RUGBY. ''Je n'ai pas oublié l'objectif de ma vie'', talent de Nationale : Tom Danovaro poursuit son ascension
Tom Danovaro va rebondir en Nationale 1, après un début de carrière agité. Crédit photo (Racing 92)
Comme les portraits de jeunes pépites et talents de demain plaisent, il est l'heure de mettre en lumière celui de Tom Danovaro, arrière polyvalent qui va rejoindre Bourgoin-Jallieu la saison prochaine.

UN PARCOURS IDYLLIQUE EN CORRÈZE

À l'instar de plusieurs de ses compères, Tom Danovaro s'est forgé en Corrèze, là où le rugby est une religion, et le CAB une institution. Après avoir fait ses gammes à l'école de rugby de Tulle, le jeune homme nous raconte ses premiers pas avec le ballon ovale : "J’ai commencé à six ans à Tulle. J’accompagnais mon père à chaque match, je jouais dans l’en-but et au club, on parlait aussi de mon grand-père qui avait joué à Tulle. J’ai été baigné dedans directement, et même s’ils ne m'ont jamais forcé à le faire, j’ai commencé le rugby naturellement."

Ensuite, comme tous les jeunes talentueux de son âge, Danovaro prit la direction de Brive, à l'âge de huit ans. A partir de là, ce dernier reste dix saisons en blanc et noir, et connaît rapidement le pôle espoir d'Ussel, puis les sélections en équipe de France : "La première sélection en moins de 17 ans était particulière, car c’était contre l’Italie, et j’ai des origines italiennes du côté de mon père. Avec l’équipe de France, on avait une tournée dans laquelle on avait deux matchs contre eux en France. Malheureusement, je me suis blessé la cheville lors de la mise en place du premier match. Au final, je joue tout le match lors de la deuxième rencontre, devant ma famille, mes grands-parents aussi. C’est un souvenir génial. "

Après des saisons remarquées et une place d'espoir montant au club, le natif de la préfecture de la Corrèze reçoit plusieurs offres de clubs de Top 14. Il décide alors de poursuivre sa jeune carrière chez les espoirs du Racing 92 ! Il nous raconte son arrivée dans la capitale : "C’est un grand club, avec beaucoup d’ambition et la formation est réputée donc je me suis dit que c’était une opportunité à ne pas refuser. J’y suis allé tête baissé et quand je suis arrivé là-bas, j’ai fait la pré-saison avec toutes les stars de l’époque, Vakatawa, Russell, Teddy Thomas… Pour moi, c'était incroyable."

Toutefois, l'ouvreur de formation a vite compris qu'il fallait redoubler d'efforts pour perdurer dans la maison francilienne : "La première saison a été compliquée, car même en espoir, des mecs avaient quatre ans de plus que moi, et même si je m’entrainais avec le groupe professionnel, je n’étais pas numéro un à mon poste. Ça a été une saison qui m’a fait me pose beaucoup de question, mais à la fois fait énormément grandir. L'année d’après, je suis revenu motivé, j’ai fait une grosse pré-saison avec les pros, j’ai été nommé capitaine en espoir et j’ai fait plusieurs feuilles de match en tant que 24ᵉ. Au final, il ne me manquait que la petite carotte, ce match en pro que je n’ai pas pu avoir, mais c’était une expérience de dingue. "

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LE RETOUR AUX SOURCES, SEMÉ D'EMBÛCHES 

Conservé dans l'effectif du Racing 92, mais désireux de goûter aux joies du Top 14, après deux saisons de labeur, Brive tente de rapatrier l'enfant du club en Corrèze. C'est donc avec succès que Danovaro fait son retour, plein d'ambition et de promesses. Malheureusement, la dure loi du sport de haut niveau est intraitable, et dans un milieu où les absents ont toujours tort, les blessures ne sont pas les bienvenues.

