Yohan Orabé, voilà un nom qu'il faudra peut-être retenir dans les années à venir. Lui ? Il joue arrière à Mauléon (Fédérale 1), est l'un des meilleurs marqueurs du championnat à seulement 19 ans (il soufflera sa 20ᵉ bougie à la fin du mois de mai) et rejoindra l'Aviron Bayonnais la saison prochaine. Habitant Chéraute, en Soule, à quelques minutes de Mauléon, le jeune joueur né à Saint Palais et qui s'est lancé dans le rugby petit, dans l'unique but de rejoindre ses copains, a pris part à 24 rencontres cette saison, dont 22 en tant que titulaire. Il revient sur son brillant exercice avec le SAM mais surtout, sur la suite de sa carrière sur les bords de la Nive. Tout en humilité.
RUGBY. Fédérale 1. Les résultats des 8es de finale et des barrages pour la Nationale 2
Bonjour Yohan, avant toute chose, peux-tu nous raconter ton parcours depuis tes débuts jusqu'à aujourd'hui ?
Je suis né en Soule donc j'ai commencé le rugby à Mauléon entre mes 6 et 7 ans. Depuis, je n'ai pas quitté ce club. J'ai fait toutes les catégories, de l'école de rugby en passant par les cadets puis les juniors. Depuis l'année dernière, je suis rentré dans le groupe séniors. Mais il y a eu le Covid qui a arrêté la saison. J'avais fait 2-3 matchs en première après quelques rencontres en espoirs en début d'année. Et là, depuis cette saison, qui est désormais terminée, je joue en première.
À bientôt 20 ans, tu sors d'une saison pleine avec Mauléon, ton club de toujours. C'est une fierté ?
Oui bien sûr. Évidemment, tout petit, j'allais voir les matchs au stade avec mes parents, mes copains, etc. Forcément, c'était quelque chose d'inespéré de jouer en première comme ça, sur toute une année et toujours avec mes copains. C'était vraiment un aboutissement. Malgré le fait que l'année dernière, j'ai fait quelques matchs en première, je voulais tout de même rester pour pouvoir terminer ce que j'avais commencé avec Mauléon et concrétiser cela avec une année complète et une belle saison, comme on l'a fait là.
Tu viens de dire que tu as souhaité rester à Mauléon un an de plus. Tu avais donc déjà des contacts l'an dernier avec des formations évoluant plus haut ?
Oui, j'avais eu quelques coups de téléphones avec certains clubs. Mais rien de plus. On avait seulement discuté. Je leur avais clairement dit que dans mon parcours, il était mieux pour moi de faire une année complète en Fédérale 1. D'autant plus que le niveau est très bon, aussi bien dans la division qu'à Mauléon.
Tu as marqué 12 essais cette saison, ce qui fait de toi l'un des meilleurs marqueurs de la région.
Je pense que c'est surtout un bonus. Franchement, durant la saison, je n'étais pas en train de regarder combien d'essais j'avais marqué, etc. Ou à calculer mon nombre de points. Je ne suis pas du genre à faire ça. Après quand on regarde la fin de saison, et qu'on voit qu'on a marqué 12 essais, oui ça fait plaisir. Même si, mes essais ne sont pas des essais individuels, où j'ai fait des actions tout seul. Pour moi, ce n'est pas très représentatif même si ça fait plaisir. Ce sont des essais plutôt collectifs.
Ce week-end, vous jouiez contre Limoges en barrage, pour accéder à la Nationale 2. Vous vous faites éliminer à la dernière seconde sur une pénalité (victoire 20-6 à l'aller, défaite 27-13 au retour NDLR). Est-ce avant tout une grande frustration, ou une fierté d'être arrivé à ce niveau ?
C'est un peu des deux. Premièrement, c'était déjà une grande surprise que l'on se qualifie à la fin de la saison régulière, durant laquelle on a bataillé, on a vécu des moments difficiles. Finalement, on arrive à se qualifier au dernier moment avec cette place-là qui nous permet de décrocher un barrage. Donc, on joue contre Limoges. On savait qu'on allait vivre quelque chose d'exceptionnel. Comme on l'a fait tout au long de la saison, on a bien joué lors du match aller. Ce qui nous a permis de pouvoir espérer monter en Nationale 2, même si on ne savait pas ce qu'on allait faire l'année prochaine, en fonction des moyens du club. C'était une aventure humaine incroyable. Comme je l'ai dit, on joue bien lors du match aller. On mène de 14 points, avec un bonus. Évidemment, on ne se voyait pas gagner là-bas. On y allait pour jouer, on ne prenait pas en compte les calculs, les bonus, les points terrains, etc. Mais voilà, Limoges a fait une grosse partie, et de notre côté, on a été un peu décevant. Je pense qu'il y avait beaucoup de pression. On a aussi joué dans un stade assez impressionnant pour nous. Donc, voilà, il y a eu beaucoup de pression et il y a plusieurs choses qui ont fait que cela a basculé en leur faveur. Ça bascule à la dernière minute, ça aurait pu être la même chose pour nous. Donc oui, un peu de frustration après le match mais franchement, on est fiers de nous. Fiers, d'avoir fait cette saison-là. Notre objectif était de pouvoir espérer jouer un barrage. Au vu de la saison qu'on a fait, avec tous les bas qu'il y a eu, être arrivé là et avoir pu titiller une équipe comme Limoges, où on perd de trois points au final, c'est vraiment une fierté et un aboutissement.
Dans un rugby qui se professionnalise de plus en plus, et dans une Fédérale 1 qui compte des équipes professionnelles ou semi-professionnelles, comment fait Mauléon pour rivaliser à ce niveau ?
