Si la bagarre a toujours fait partie de l'ADN du rugby tricolore, face à la violence de certains gestes, de plus en plus d'affaires se terminent au tribunal. Avec au bout, une condamnation ferme ou avec sursis pour le ou les auteurs des coups. Quid des victimes ? Si certaines parviennent à passer outre le traumatisme physique et moral, d'autres perdent à jamais le goût pour le jeu. C'est ce qui est arrivé à Julien (son prénom a été modifié pour l'article). Formé au Racing Club Lavancia Dortan, situé dans le Jura, dès l'âge de 5 ans, il a ensuite rejoint Oyonnax six ans plus tard et y a joué jusqu'en Reichel. "Suite à quelques soucis et à cause de mon orientation professionnelle, je n’ai pas pu continuer à Oyonnax, je suis donc retourné jouer à Lavancia avec d'autres coéquipiers d’Oyonnax."
Une carrière tout ce qu'il y a de plus normal pour un rugbyman amateur et qui aurait pu se terminer en sénior la trentaine passée sans un incident il y a trois ans. "En mars 2015, lors d'un match contre l’équipe de Vénissieux, une bagarre se déclenche pendant une mêlée à la 70e minute. L’arbitre fait son travail et distribue les cartons aux équipes. À cet instant, alors que le calme était revenu, un joueur de Vénissieux se replace sur le terrain, sans explication, et m’envoie un violent coup de poing par-derrière, je ne l’ai pas vu venir…" Ce joueur sera finalement condamné à quatre mois de prison ferme assorti d'une amende.
AMATEUR - Un joueur condamné à quatre mois de prison ferme pour violences
Pour Julien , ce coup a eu de nombreuses conséquences. "Vu que le match était arrêté, j’avais enlevé mon protège-dents pour respirer, je n’avais donc aucune protection. J’ai perdu connaissance plusieurs minutes à la suite de ce choc." Il souvient cependant des douleurs "insupportables" à son réveil. "J’ai tout de suite senti que j’avais 5 dents fracturées…" A cause des gonflements, impossible de se faire opérer tout de suite. Il passe alors trois semaines à manger avec une paille. "Aujourd’hui, c’est réparé mais pas définitif." Mentalement, Julien a été très affecté. "Suite à cet accident, ça a été très dur psychologiquement, je n’ai jamais pu retourner sur un terrain de rugby, après plus de 15 ans de rugby, ce n’est pas facile d’accepter ce blocage. On pense toujours que ça n'arrive qu’aux autres. Tout arrive très vite."
Face à la violence du geste et afin que cela serve d'exemple, ça lui "tenait à cœur d’aller au bout de l’affaire" : "j’espère vraiment que ça pourra montrer d’exemple aux jeunes et à tous les joueurs de rugby et que ces agressions soient bannies de ce sport. Le terrain n’est pas un endroit où nous devons faire la loi nous-mêmes, c’est seulement l’endroit où nous devons montrer les valeurs du rugby et ne jamais oublier que « le rugby est un sport de voyous jouer par des GENTLEMANS »". S'il a depuis troqué les crampons pour les baskets de trail, il a toujours un oeil attentif sur les performances des collègues. "Petits clins d'œil à Lavancia qui normalement se maintient en Promotion d’Honneur et à Oyonnax qui va devoir batailler pour se maintenir aussi."
Kad Deb
Le problème est qu'il y en a toujours pour trouver des excuses à ce type de violence. Comme quoi cela ferait partie du folklore. Pourquoi faudrait-il admirer des abrutis qui frappent par surprise, par derrière, cachés derrière une mêlée ou des coéquipiers ? Et le pire est lorsque des crétins pareils sont vos propres coéquipiers et se vantent ensuite de leurs prétendus exploits dans le vestiaire, en recherchant l'approbation des autres...
Ahma
Pour ce que j'en ai connu ( c'était il y a longtemps, mais je ne peux pas croire que ça ait tant changé ), le problème le plus grave n'était pas le salaud particulièrement enclin à la violence gratuite, mais l'ensemble de ses coéquipiers qui ne manifestaient jamais la moindre réprobation, et témoignaient même souvent une grande complaisance.
Les récits d'agressions (perpétrées sur le terrain, ou même ailleurs ), lors des repas d'après entraînement, suscitaient toujours beaucoup d'intérêt, pas mal de rires, et conféraient un certain prestige au narrateur.
Sans la complicité plus ou moins active de l'entourage, les brutes ne pourraient pas sévir.
Kad Deb
C'est bien ce que je dis : cessons de glorifier les brutes et la violence gratuite.
breiz93
J'en entend encore qui disent "une bonne droite ça fait partie du jeu " , même si dans la tension d'un match ça peut arriver ce n'est jamais acceptable.
La façon dont ce joueur à été blessé en dit long sur l'agresseur qui à mon sens n'a pas été puni sévèrement, en tout cas il n'a pas sa place parmi nous.
Tolérance zéro.
batelier
excellent ! appel à la justice systématique….!
cahues
L'environnement autour de certaines rencontres est de plus en plus difficile à gérer pour les clubs et des débordements inacceptables apparaissent hélas fréquemment sur le terrain.
Pilard59
Bonsoir,
Je vous souhaite beaucoup de courage pour surmonter cette épreuve, il est dommage et regrettable que de tels agissements se produisent encore, les peines ne sont pas suffisamment dissuasive, notamment au niveau amateur, ce qui se joue sur le terrain c'est un emploi, une carrière au quotidien, tout simplement une vie, les peines encourues devraient être calquées sur les lois régissant la communauté et non déformées car vous êtes joueurs de rugby plus ou moins connu. De toute façon il faut plus de condamnation que ce soit au niveau professionnel ou amateur, à l'heure actuelle c'est plutôt un laisser aller, c'est dommage, ce n'est pas comme cela que nous ramènerons les gamins dans les écoles de rugby. Les mères ont de quoi être inquiètes et pas toujours par ignorance !!!