Il nous raconte cette première saison : "À mon retour à Brive, j’étais rentré dans la bonne dynamique avec Jérémy Davidson, il commençait à avoir confiance en moi et il m’a donné ma chance pour mon premier match de Top 14 face au Racing. Le match se passe très bien, c’était à la maison en plus, mais malheureusement une semaine après avec les espoirs, je me fais une grosse blessure, luxation du péroné et fracture de la cheville. Ça m’a mis un gros coup d’arrêt. La même année, je reviens et je gratte une feuille de match contre les Saracens, mais le plus gros de la saison avait été fait."

Après avoir essuyé les regrets de cette année cauchemardesque, Danovaro entame la seconde et dernière de son contrat, avec la ferme intention de prouver qu'il a sa place dans l'élite. Dans le même temps, Brive connaît des jours difficiles, et accueille un nouveau staff, en quête de résultat : "La saison d’après, il y a un changement d’entraîneur et Patrice Collazo arrive. Ça s’est beaucoup moins bien passé d’un point de vue personnel, et lui faisait plus confiance à des jeunes et moins aux dernières années espoirs, donc je n’ai pas eu ma chance. J’avais pourtant le sentiment de faire une grosse saison, c’était dur mentalement."

LIMOGES, POUR RETROUVER DES COULEURS

Alors dans une impasse, et avec bientôt l'étiquette de "talent gâché "qui le suivait, le trois quart polyvalent décide de partir faire ses armes en Nationale 2, non loin de son cocon familial, à Limoges. Quelques années plus tôt, le papa avait d'ailleurs réussi à faire monter le club dans cette division. 

Il nous raconte cette transition : "Il y a beaucoup de personnes qui ont cru en moi très vite lorsque j’étais jeune. On avait une bonne génération et mon nom sortait régulièrement parmi les leaders. Au final, j’ai aussi vu le contraire avec ces mêmes personnes qui te tournent le dos lors d’une grosse blessure, ou quand tu joues moins. J’ai pu être centré sur moi-même sur ces années compliquées, mais je n'ai pas perdu espoir et je n'ai pas hésité à rebondir à Limoges en Nationale 2. Je n'ai jamais baissé les armes, j’y suis allé pour faire mes armes, prendre du temps de jeu et essayer de rebondir plus haut si possible. Une carrière ça se construit, et si certains arrivent au sommet très vite, d’autres doivent travailler davantage et c’est mon cas."

Il revient également sur cette première saison dans la quatrième division française, à cheval entre l'amateurisme et le rugby professionnel : "Ce sont des enjeux différents, c’est uniquement senior, il y a plus de risques et pour les clubs chaque match est ultra-important. Je suis arrivé avec ce que je savais faire, du jeu porté vers l’attaque, et ça a plu au coach. J’ai pu développer plus de compétences, et travaillé sur des axes que j’avais négligés les années précédentes. J’ai aussi retrouvé le poste de demi d’ouverture, donc j’ai pu buter en situation de match. Ça m’a permis de jouer beaucoup de postes, d’avoir du temps de jeu, donc honnêtement la saison que je vis actuellement n’est pas elle où il y a de grandes envolées, mais je me construis en tant que joueur. Je ne la vois que d’un œil positif, et j’espère de tout cœur que le club va se maintenir. "

UNE POLYVALENCE QUI PLAÎT 

Avec 18 matchs de Nationale 2 cette saison, dont 12 comme titulaire et plus de 1100 minutes au compteur, Tom Danovaro tient une place de choix dans l'effectif de Limoges. Au côté de joueurs expérimentés comme Noa Nakaitaci, James Hart ou encore Murimurivalu, le joueur de 22 ans est un électron libre qui évolue à un poste différent chaque week-end. 