C'est vrai qu'à Mauléon, nous sommes un peu restés dans un rugby de ''village'' comme on l'appelle. Chez nous, tout le monde travaille la semaine et vient s'entraîner le soir. On s'entraîne le mercredi et le vendredi. Il n'y a pas de contrats ou quoi que ce soit. On est un club où il y a pas mal de joueurs du coin, qui sont issus de la formation, ce qui peut expliquer qu'on arrive à rivaliser. On se connaît depuis longtemps, les uns comme les autres et donc parfaitement. On passe des super moments. Et je pense que cela nous aide dans les performances que l'on fait les week-ends. Je pense que c'est cette solidarité qu'ont les joueurs. Mais je pense aussi au public, qui à Mauléon, est exceptionnel. Cela nous pousse à faire des bons matchs et à toujours nous dépasser les week-ends.
Tu joueras à Bayonne la saison prochaine et tu vas donc connaître le rugby professionnel. L'Aviron, cela représente quoi pour toi ?
Rejoindre Bayonne, c'était quelque chose que je n'envisageais pas du tout. C'est arrivé à la mi-saison. J'ai été voir quelques clubs et j'ai pris la décision de rejoindre l'Aviron. On m'aurait dit ça quand j'étais petit, je n'y aurais pas cru. Pour moi le rugby reste un loisir, s'amuser avec les copains. Je suis très content, même si je sais que le plus dur reste à venir. J'espère que ça se passera bien dans mon futur à Bayonne.
C'était une volonté de ta part de rester dans la région ?
Ça a été un peu compliqué de gérer tout ça. J'ai eu plusieurs coups de fils, donc ça a été un peu chaud (sic) durant la saison. Je cogitais beaucoup par rapport à ça. Et après, au-delà du rugby, ce que je compte faire, c'est continuer les études à tout prix. Le rugby, c'est bien et ce serait vraiment incroyable de pouvoir en vivre. Mais je ne me fais pas non plus d'illusions. Évidemment que je vais tout donner, mais il faut que j'ai quelque chose à côté pour me rattraper. Et je sais qu'à côté de Bayonne, à Anglet plus précisément, il y a une école dans ma filière dans le BTP. À Anglet, ils proposent cette formation-là qui pourrait me permettre de réussir mon projet professionnel. C'était donc un choix à double projet. Un projet scolaire et un projet sportif parce que je ne voulais vraiment pas lâcher les études même si je rejoignais l'Aviron.
Quelles sont tes ambitions pour la saison prochaine avec Bayonne ?
J'arrive dans un milieu que je ne connais pas du tout. J'ai toujours joué à Mauléon. Même les sélections, je n'ai pas fait de choses comme ça, donc je ne connais pas beaucoup de monde à Bayonne. J'essaierai de gravir les échelons petit à petit et après pourquoi pas essayer de jouer (en pro NDLR). Mais tout cela passe avant tout par un gros travail de ma part et essayer de tout donner aux entraînements et durant la préparation pour être prêt. Je ne sais pas comment sera l'environnement car je ne connais pas. J'avoue que j'appréhende un peu même si je sais qu'au final je vais m'éclater et vivre une aventure exceptionnelle. J'appréhende donc un peu et je ne sais pas du tout. Je signe là-bas avec un contrat espoir.
Récemment, on a vu Camille Lopez, qui est sorti de Mauléon, n'est pas passé par le parcours ''classique'' et a eu une superbe carrière. Cela doit t'inspirer ?
Franchement oui. Camille, nos familles respectives se connaissent. Il est de Chéraute et moi aussi. Même lorsqu'il a appris que j'étais contacté par certains clubs, il n'a pas hésité à m'appeler ainsi qu'à mon entourage pour me demander si j'avais besoin de conseils. Je l'en remercie encore. Oui, évidemment, c'est une source d'inspiration car au vu de sa carrière, il a fait quelque chose de magnifique. C'est quelqu'un sur qui je pourrai compter je pense la saison prochaine. Il est de chez moi et on se connaît.
Pro D2. Bayonne. Camille Lopez rejoindra bien l'Aviron Bayonnais la saison prochaine !
Camille Lopez rejoint justement Bayonne la saison prochaine. Est-ce que ce fut un argument supplémentaire dans ta prise de décision ?
J'avoue que je ne savais pas qu'il allait signer à Bayonne quand j'ai pris ma décision. Mais évidemment, quand je l'ai appris, j'étais ravi d'apprendre sa venue à l'Aviron.
fdu
Et juste pour savoir, à quel poste il joue?
duodumat
Quitter la Soule pour le Labourd c'est changer de région, non ?
Nicolas Sans Chaise
L'école de BTP d'Anglet est une école d'ingénieur. Ce genre de double parcours est vraiment de plus en plus rare dans le rugby pro car les deux parcours demandent énormément d'investissement. Tous mes vœux de réussite Yohan
Petit Busy
Sans vouloir discréditer le commentaire précédent, il y a aussi les BTS (Bac +2) Bâtiment et consorts au lycée Cantau à Anglet. Cela demande du coup beaucoup moins d'investissement 😉
Mais c'est beau de faire les deux quand même !
Lou Bestialou
"Natif de Chéraute, en Soule, à quelques minutes de Mauléon, le jeune joueur né à Saint Palais"... Du coup il est sûrement très fort en effet, et rapide, puisque né à 2 endroits en même temps !
Pianto
La formulation est maladroite mais c'est à dire qu'il n'y a pas de maternité à Cheraute...
Chéraute qui se situe à moins de quelques minutes de Mauléon puisque les panneaux des deux "villes" sont sur les mêmes poteaux.
D'ailleurs je me demande si le SA Mauléon ne joue pas à Chéraute.