On le sait, beaucoup de rugbymen aiment les jeux vidéos. Et particulièrement ceux de football comme la série des FIFA ou encore les jeux de tir (appelés FPS) comme Call of Duty. En général, ils jouent tranquillement chez eux bien assis dans leur canapé. Mais certains ont choisi de montrer leur skills, comprenez leurs talents, en ligne via une plateforme appelée Twitch. C'est notamment le cas de Damian Penaud, que vous pouvez voir sur Warzone pour les connaisseurs. Mais aussi de Marco Tauleigne. L'ancien joueur de l'UBB, désormais à Montpellier, est ce qu'on appelle un "streameur". C'est-à-dire qu'il propose du contenu en ligne à sa communauté plusieurs fois par semaine devant une caméra. S'il fait ça avant tout pour le plaisir, il a pris le streaming au sérieux afin de proposer des lives de qualité à ceux qui le suivent. Une manière pour lui de penser à autre chose qu'au rugby et de rencontrer des personnes qui ne gravitent pas forcément autour de l'ovalie.
Qu’est-ce qui t’a amené à commencer le streaming ?
À l’époque de Fortnite, il y a quatre ou cinq ans, je regardais des streameurs sur Youtube. Et je me disais “pourquoi toi tu ne le fais pas ?”. Mais je ne me suis pas vraiment lancé, car là où j’habitais avant je n’avais pas la fibre. Quand j’ai eu une assez bonne connexion, je m’y suis mis petit à petit. D’abord sur Youtube mais de manière assez discrète. Je faisais ça dans mon coin. J’osais pas trop le faire. Je ne voulais pas trop me faire chambrer. Je me faisais un peu petit par rapport à ça. Je voulais surtout que ce soit ludique. Je connaissais Twitch mais je n’y allais pas car je trouvais que la plateforme était très compliquée à gérer. Sur Youtube, je lançais le live en deux clics. Je faisais ça pour m’amuser et amuser les copains qui jouaient.
Dès que j’ai voulu m’y mettre un peu plus sérieusement, je me suis tourné vers Twitch. Je me régalais au début à découvrir la manière dont on met en place un live avec les scènes, les sources, etc, à créer mes propres cadres de caméra. C’était vraiment du vite fait, mais ça me plaisait de m’en occuper. J’ai pas mal regardé de tutos pour avoir des bases parce que quand je lançais mes premiers lives, j’étais sur console avec la caméra de la Playstation 4. Mais j’ai eu envie d’améliorer ce que je proposais. Alors je suis passé sur un ordinateur de bureau avec une caméra, un deuxième écran, etc. J’avais envie que ce soit plus pro.
Est-ce que le streaming est un passe-temps ou une passion ?
Un peu des deux. Je le prends plutôt comme un passe-temps, quelque chose de ludique. Les abonnements et l’argent des dons, je ne le garde pas pour moi. Je fais des cadeaux que je fais gagner à mes abonnés. Je n’ai pas envie de me faire de l’argent par Twitch. J’ai envie de grandir sur la plateforme, mais pas pour la notoriété mais parce que ce que je propose est bien et plaît. J’ai la chance d’avoir un salaire à côté. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde sur Twitch. Mais j’ai quand même envie que se soit carré avec notamment un planning régulier pour pourquoi pas continuer après le rugby si ça fonctionne. Pas forcément à temps plein mais à côté de mon futur métier, car c’est quelque chose que j’aime faire.
Qu’est-ce qui te plaît dans le streaming ?
J’aime échanger et déconner avec des personnes. Certaines qui sont là régulièrement et avec qui on discute et on échange ne savent même pas que je suis rugbyman professionnel. Et puis elles finissent par l’apprendre. Le stream et les jeux vidéo, ça me sort quelque part de ma routine du rugby, et de tout le temps parler rugby, vivre rugby. C’est un petit peu une échappatoire car ça me fait aussi rencontrer du monde hors rugby. On parle aussi rugby pendant les streams, et c’est top. Mais si on parlait rugby pendant trois heures en live, je serais content de répondre, mais ça m’ennuierait un peu quand même.
Comment est-ce que tu combines ton activité de streameur avec ta vie personnelle et professionnelle ?