Ouvreur de formation, ce dernier a pourtant évolué en qualité de premier centre au plus haut niveau, mais découvre encore de nouveaux postes, il nous en parle : "Si certains le voient comme un défaut de jouer un peu partout, je le vois vraiment comme une qualité et surtout pour la suite. Je peux être le remplaçant idéal, ou alors attaquer à un poste et finir à un autre. J’ai une formation d’ouvreur, mais j’ai beaucoup joué en tant que premier centre dernièrement et cette saison, j’ai découvert le poste d’arrière. J’aime ce poste et j’apprends match après match un peu plus. Partout où je suis sur le terrain, j’arrive à prendre du plaisir, donc je suis content quoi qu’il arrive."

Il revient aussi sur le jeu au pied, qui est une arme qu'il a travaillée cette saison, et qui lui permet d'être encore un peu plus complet : "Limoges m’a de suite fait comprendre qu’il fallait que je puisse buter, car j’allais jouer souvent à l’ouverture. J’ai toujours utilisé mon coup de pied comme une arme, mais les jeux au pied au centre sont différents de ceux en 10. Avant, je ne faisais que des rasants, des longs coups de pied, de pression ou quelque part dessus. Cette fois, j’occupe plus le terrain, je cherche à trouver de bonnes zones et j’ai aussi pu tenter des drops en match. Le coup d’envoi est aussi un geste particulier que j’ai travaillé. Je fais des séances trois quatre fois par semaine pour ne pas avoir de pression le week-end lorsque je suis en face des perches. "

BOURGOIN-JALLIEU COMME NOUVEAU DÉFI

Comme un talent ne reste pas muet bien longtemps, Tom Danovaro n'a pas eu tant de mal à se faire remarquer par des clubs ambitieux. Parmi eux, Bourgoin-Jallieu a frappé en premier, avec l'ambition de monter en Pro D2 depuis quelques saisons déjà. 

Si Limoges n'a finalement pas réussi à se maintenir en Nationale 2, au terme d'une saison compétitive, Danovaro nous explique son départ vers l'Isère : "J’ai eu, dans un premier temps, une visio avec le manager, Pascal Papé, il y a quelques semaines. J’ai directement accroché au discours, car ils me prennent pour les qualités que j’ai, et je n’ai pas de soucis à me faire en arrivant puisque je sais que je vais rester moi-même. Ils m’ont dit que ma petite touche de folie manquait aujourd'hui à leur collectif, et ça me rassure parce que je pourrais tenter des choses sur le terrain. C’est un club emblématique du rugby français, avec un gros palmarès et une histoire. Le club a pour objectif de remonter dans les années à venir, et c’est une source de motivation, donc quand j’ai eu cet appel, je n’ai même pas cherché à réfléchir. "

Cette saison, les hommes de Papé ont terminé à la huitième position de Nationale. En adéquation avec son futur club, Danovaro n'a pas perdu de vue ses envies de tutoyer le plus haut niveau : "Je n’ai pas oublié l’objectif final de ma vie, et jouer en Top 14 est vraiment un objectif dans ma carrière de joueur. Je prends chaque étape comme elle vient et ça me tarde d’être performant avec Bourgoin, j’espère faire de belles choses avec ce club et qu’on puisse retrouver le haut niveau ensemble."

Loin des strass et des paillettes qu'offre le Top 14, Tom Danovaro poursuit son bonhomme de chemin et s'est engagé deux saisons avec Bourgoin-Jallieu. Avec de la motivation à revendre, l'ancien Coujoux espère rapidement performer sous ses nouvelles couleurs : "Déjà je vais essayer de bien me préparer et d'arriver en forme. C’est un peu ma marque de fabrique, être disponible directement et marqué des points vite. J’espère rentrer dans le groupe des 23 rapidement, lors du premier match ça serait bien sinon ce serait un échec à court terme."

Nul doute que nous le verrons prochainement briller sur les terrains, c'est tout le mal qu'on lui souhaite. 

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Lorsqu'on joue à Tulle, on ne fait pas dans la dentelle ?
Oui, je sais...

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