époque où le club est friand de joueurs puissants et surtout, de Sud-Africains. « C’était un peu bizarre au début parce que je pense que j’étais un petit peu jeune, avoue-t-il. Ce n’est pas commun de signer à l’étranger si jeune. La personne que je suis aujourd’hui, les choses que j’ai apprises de la vie, tout que j’ai vu, cette nouvelle culture et ces nouvelles expériences que j’ai eues en venant en France jouer pour Montpellier, je ne le changerais pour rien au monde. J’étais heureux, surtout à Montpellier. Pour être honnête, c’était le bon choix à l’époque, surtout de venir en France jouer dans une compétition aussi dure que le Top 14. »

S’il a dû s’adapter à une nouvelle vie, il a aussi fait face à un autre rugby dans l’Hexagone. « Je pense que le rugby en France est différent. En Afrique du Sud, tu as un plan de jeu très strict. En France, c'est un peu plus ouvert et tu ne peux plus exprimer tes qualités. Je pense donc que les compétences sont plus développées en France, comme les passes après contact. Cela nous permet d’essayer de ne pas toujours coller au même plan de jeu. Tu apportes là où tu es bon à l’équipe. Tu essayes de faire ça pour le collectif en France. Je pense que le rugby est très différent chez vous. Si tu dois aller jouer en France tu dois savoir qu’il y a une saison très longue. Le Top 14 n’est pas un 100m, c’est un marathon », prolonge le natif de Pongola, un village situé à l’est du pays, proche de la frontière avec le Swaziland.

Il a dû aussi d’adapter à un nouveau championnat. À l’époque, les franchises sud-africaines sont engagées en Super Rugby face aux Australiens et Néo-Zélandais. « Le Super Rugby est plus rapide, même si en France ça l’est aussi. Je pense que j’ai beaucoup appris dans les mêlées, les touches et les rucks en Top 14. »

Trop de joueurs étrangers au MHR

En six saisons sous le maillot des cistes, Jacques du Plessis (27 ans) a remporté deux Challenge Cup (2016 et 2021). Mais aucun titre de champion de France, pourtant un des objectifs du club de Mohed Altrad depuis plusieurs années. Le joueur aux 105 matchs en bleu et blanc a été un cadre du club héraultais. Alors qu’est-ce qu’il a manqué au MHR pour soulever le bouclier ? « C’est une bonne question, répond-il. Je pense que le MHR a fait de bonnes saisons les six, sept dernières années avec des finales, demi-finales, des barrages mais perdus. Nous avons été très bons en Challenge Cup. C’est un signe que nous avons été constants. La culture de la gagne vient avec le temps, surtout si tu gardes le même groupe de joueurs pendant plusieurs années et la constance vient. »Champions Cup - Jacques Du Plessis se la joue à la Vahaamahina contre Gloucester [Vidéo]Champions Cup - Jacques Du Plessis se la joue à la Vahaamahina contre Gloucester [Vidéo]Il pointe du doigt la stratégie du club : « Chaque année, tu avais une nouvelle équipe, de nouveaux joueurs, une nouvelle philosophie. Pour moi, c’est un signe que Montpellier a eu du mal pendant ma période. On ne peut pas être constant avec plusieurs cultures rugbystiques. Je pense que rester un peu avec les mêmes joueurs et la même philosophie te permet d’être régulier. »

La régularité, c’est un mot qui peut caractériser le cru 2022 de Montpellier, invaincu durant dix rencontres d’affilé en championnat, entre le 23 octobre et le 5 mars. Il a déjà connu le redressement de l’équipe l’année dernière après l’arrivée de Philippe Saint-André en cours de saison. Pour celui qui est surnommé « Thor », en référence à ses longs cheveux blonds et ses muscles sur-développés, le regain de forme du MHR n’est pas seulement dû à PSA. Il en revient à ce qu’il a dit précédemment. « Je pense que c’est tout le système de recrutement, tout le système qui a changé, même si Philippe Saint-André a une grande influence, continue-t-il. Quand je suis arrivé à Montpellier, nous étions beaucoup d’étrangers et il n’y avait pas beaucoup de Français dans l’effectif. Maintenant il y a de meilleurs joueurs français et moins d’étrangers. Pour moi c’est pour ça que Montpellier a progressé. »

« La France a de la chance d’avoir Paul Willemse »

À Montpellier, Jacques du Plessis a régulièrement formé un solide attelage en deuxième ligne avec Paul Willemse. Les Sud-Africains se sont connus aux Bulls avant de se retrouver en Occitanie. Si les deux joueurs sont proches dans la cage, ils le sont aussi dans la vie. C’est donc avec un regard particulier qu’il regarde désormais les matchs de l’équipe de France, où son acolyte est devenu un joueur clé. « Je suis très heureux pour Paul, c’est un de mes meilleurs amis ! Il a toujours été un très bon joueur. En Afrique du Sud, il n’a jamais été convoqué pour jouer avec les Springboks donc il a pris la meilleure décision de sa vie de venir à Montpellier. Regarde, maintenant il joue pour la France ! C’est une super personne et un grand joueur. La France a de la chance d’avoir un joueur solide comme lui », déclare-t-il avec enthousiasme.Rugby. 6 Nations. Willemse, Danty, ils ont impressionné la presse, ils s'imposent dans l'équipe typeRugby. 6 Nations. Willemse, Danty, ils ont impressionné la presse, ils s'imposent dans l'équipe typeLe XV de France, Jacques du Plessis aurait aussi pu y prétendre. Fabien Galthié a rencontré le joueur fin 2019, juste après sa prise de fonction. Il n’a pas pu former un attelage franco-sud-africain en seconde ligne avec Paul Willemse pour des raisons plus administratives que sportives. En 2013, l’ancien montpelliérain a disputé la Coupe du Monde U20 avec les Sud- Africains. Or, son pays et la France considéraient les moins de 20 ans comme deuxième équipe représentative nationale. Le voilà dans l’incapacité de jouer en bleu, blanc et rouge. Pourtant, accrochez-vous, il peut toujours espérer prétendre à l’équipe de France. S’il demande un passeport français, il pourrait être éligible pour la France en rugby à sept car il s’agit d’une discipline olympique. Il deviendrait ensuite sélectionnable pour le quinze de France, via le sept. Mais pour cela, il devrait jouer un tournoi de qualification olympique, condition sine qua non pour être appelé à quinze.6 Nations. France. ''Tout le corps est marqué'' : Paul Willemse lessivé après son match stratosphérique6 Nations. France. ''Tout le corps est marqué'' : Paul Willemse lessivé après son match stratosphérique« Pendant que j’étais en France, c'était difficile parce que je ne pouvais pas jouer pour la France. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça. » À défaut de le voir évoluer avec les tricolores, il peut toujours prétendre à découvrir le niveau international avec son pays d’origine. « J’ai rêvé de jouer avec les Springboks et j’espère toujours être sélectionné avec les Springboks », glisse-t-il. Mais ce n’est plus sa priorité. « Un tas de choses ont changé dans ma vie, des choses sont plus importantes pour moi que le rugby. J’ai une femme, un garçon, j’ai une fille qui arrive. Ce n’est plus ma priorité numéro une maintenant. J’ai profité de ces moments. J’ai eu une opération au tendon d’Achille pour la seconde fois. En ce moment, je ne pense qu’à revenir et à jouer mon meilleur rugby ! »

Merci à Loïc Bessière pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Excellent article ! Merci l’Ami !

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