RUGBY. L'arrivée du ''bunker'' en Top 14 ? Qu'en pense cet arbitre international ?
Le ''bunker'' sera-t-il bientôt adopté en Top 14 ? Crédit photo (All Blacks)
Cette Coupe du monde a été riche en émotions, mais également en contestations vis-à-vis de l'arbitrage. Arbitre respecté en Top 14, Mathieu Raynal a répondu à quelques interrogations.

Le bunker, utile ?

Personnage (presque) principal de cette Coupe du monde en France, le système du bunker a soulevé bons nombres d'interrogations. Pour rappel, ceci permet de ne pas stopper le jeu durant de longues minutes lors d'une action illégale, et de sanctionner le joueur fautif d'un carton jaune. En croisant les bras après ce premier carton, l'arbitre signifie donc que le processus du bunker doit être activé, et que l'action doit être revue par le TMO (arbitre vidéo), pour délibérer d'une sanction finale. 

Utilisé lors de chacune des rencontres du mondial, ce nouveau système n'a pas été apprécié par tous. En effet, il a souvent été reproché au bunker que la décision d'un éventuel carton rouge soit entre les mains d'une seule et unique personne, indépendante à la rencontre. Néanmoins, cette phase de jeu a aussi permis de gagner du temps, et de rendre les matchs plus dynamiques. 

Interrogé par le Midi Olympique au sujet de l'arbitrage dans cette Coupe du monde, Mathieu Raynal est revenu sur l'efficacité de ce procédé : "Il serait intéressant de savoir combien de temps de jeu le bunker a fait gagner sur cette Coupe du monde par rapport à des appels vidéos classiques. Frustrant personnellement non parce que je souhaite uniquement le bien de notre sport. Mais je dois reconnaître qu’avant, on prenait des décisions sur le terrain, on discutait en équipe de 4 et les téléspectateurs pouvaient suivre ce cheminement. Ils n’étaient pas forcément d’accord avec la décision finale, mais comprenaient pourquoi elle était prise parce qu’elle était justifiée avec l’appui des images. On avait l’avantage de l’explication."

"Désormais le bunker revient avec une décision et on explique aux capitaines sans mettre de mots sur les images. C’est une différence qui me semble importante parce qu’on n’utilise plus la puissance de l’image pour argumenter la décision."

Bientôt en Top 14 ?

Si cette nouvelle technologie n'a pas convaincu l'ensemble des supporters et des instances dirigeantes du rugby mondial, la question est dorénavant de savoir si elle sera introduite en Top 14 ?  Dans notre championnat, il est vrai que certaines décisions peuvent prendre un certain temps, et coupent alors le match pendant une longue période. Néanmoins, les micros des arbitres permettent aux téléspectateurs et aux commentateurs d'avoir un suivi. 

Mathieu Raynal a répondu à cette question : "Je ne pense pas que nous ayons les moyens humains ou financiers de le mettre en place. Une Coupe du monde, c'est 48 matchs qui ne se superposent pas. Le Top 14 et la Pro D2, c’est plus de 420 matchs dont certains se jouent en même temps. Personnellement je trouve que c’est très bien comme c’est à l’heure actuelle."

Inquiet pour l'avenir du rugby 

Si cette Coupe du monde a été l'une des plus frustrantes de l'histoire du XV de France sur le plan sportif, cette déception a également été synonyme de vague de haine sur les réseaux sociaux. Des menaces de mort envers des arbitres et un lynchage public n'ont pas fait honneur aux valeurs de ce sport. 

Pour Raynal, qui exerce depuis une bonne décennie, ces dérapages sont inquiétants pour l'avenir : "Le rugby est un sport qui véhicule de vraies valeurs. Les entreprises aiment s’attacher à l’image du rugby pour ça. Et ce qui fait que notre sport est si spécial doit être cultivé et protégé avec la plus grande attention. Si on abîme ça, on sciera la branche sur laquelle nous sommes tous assis."

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Devant ces questions sur l'arbitrage, la fédération pourrait mener une grande enquête auprès des arbitres pour faire remonter les décisions ou interprétations d'arbitrage qui gênent le plus chaque arbitre lors d'un match. Il me semble que le résultat permettrait de réfléchir et d'agir sur la règle afin de donner plus de clarté, de cohérence et de compréhension des décisions prises. Être arbitre aujourd'hui ... il faut de la passion et du courage.

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