C’est pas simple car ça prend beaucoup de temps, surtout que j’ai un enfant et une compagne. Donc, il faut s’organiser en prévoyant à l’avance quand je suis en live et quand on a du temps pour nous. Ça lui convient et ça me convient aussi, car ça lui permet aussi d'avoir ces moments à elle le soir quand je stream. Elle m’aide également à prendre des décisions par rapport au contenu que je propose. J’aime l’équilibre que je commence à avoir. Même si après le rugby et ma vie de papa, je n’ai parfois plus trop de temps pour gérer les problèmes liés au stream. C’est parfois fatiguant, mais j’aime les gens avec qui je partage ça.
As-tu une pièce dédiée au streaming dans ta maison ?
Oui, j’ai un endroit uniquement à moi avec mes deux ordinateurs, les trois écrans, le fond vert. J’ai la chance d’avoir un salaire avec le rugby qui me permet de pouvoir investir et proposer quelque chose de qualité. Du coup, j’ai fait des investissements dans ce sens afin que les gens aient envie de rester et de communiquer. Je me suis fait un petit décor avec mon logo, etc. C’est une personne que j’ai rencontrée sur le live, qui s’appelle Julien, qui m’a aidé à ce niveau d’ailleurs. Il s’occupe de la page des Espoirs de l’UBB et il est graphiste. Sans que je lui demande quelque chose, il m’a dit qu’il voulait m’accompagner dans ma démarche. Je voulais que ce soit vraiment dissocié du rugby, qu’il n’y ait pas mes initiales dans le logo comme on peut le voir chez d’autres sportifs. Comme on me compare parfois à un ours, on a commencé à bosser dans ce sens. Il m’a envoyé des visuels avec des têtes d’ours, etc. C’est lui qui a commencé à habiller ma chaîne. Il ne voulait pas que je le paye alors je lui avais offert un maillot dédicacé de l’UBB. C’est ce que j’aime aussi dans le streaming. Ce côté entre-aide. J’avais des problèmes de son par exemple alors des mecs m’ont proposé leur aide directement.
Tu as été blessé pendant plusieurs mois. Est-ce que le stream t’a aidé à mieux gérer cette période sans jouer ?
Quand je me suis blessé à la cheville l’an-passé, et que j’avais beaucoup de temps, c’est là où j’ai pu faire pas mal de lives. J’ai rencontré d’autres streameurs, des joueurs, etc, et c’est ce qui m’a donné envie de continuer, de partager. Quand je me suis blessé, je me suis fait opérer et ma saison était terminée. Je n’ai pas pu rejouer avec l’UBB. Ma copine a vu que j’étais dégoûté, mais elle a cette philosophie de dire que s’il m’est arrivé ça, c'est qu’il y a une raison et que ça pouvait me permettre de lancer la dynamique sur Twitch.
Est-ce que tes coéquipiers à Montpellier sont au courant de ta deuxième vie en ligne ?
Oui ils sont au courant. Quand je suis arrivé à Montpellier cette année, j’ai fait une présentation où j’ai parlé rugby, de ma famille et du fait que je streamais. J’ai parlé du fait que j’avais eu la chance de faire des parties avec des sportifs connus comme Gaël Monfils et des gros streameurs. Ceux qui ne savaient pas l’ont appris à ce moment-là. D’autres le savaient déjà un peu car ils suivent des streameurs avec qui j’ai pu jouer. Je suis un peu le geek du groupe mais ça me convient d’avoir ce statut-là. Il y a en qui chambre, mais on en discute aussi. Même si c’était méchant, je m’en ficherais un peu car je prends plaisir à le faire. Il n'y a rien de ridicule à vouloir tester quelque chose et y prendre du plaisir.
Un mot sur ton arrivée au MHR. Quels sont tes objectifs avec ton nouveau club ?
(l’interview a été réalisée avant le match face au LOU le 30 octobre lors de la 9e journée)
C’est un nouveau challenge. J’ai eu quelques pépins physiques, rien de méchant, mais ça t’éloigne quand même des terrains. Donc j’ai hâte de pouvoir enfin lancer ma saison, de pouvoir porter le maillot de Montpellier à plusieurs reprises. J’espère être épargné par les blessures.
Math yeux Jah l’ibère
Tauleigne, quelle déception que son départ…