L’Afrique du Sud, championne du monde en titre, et l’Irlande, leader du classement mondial, s'affrontent ce samedi soir dans le choc au sommet de ces phases de poules. L’occasion de revenir sur le duel de cette finale de la poule B : Sexton d’un côté, Libbok de l’autre, deux joueurs qui auront un rôle majeur dans la quête du succès.
La fièvre du samedi soir, comme un parfum de finale avant l’heure. A 21 h, l’Afrique du Sud et l’Irlande seront aux prises pour tenter de glaner la première place du classement de la poule B. Plus qu’une simple victoire, les deux meilleures nations de la planète vont entrer en collision pour affirmer leur hégémonie sur la planète ovale. Parmi une constellation d’étoiles et une pluie de stars, le duel entre les deux ouvreurs cristallise toutes les attentions. D’un côté, Jonathan Sexton, l’inamovible métronome irlandais et de l’autre Manie Libbok, l’élégance enrobée d’un zeste de clairvoyance. Deux joueurs antagonistes aux caractéristiques et la culture rugbystique.
Quand le pragmatisme rencontre le romantisme
2011, 2015, 2019, toujours la même rengaine pour les hommes du Trèfle qui peinent à transformer leur domination sur le terrain par un titre mondial. Si l’Irlande n’a jamais dépassé les quarts de finale en Coupe du monde depuis sa création en 1987, son guide irlandais, Jonathan Sexton compte bien rompre le mauvais sort. Celui qui a connu sa première sélection en 2009 espère mener son équipe sur le toit du monde. Le 10 irlandais est une véritable légende dans son pays, un talisman dont a du mal à se défaire sa nation. À 38 ans et quelques commotions au compteur, ce leader a su se rendre indispensable Par son style de jeu et son pragmatisme exacerbé, Sexton s’inscrit dans la culture irlandaise du ballon ovale. Un jeu au pied infaillible, un caractère bien trempé, une défense solide, il est l’archétype du joueur sans fioritures, si précieux pour l’Irlande. Il est également un buteur hors pair. Face aux Tonga, pour le deuxième match du XV du Trèfle, l’enfant de Dublin est entré un peu plus dans l’histoire de son pays. Avec 1090 points inscrits en carrière, il détrône le record détenu par l’illustre ouvreur des Verts, Ronan O'Gara (1 083).
Face à lui, un ouvreur qu’il n’a pour le moment jamais rencontré, le sud-africain Manie Libbok. Et pour cause, ce dernier honore, ce samedi soir, sa 10e sélection, toutes compétitions confondues.
Un joueur qui a soufflé le chaud et le froid en ce début de mondial. Brillant dans l’animation du jeu, décrié face aux poteaux, l’ouvreur des Stormers est de ceux dont le calcul d’apothicaires est prohibé de son jargon rugbystique. Exemple avec cette action pleine de classe et de flegme lors du premier match contre l’Écosse : l’ouvreur des Springboks adresse à Kurt-Lee Arendse un bijou de passe au pied... à l’aveugle. L’ailier de poche plante l’essai et les Boks détachent définitivement le XV du Chardon. Un coup de pied, qui vaut à Libbok le trophée d’homme du match. Pour autant, si cette action restera à coup sûr dans les annales du rugby, il ne faut pas se leurrer. Libbok n’a pas éclaboussé cette rencontre de son réalisme. Au contraire, rattrapé par la pression et ses émotions, il a laissé filer huit points au pied en manquant trois tentatives sur cinq face aux perches.
Un manque d’efficacité qui pose problème au moment de se mesurer à une référence en la matière. Mais Libbok c’est l’anti Sexton, c’est le romantisme. Là où Sexton est un délice de constance, Libbok est un dynamiteur, un ouvreur électrique. Il est le chef d’orchestre entre des avants surpuissants et une ligne de trois quarts virevoltante. Vitesse, prise d’intervalles, ambidextres, il offre une nouvelle palette d’armes offensives à un jeu sud-africain souvent jugé, à raison, trop stéréotypé. Avec son rugby inhabituel pour un numéro 10 de la nation arc-en-ciel, Libbok peut être celui qui déstabilisera une équipe irlandaise intraitable en défense.
L’expérience pour le vétéran Sexton
Avec 115 sélections, Jonathan Sexton aura tout le loisir de faire porter le poids de la pression à son adversaire qui ne compte que 10 capes. Le grand écart entre un joueur qui n’a plus rien à prouver et un autre qui au contraire doit présenter une copie parfaite pour espérer faire les beaux jours de sa sélection encore longtemps.
Sexton peut également se targuer d’avoir une armoire à trophée bien remplie : quatre coupes d'Europe avec le Leinster ; quatre Tournois des Six Nations avec l'Irlande (2014, 2015, 2018, 2023), dont deux Grands Chelems (2018, 2023) ; un trophée de meilleur joueur du monde en 2018 et la première série de tests victorieuse de l'Irlande en Nouvelle-Zélande (2022). En face, à 26 ans, l’ouvreur des Stormers ne compte qu’un maigre succès avec sa franchise en Rugby Championship 2022. Pas de quoi lui faire peur au moment d’affronter la première nation mondiale et son homologue irlandais : "Johnny est un super joueur et il a tellement fait pour l'Irlande depuis des années," a loué Libbok. Mais mon objectif sera simplement d'être concentré sur moi-même et je me suis préparé au mieux pour être prêt à tout donner samedi. J'ai simplement hâte de relever le défi", insiste-t-il.
À la recherche d’une seizième victoire consécutive, Sexton aura à cœur d'asseoir un peu plus la domination irlandaise sur le rugby mondial. De son côté, Libbok devra régler la mire face aux perches si l’Afrique du Sud veut l’emporter.
Chandelle 72
Gagnant ce soir : Sexton
Saxovalien
Il ya un déséquilibre évident entre d’une part les poules A et B et d’autre part les poules B et C. Les deux premières sont les plus fortes et vont se rencontrer en quarts de finale, alors que ce sont des affiches de finales.
Cedulos
Bien vu l'Ami !
Deux joueurs très différents au service de leur équipe. 2 conceptions distinctes sur la façon de conduire le jeu. 2 joueurs efficaces chacun dans son registre. Le manque d'expérience et l'éventuel poids de l'émotion pèseront-ils au détriment du plus jeune ? Et, si d'aventure les 2 équipes devaient se retrouver un peu plus tard, nul doute que la rencontre de samedi en général et leur rencontre en particulier, vont prendre une importance essentielle. Auquel des 2 profiteront-elles ?
Bon match !